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  • La nuit, tous les débiles sont gris
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    La nuit, tous les débiles sont gris


    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/

    Peu de choses étaient parvenues à motiver Raol ces dernières semaines. Iel ne comptait plus les heures qu’iel avait passé à rester à comater dans son lit au lieu de se lever, se portant parfois pâle pour ne pas aller à la boutique et simplement essayer d’avancer son ouvrage chez ellui. Lorsque la grenouille trouvait la force de se traîner jusqu’au magasin, iel restait généralement dans l’arrière boutique pour faire du rangement, des inventaires, quelques charmes, évitant de trop interagir avec Melchior qui ne voulait pas plus lui causer de toute manière. Cette coupure que le gobelin avait initié avait été la goutte de trop pour lea Zeteki. Iel avait juste lâché l’affaire, après le dernier mois. Ce n’était pas la première fois, à vrai dire, que Raol se retrouvait dans une de ces périodes de « rien », ces périodes où le moindre stimulis, la moindre pensée semble peser une tonne. Les rares chose qui lea motivent en temps normal lui semblaient des corvées qu’iel n’avait pas la force de réaliser. D’ailleurs, certains jours, rien que le fait d’être là, d’exister, de sentir son corps ou penser devenait une corvée. Tout était fade, gris, rien ne parvenait à lea stimuler ou à lui procurer le moindre plaisir qui lui aurait redonné goût à repartir.

    Aussi étrange que cela lui paraissait avec le recul, la seule chose qu’iel avait continué à faire avec un peu de sérieux était d’aller voir Basmath pour leurs entraînements. Ce n’était pas glorieux, vu le peu de force qui lui restait, son corps agissait plus machinalement qu’autre chose mais… cela lui donnait encore un peu l’impression d’être quelque part. Qu’iel avait encore un corps, qu’iel pouvait au moins contrôler ça. Du reste… tout était trop embrouillé. Ses pensées étaient au point mort, s’en allaient souvent vers une envie pure et simple de disparaître et de se punir d’être si pathétiquen. Iel l’avait bien cherché. Raol se persuadait chaque jour que de toute manière, qu’iel soit là où non, ça ne changerait rien pour personne. Melchior n’avait pas besoin d’ellui à la boutique et ne voulait plus lea voir, Ziyal était dans un état semblable au sien, ne posait pas de questions et c’est à peine s’iels s’adressaient la parole, Natsume avait clairement autre chose à faire, Basmath avait peut-être des interrogations mais Raol ne voulait pas les entendre.

    Et puis… il n’y avait personne d’autre, finalement. Quoique. Raol mentirait si ces derniers jours, ses pensées n’avaient pas divagué vers ce qui s’était passé le dernier jour de la foire. Cette drôle de soirée ou tout lui avait explosé à la figure à juste raison. La fatigue de la foire et le fait de subir un retour de flamme avait été la goutte de trop. Raol ne pouvait s’empêcher de relever la présence de Gabryel-- du général qui était là à deux reprises et… disons qu’en passant du temps uniquement dans sa tête en ruminant certains évènements encore et encore, au bout d’un moment, on finit par voir les choses d’un autre œil et à céder devant quelques réalisations qu’on acceptait pas jusque là. Si, à plusieurs reprises, le général lui avait dit ne pas lui avoir tendu la main par intérêt, alors, Raol s’était mis.e à envisager que peut-être, ce type avait la capacité d’être sincère. Mais, pourquoi lui aurait voulu faire ça ? Avoir des réactions humaines envers la détresse d’une autre personne ? Iel ne pouvait le concevoir. Pas de la part d’un caldissien, pas de sa part à lui. Par pour quelqu’un comme ellui.

    Il se foutait bien de ma gueule.  « Te suicides pas foutue grenouille », hein. Ça l’aurait probablement pas dérangé. Je vois pas qui ça aurait pu déranger.

    De toute façon, toutes les questionnements relatifs aux mains qui lui avaient été tendues et sur lesquelles il avait craché avec mépris lea terrorisaient. Que ce soit qu’on atteste son existence, qu’on lea traite comme une personne, qu’on lea repousse, qu’on essaie de la comprendre ou pas, Raol était terrorisé. Disparaître ou simplement agresser en boucle, accuser les autres sur la base de leurs origines semblait plus facile. « C’est la faute des étrangers et des militaires, ils méritent mon mépris et la violence », tout était plus facilement explicable comme ça. Plus facile à avaler que « ton problème c’est que tu as peur de changer, peur de te remettre en question, peur d’admettre ton crime, peur des autres et de ce qu’ils pourraient t’offrir ».

    Bref. Cela faisait 2 semaines, peut-être trois, peut-être moins. Ce soir, Raol en avait marre des sensations que se noyer dans son lit ou de tourner en rond physiquement et mentalement lui procurait. Iel parvint à se traîner dehors pendant la nuit, sans aucune idée de l’heure. Assez avancée pour que les rues soient presque désertes par endroits, sans doute.

    La nuit est toujours calme, sombre. Les stimulis sensoriels sont moins brutaux et cela la rend bien plus supportable que le jour. Une très vague impression de sérénité passagère encouragea Raol à marcher sur un itinéraire qu’iel connaissait bien. Iel n’avait même pas besoin de réfléchir.

    Le chemin de la maison.

    C’est drôle, comme la nuit est le lieu de pensées parfois plus lucides comme l’extrême inverse. En se levant et en sentait l’air frais, Raol ressentit, pour la première fois depuis longtemps (du moins, lui semblait-il), quelques sensations agréables qui firent frissonner son échine. L’espace de quelques minutes, les choses ne lui parurent pas aussi pires. Un instant de recul, de perspective, presque de libération. Iel essaya de ne pas penser  au fait que les choses retomberaient sans doute bientôt mais ne pouvait s’empêcher d’être défaitiste.

    Dans tous les cas, ses pas l’avaient conduit tant bien que mal vers le ruine de son ancienne habitation. Pour se recueillir, faire ce devoir de mémoire envers sont parent qu’iel avait pourtant haï sans jamais réussir à lui dire. S’enfoncer peut-être encore plus dans le crâne qu’iel est comme Akiya. Après tout, ses cheveux ont poussé ces derniers mois, Ziyal a encore relevé sa ressemblance avec saon géniteur.ice décédée. Si cela lui fait tant de mal d’entendre ça, alors c’est que ça doit être la vérité. C’est incurable. On ne change pas. C’est héréditaire.

    J’ai pas envie. J’ai pas envie d’être comme Akiya. Mais… Comment est-ce que je peux faire marche arrière, maintenant, de toute façon ?



    Quelle belle idée de merde. Pourquoi venir ici. C’est pire qu’avant, maintenant.


    Quoique, au moins, Raol avait ressenti des choses différentes que du « rien ». Iel espérait presque pouvoir croiser quelqu’un pour se défouler ou juste entendre une autre voix que celles, insupportables, de ses pensées négatives.

    En faisant demi-tour, la grenouille n’avait pas envie de rentrer et s’attarda dans la ville basse puis retourna vers les quartiers eossiens un peu au hasard. Les rues étaient trop calmes. Jusqu’au moment où les sens de l’animorphe s’éveillèrent à des stimulis auditifs inconnus. Des pas pressés, nerveux, proches. Une voix bougonne. Une silhouette de grande taille, bientôt. Cette personne avait l’air de regarder les rues du quartier sans savoir où elle allait. Perdu.e ? Ça en avait tout l’air. L’obscurité fut levée l’espace de quelques secondes quand les nuages s’écartèrent et que la lumière lunaire illumina la rue seulement éclairée par quelques torches qui ne s’étaient pas éteintes. La grenouille cligna des yeux et se tendit en reconnaissant cette chevelure de nacre brillante. Iel ne connaît pas beaucoup de gens de cette taille qui en ont une semblable.

    ...Mais qu’est-ce qu’il fout là ?

    L’avantage, c’est que dans son état de fatigue, Raol ne réfléchissait pas quinze fois à chaque action. Aussi, iel s’avança vers le général a l’air paumé, remettant une mèche de ses cheveux mal coiffés qui lui tombaient sur le visage derrière son oreille. Gabryel venait de faire quelques pas en bifurquant dans une nouvelle ruelle et c’est là que Raol décida de l’interpeller.

    « C’est une impasse, cette rue. »

    ...Quoi « même pas un bonjour » ? Mais c’est la nuit ! Je ne vais pas dire « bonsoir » non plus. Pourquoi pas « belle nuit », pendant qu’on y est ?! Ce serait la meilleure !

    La grenouille ne pouvait nier que l’idée de voir le général dans les quartiers éossiens ne lui plaisait guère. A cette heure-là, les gradés ne s’embêtent pas à faire des patrouilles pourtant. Mais lea Zeteki ne peut pas s’empêcher de se dire que l’autre est là pour surveiller ou… bref, iel n’en sait rien et ne veut pas savoir, pour une fois. Après tout, iel n’arrivait jamais à comprendre le raisonnement de l’autre empaffé aux cheveux clairs et ne lui prêtait que des mauvaises intentions alors que… l’autre soir, le contact de ses bras n’était pas désagréable.

    Mais quel rapport ?! Brrrrr !

    « Vous seriez pas perdu, par hasard ? »


    Bah, si, c’est évident. Je pensais que les militaires avaient un meilleur sens de l’orientation ou… j’en sais rien, en fait.


    « Vous cherchez quoi ? »

    Sur le moment, Raol ne se rendit pas compte que sa question pouvait avoir un double sens qui sonnait assurément méfiant, peut-être accusateur. Iel entendait juste ça au sens littéral, géographique, pourtant, à la base, mais… les mots choisis trahissent souvent quelque pensées inconscientes. Raol aimerait bien, avoir la tête à « chercher » quelque chose, aussi. Au moins, quand on, cherche, c’est qu’il y a toujours moyen de trouver des réponses, quelque part.

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +

    Un sentiment d'ennui profond semblait ronger Gabryel. Ils étaient devenus rares les soirs où Klaus ne lui rendait pas visite, alors inévitablement à force d'habituer l'enfant gâté à avoir ce qu'il veut, il n'est pas content lorsqu'il ne l'a pas. Allongé sur un matelas bien trop grand pour un Homme seul, il fixait son plafond, l'air ailleurs. Il s'était forcé à ne plus penser à ce maudit soir où il avait laissé ses propres sentiments contrôler son corps, mais il avait bien du mal à ne plus y songer lorsque personne n'est à ses côtés pour le faire divaguer. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était plus rendu compte qu'il avait en réalité besoin des autres pour ne pas sombrer lui-même. Malgré tous les efforts qu'il faisait pour ne plus se remémorer cette nuit censée être festive, il n'y arrivait pas. Il se rappelait la façon lamentable dont il s'était laissé aller. Il en avait bien honte et ne comprenait nullement que ce n'était qu'une façon normale de réagir. Avalant difficilement sa salive, la gorge sèche, il se revoyait humidifier de ses pathétiques larmes l'épaule du magimorphe avec qui il partageait dorénavant trop de choses à son goût. Sous le coup, il s'était persuadé que s'il avait craqué ce n'était que dans le seul et unique but de calmer et manipuler plus aisément le diplomate au teint basané, mais au fond de lui il savait que ça n'était absolument pas cela. Il se refusait à avouer qu'il était au bord de gouffre. Il ne voulait demander de l'aide à personne. Il estimait après tout ne pas en avoir besoin. Qui d'autre que lui-même pourrait le sortir du précipice ? Un alliage délicat de narcissisme et de méfiance extrême le poussait à nourrir cette crainte démente de confier son coeur à quiconque. Pourtant, il lui arrivait parfois d'avoir l'étrange sensation que Niklaus pourrait lui offrir ce repos qu'il disait tant mériter, néanmoins il ne voulait guère tenter le diable et préférait tourner le dos à une âme plus ou moins charitable. Il avait ses défauts, le cerbère, mais il n'avait pas mauvais fond, Gaby le savait. Mais ce n'était pas une raison suffisante à ses yeux pour le laisser en savoir d'avantages.

    Enfin, s'il n'y avait que cela, sans doute le poids à supporter serait moins incommodent. Il y avait aussi cette satanée grenouille. Il grinçait des dents rien qu'à y penser. Il aimait lorsqu'on lui résistait et honnêtement il s'était bien amusé lors de leurs premières rencontres. Les taquineries, les échanges d'insultes, c'était basique mais tout à fait plaisant. Gabryel a toujours aimé que l'on lui résiste, alors évidement il ne pouvait que rire face à quelqu'un de la trempe de Raol. C'était cependant ce qu'il pensait avant de se confronter à une partie de l'éossien.nne qu'il n'avait clairement pas apprécié. Son ego avait été touché -et Omnis sait à quel point son égocentrisme était aussi envahissant que sensible-, il s'était sentit vexé et cela n'avait plus été le cas depuis un moment. Il avait du mal à saisir comment quelqu'un d'aussi insignifiant que ce.tte joaillier.ère a bien pu lui faire ressentir un sentiment aussi inexplicable. Iel lui en avait fait voir de toutes les couleurs et il y a bien des moments où le général ne savait clairement plus sur quel pied danser avec ellui. Il n'avait pas l'habitude de ça. Tout lui avait toujours été donné si facilement, alors pourquoi cela ne fonctionnait pas face à un.e natif.ve ? Tantôt lea Zeteki faisait preuve de sarcasme, tantôt iel pleurait blottit contre ses bras et parfois iel crachait des répliques cinglantes dont le militaire avait encore du mal à saisir le sens. A son sens, lea vendeur.euse de pierres faisait preuve d'une immaturité exceptionnelle saupoudrée d'un drap de mauvaise foie qui donnait la gerbe au noble que le Venomania est. Encore là, ce n'était que sa vision de voir les choses et il avait sans doute des choses à se reprocher -car il n'est pas tout blanc-, mais il était certain que toute la faute n'allait que sur Raol. Il se dédouanait entièrement de toutes responsabilités. Serrant le tissu immaculé lui servant de couverture entre ses doigts, il se décida finalement à se lever puisque le sommeil ne semblait pas être prêt à le kidnapper.

    Le plancher grinça sous le poids de ses pieds tandis qu'il quittait son lit, s'étirant longuement par la même occasion. Jetant un rapide regard vers les fenêtres transparentes lui donnant un aperçu sur un amas d'arbres plus loin, il constata aux mouvements des feuilles qu'aucune bourrasque ne devait souffler sur Yggdrasil ce soir-là. S'habillant sobrement, il ne prit aucunement la peine de revêtir les couleurs de son royaume, déjà bien fatigué de les porter la journée. Traversant silencieusement sa demeure peu éclairée, il tâtonna aléatoirement les murs jusqu'à arriver à l'entrée de la maison lui servant de domicile. Pivotant légèrement son buste en entendant le bruit distinctif des griffes d'un prédateur sur le sol, il sourit doucement à Bjorn avant de lui indiquer d'une voix calme d'aller se reposer. Il avait déjà bien travaillé ces derniers temps, il méritait lui aussi de dormir un peu. Ouvrant d'un mouvement de poignet sa porte, il savoura un instant la bouffée d'air frais que lui envoya en pleine figure la nature. Tout en faisant un demi-tour sur lui-même pour ne pas laisser un accès libre à ses appartements à n'importe qui. En s'engouffrant un peu dans les rues désertiques de la Ville-Haute, il se rendit d'autant plus compte que personne ne semblait vivre la nuit. Et contrairement à ce qu'il aurait pensé, cela n'était guère mieux une fois arrivé à la Ville-Basse. Malgré le fait qu'il n'y ai plus de couvre feu empêchant les sorties nocturnes, il n'y avait pas ou en tout cas peu de population. Quelle heure est-il, au juste ? Perdu dans ses pensées, il errait à travers les avenues et avançait un peu à l'aveuglette, pas certain d'où il pouvait bien mettre les pieds. Mises à part quelques torches encore allumées dans les tavernes et le clair de lune, il n'y avait aucune source de lumière directe, faisant des quartiers de cette ville un véritable labyrinthe. Après tout, cela ne faisait qu'une année qu'il s'était établit ici. Les rues de Caldis lui étaient très familières et il les connaissait presque toutes, puisqu'il y avait grandit. Les mains fourrés dans les poches, il se demandait si certains éossiens avaient aussi ressentit cette étrange sensation de ne plus connaître sa propre citadelle. Comment réagirais-je à leur place ? Tandis qu'il se questionnait sur plusieurs sujets -pas tous très intéressants- il finit par subitement se rendre compte qu'il venait de se perdre. Écarquillant bêtement ses yeux -devenus plus gris puisque la nuit était tombée- il tourna sur lui-même, peu serein. Où avait-il bien pu atterrir, encore ?

    Une voix le tira de sa rêverie. Un timbre qu'il finissait par connaître un peu trop bien. Il n'eu pas spécialement besoin de croiser son regard pour savoir qu'il avait affaire à Raol. Ellui ? Ici ? Ce soir ? Réfléchissant néanmoins à ses propos -puisque après tout iel s'était adressé.e à lui- il fronça les sourcils. Une impasse ? Lui, être perdu ? Il allait rétorquer que ça ne lea concernait pas, mais il fut prit de surprise par le regard que la grenouille posa sur lui. Il se sentait toujours agressé, face à lui. Iel avait cette teinte accusatrice dans les pupilles qui semblait ne jamais lea quitter. C'est quoi son problème sérieux ? Ce qu'il cherchait ? Il avait l'habitude d'avoir une forte patience, Gabryel, alors il n'allait pas s'emporter si tôt, cependant avec ellui ça avait toujours tendance à être différent. Comment a-t-il pu le prendre dans ses bras un soir pour finalement lui tourner le dos quelques temps plus tard ? Pourquoi ce type ne pouvait pas simplement faire comme tout le monde ? Et pourquoi iel me vouvoie encore bordel ? Pendant quelques secondes un étrange silence s'était abattu sur l'endroit et on ne pouvait identifier que les respirations légères des deux individus présents. Le Venomania repeint son visage, affichant encore ce sourire plein d'assurance, et il fit face au plus petit en haussant les épaules, provocateur.

    « Je contemple la vacuité de mon existence, ça se voit non ? »

    Lui empruntant volontairement la phrase qu'iel lui avait déjà dit par le passé -et qu'il avait apparemment mémorisé- il ne s'attendait cependant pas à ce que la grenouille puisse s'en rappeler ou comprendre le fond moqueur. Iel ne semblait pas dans son assiette. Gabryel garda un visage sévère et fermé et finit par rouler des yeux avant d'annoncer, un peu plus bas.

    « Oui, je suis perdu, qu'est-ce-que tu crois que je peux bien faire ici à part me perdre... »

    Sa langue claqua nerveusement contre son palais tandis qu'il dévia son regard, refusant de lea regarder droit dans les yeux. Soufflant du nez, il se massa l'arête du nez du bout de ses index avant de croiser ses bras sur sa poitrine.

    « Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? T'as jamais vu quelqu'un de perdu ? Ça va, j'viens pas patrouiller hein... Si t'as quelque chose à te reprocher ça sera pour un autre jour. »

    J'ai pas un sens si médiocre de l'orientation... il fait juste sombre, c'tout.
    kyro. 017 ldd

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    La nuit, tous les débiles sont gris


    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/

    Lorsque l’autre lui répondit, Raol eut l’impression que cela faisait longtemps qu’iel n’avait pas entendu une voix « humaine ». Dans le sens ou cette fois, iel parvenait à écouter, entendre ce qu’on lui disait. Aussi étrange que cela puisse paraître, la grenouille avait l’impression que derrière ces paroles tranchantes, quelque chose se produisait. Un échange. Des propos piquants qui lui faisaient l’effet d’un electrochoc. C’est fou, la manière dont l’attention négative lea galvanise plus que toute autre forme d’affection sincère. Comme cela lui donne l’impression que c’est peut-être de ça qu’iel a besoin pour se sentir un peu vivre, se donner l’impression d’avoir une personnalité, une existence qui affecte un tant soit peu quelqu’un d’autre.

    Si cela lea rendait important.e pour quelqu’un… ? Non, probablement pas. Ce genre de provocation dénué de toute sincérité ne pouvait que lasser sur le long terme. Ce n’était même pas le but de Raol, de se faire des amis. De tisser des liens, d’avoir un échange qui soit « vrai » avec Gabryel ou d’autres persones… non, ça, iel a déjà abandonné. S’iel ne se débarrasse pas de cette idée par quelque pensée condescendante jugeant que les autres ne sont « pas assez interessants », alors la grenouille se juge simplement trop pathétique pour « mériter » les pas qu’on essaie de faire vers ellui.

    Iel l’ont tous regretté. J’ai dégoûté Junya. Melchior a fini par me haïr. Natsume doit bien se ficher de mon existence. Et ce n’est qu’une question de temps avant que Basmath n’abandonne.

    « Tu n’es rien, comparé à moi, à ce que j’ai réalisé pour notre famille. »


    C’est vrai. Pourquoi je me plains, après tout.

    Cette lassitude était bien normale. Raol y était habitué.e. Mais iel tentait quand même de s’accrocher aux gens, à les manipuler à rester à ses côtés pour… pour ne pas se retrouver seul.e avec toutes ces pensées. Ces pensées qui l’incriminent et lui demandent d’assumer les consèquences de ses actes.

    Alors, que Gabryel réponde aussi bêtement et méchamment aux propos de lea Zeteki, cela lui donnait momentanément l’impression qu’on acceptait sa présence, même si c’était pour lea mépriser. Le fait que Gabryel cite directement des mots que Raol lui avait adréssés lea fit tiquer. Oh, iel se souvenait. Iel se souvenait un peu trop bien de cette entrevue à la foire. De l’aide que lui avait offerte le caldissien, de manière apparemment désintéressée. De l’amusement passager qu’iel avait ressenti  avant de décider de se braquer complètement en se rappelant qu’iel était peut-être en voie de sympathiser avec l’ « ennemi ».

    Sympathiser et… et après ? Qu’est-ce que je pensais que… qu’est-ce que lui pensait ?

    Il n’y avait rien à faire, ces questionnement ne lea lâchaient pas. Les réponses, iel ne voulait pas les connaître et en même temps… Raol crevait d’envie d’en savoir plus.

    Mais pour le moment iel ne parvint qu’à rouler des yeux avec une arrogance défensive non dissimulée.

    « Ah, d’accord. »


    Se sentit obligé.e d’ajouter la grenouille au premier dégré, croisant ses bras en fixant son interlocuteur qui avait l’air franchement agacé d’être paumé.

    Oh, j’ai bien des idées quant à votre présence ici autre que « je suis perdu ». Mais bon, apparemment, je serais très vilain de m’imaginer qu’un militaire pourrait faire sa patrouille pour surveiller les méchants éossiens qui se méfient pour rien.

    Sauf que ce n’était visiblement pas ça. Raol ne fit pas part de ses pensées à l’autre car iel aurait tord. Iel ne pouvait qu’être dans sa méfiance mais donnait au Venomania le bénéfice du doute, ce coup-ci.

    Cependant, le militaire n’était pas stupide et avait des yeux et avait bien saisi la permanence accusatrices des questions de la grenouille. Raol ne pouvait même pas nier, qu’iel n’avait pas confiance. Qu’iel avait une fâcheuse tendance à dévisager les gens aussi.

    Raol haussa les épaules, ne trouvant pas grand-chose à répondre aux aboiements du général qui n’avait pas l’air de très bonne humeur. Au moins iels étaient deux.

    Et je n’ai rien à me reprocher… même pas en rêve. Cela n’a rien à voir avec le fait que je suis dehors en pleine nuit, d’ailleurs.

    « Hmph... Le prenez pas comme ça. ’Pouvez pas me reprocher d’être méfiant.e- de trouver ça bizarre, de vous trouver loin de votre palace de la Ville-Haute. »

    Un palace ou quelque soit la nature de la demeure qui devrait pouvoir supporter l’égo d’un type comme lui. Heh. Je me demande l’effet que ça lui fait, tiens, de ne pas se sentir à sa place, pour une fois.

    « Ça fait aussi tâche qu’un eossien qui grimpe chez les « nobles » ces derniers temps. Puis, c’pas pour dire, mais c’est pas si souvent qu’on vous voit, vous et les autres, dans le coin à cette heure là. »

    Et ce n’était même pas tant l’histoire des caldissiens, des altissiens et des militaires en général face aux éossiens. Pour le coup, Raol voulait dire que c’était simplement sa nature et iel ne pouvait pas s’en excuser. Pourtant, quand sa « nature » lui faisait rejeter des personnes de la plus violente des façon, iel le devrait, présenter des excuses, un jour. Notamment à son interlocuteur actuel. Mais non. Iel ne cherchait même pas à rabaisser l’autre sur le moment, mais ses paroles vides, prononcées, si platement, n’en demeuraient pas moins exaspérantes. Puis, le terme « noble » continuait de lea faire tiquer. Iel le détestait. Ne comprenait toujours pas l’utilité d’une autre classe sociale, à part pour que certains se croient au-dessus des autres.

    Tsss... comment osent-ils légaliser un statut pour se sentir supérieur quand moi, je dois me faire détester par tout le monde pour avoir cette sensation ?!

    Ses yeux quittèrent le général pour aller observer le décor végétal des quartiers éossiens. La proximité des racines avait toujours été rassurante pour Raol. La végétation luxuriante aussi.

    « C’est les racines, c’est trompeur quand on ne connaît pas le coin. Normalement, on se repère avec les fleurs, mais c’est la nuit. »

    Bah, oui, les fleurs sont fermées, sans lumières, donc-- Mais pourquoi je lui raconte ça, moi ?!

    Son ton n’était même pas accusateur ou hautain, simplement plat, descriptif, légèrement blasé, comme celui d’un prof soporifique qui récite une leçon.

    « Bon, bref. Z’allez où ? »

    Quoi ? Si je lui montre le chemin il sera plus vite parti. C’est tout. Rien de plus.

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +

    Un nuage s'était immiscé face à la lune, brouillant ainsi un peu plus la vue des deux interlocuteurs. Plissant des yeux pour apercevoir plus aisément les traits fatigués du visage monotone de la grenouille il ne se rendait pas compte qu'il avait -malgré son insupportable sourire- les mêmes cernes et les mêmes airs blasés. Évidement, il réfutait en boucle l'idée de pouvoir ressembler ne serait-ce qu'un tout petit peu à Raol, qu'importe en quoi cela concerne. Passant ses doigts dans sa longue chevelure d'argent, le militaire imita instinctivement l'animorphe lorsque celui-ci roula des yeux. Pourquoi iel ne pouvait-iel pas simplement hausser les épaules et s'en aller ? Cette question qui lui trottait dans la tête était un paradoxe à elle seule. Il estimait ne rien avoir à dire à lea joaillier.ère et en même temps il voulait lui dire tant. Il ne savait pas pourquoi ses pensées s'entrechoquaient. Il avait l'impression que les connexions de son cerveau étaient hasardeuses lorsqu'il s'agissait de lae Zeteki. Tandis que l'autre croisait ses bras en prononçant deux mots, Gaby lui lança un regard tranchant. Suffisait-il réellement d'un "Ah, d'accord." pour lui faire perdre patience ? Non, ce n'était pas ça. C'était plutôt l'insatisfaction de ne pas avoir plus. Qu'iel l'insulte, lui hurle dessus, lui lance des piques, il s'en fichait, mais il voulait quelque chose. Il voulait de la matière. Il voulait quelque chose d'ellui sans qu'il ne sache réellement pour quelles raisons. Le Venomania n'attendait rien de matériel, car il estimait que comme iel le lui avait déjà dit : iel n'a rien à lui donner. Et de toutes façons, il ne souhaitait rien. Il espérait plutôt quelque chose de différent. N'importe quoi ferait l'affaire. Raol est différent.e. C'était un fait. Iel était bien loin de ce à quoi Gabryel avait été habitué.

    Ils se dévisageaient mutuellement, bien que le rictus sur le visage du noble sonnait de façon plus provocatrice et arrogante. L'animorphe haussa les épaules, comme si toute cette mascarade l'ennuyait profondément. En écoutant les paroles du plus jeune, le caldissien leva un sourcil en étouffant un petit rire. Mon palace ? Carrément ? Pas ma faute si t'habites dans une fourrière. Il pensait de façon enfantine et idiote, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Guettant les alentours d'un rapide coup d'oeil pour réagir aux paroles de son interlocuteur.rice lorsqu'iel lui intima le fait que peu des "siens" se rendaient en ces lieux si tard la nuit. Le ton qu'iel employa en pestant le mot "noble" le fit tiquer à nouveau. Pouvait-iel s'empêcher de grogner sur chaque chose ? Ça fait tâche et alors ? J'peux bien me balader. N'aimant guère la façon dont iel avait de s'adresser à lui, il ne le releva cependant pas. Après tout à quoi cela servirait ? Il le lui avait déjà dit et ce n'est certainement pas un monologue qui lea fera changer d'avis ou de façon d'être. Iel est comme iel est. Iel ne changera pas. Oui, il n'en savait rien. Mais il était certain que les gens comme ellui finissaient tous par être seul.es avec une dizaine de chats. Après tout, c'est ce qu'on lui a enseigné. Ne sois pas seul Gabryel, ce n'est pas bon pour l'image. Souris Gabryel, tu paraîtras meilleur. Ne hausse pas la voix Gabryel, il ne faut pas que les autres te croient mauvais. Ne fait pas ci et ça Gabryel, tu ne dois pas être toi, tu dois être ce qu'on attend de toi. Dire qu'il avait eu le culot de demander à Basmath de lui offrir en soutient militaire ce dont il avait besoin et non pas ce qu'il demandait. Il avait dit ça mais il savait qu'il se renfermerait directement si elle venait à discuter un de ses ordres. Il se perdait dans sa propre hypocrisie.

    Raol lui précisa que son égarement était certainement dû aux racines qui épousaient les bâtiments, il était aisé de se perdre lorsqu'on ne connaissait pas l'endroit. L'espace d'un instant, Gaby apprécia cette phrase. C'était tout bête, une information peu utile sûrement, mais il aimait bien quand la grenouille réussissait à canaliser sa colère -même si c'est pour dire des choses comme ça-. Pinçant ses lèvres en répondant un simple "Mmh" positif, il ne prit pas la peine d'en dire plus. Quoi ? J'vais pas non plus faire la conversation sur des fleurs. T'façon elles sont moins belles que dans les jardins de la Ville-Haute, d'abord. L'autre sembla se réveiller un peu et demanda, comme dans un soupir exaspéré, où il pouvait bien aller. Plusieurs options lui étaient venues à la tête. Premièrement ; l'agressivité. En quoi ça te concerne tronche de crapaud ? Deuxièmement ; l'ennuyé peu intéressant. Oh, nulle part... Troisièmement ; le faux triste. Là où quelqu'un m'acceptera, bouhouhou. Passant en revue les possibilités toutes plus idiotes les unes que les autres que son esprit de dégénéré lui envoyait, il finit par se décider pour ne pas qu'un silence religieux et probablement gênant s'installe trop vite :

    « Chez moi. Dans mon fameux palace. »

    Bon. Ce n'était pas la meilleure chose à dire ni la plus mature. Il ria nerveusement et lui renvoya la question par pure politesse, sans forcément s'intéresser à la réponse :

    « Et toi ? Je doute que tu te sois perdu et j'imagine que tu dois pas vivre bien loin. »


    Très honnêtement, il s'en fichait complètement d'où ce type pouvait bien loger. Par contre, il n'avait clairement pas l'intention de quitter les lieux. Il ne se sentait pas encore assez rafraîchit pour rentrer et préférait profiter un peu plus de l'air frais du soir. Le calme de l'endroit, les quelques hululements des chouettes et des hiboux, les miaulements des chats sauvages, tout cela réussissait un peu à l'apaiser. Peut-être trouvera-t-il ainsi la voie vers le sommeil. Mais pour l'heure ce n'est pas le cas et peu importe ce qu'en pensera l'éossien.ne, il ne partira pas. Prenant un petit bidon vide qui devait certainement appartenir à une taverne des alentours, il s'assied dessus et s'adossa contre le mur.

    « Qu'est-ce-que tu fais là en plein milieu de la nuit ? T'es du genre tordu psychopathe, foutue grenouille ? »

    Lui lança-t-il finalement, entrouvrant un oeil pour lea regarder en pouffant doucement. Ce n'était pas une moquerie, ni une remarque hautaine, simplement des mots alignés pour paraître détendu. Il ne savait pas si Raol allait répliquer avec un brin d'humour ou toujours avec premier degré et il s'en fichait bien. Au pire, il pourra se moquer intérieurement d'ellui et cette idée lui paraissait déjà pas si mal. Imposer sa présence en ces lieux devait déjà l'insupporter, ça lui plaisait bien au fond, qu'iel le déteste. Au moins, iel ressentait quelque chose à son égard. Mieux que rien.
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    /!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/

    Il n’y avait vraiment pas de quoi se flatter. Les interactions des deux énergumènes insomniaques étaient des plus immatures et stupides. Mais bon, ça leur donnait l’impression de se partager des choses, sans doute ? De compenser leur lassitude vis-à-vis de leurs problèmes qu’iels ne veulent sûrement pas aborder. C’était addictif, ces petites provocations. Une spirale qui les happait immédiatement et leur faisait oublier le reste. Qui sait, peut-être que derrière tout ça, ils laissaient involontairement transiter quelque émotion honnête, quelque information qui serait personnelle, permettrait de partager autre chose que des sarcasmes hypocrites.

    La grenouille cligna des yeux en entendant l’autre reprendre à nouveau les mots qu’iel avait employé.

    Ah. Il a vraiment un palace alors ? Pauvre petit.

    Iel ne savait pas si c’était pour lea provoquer ou juste parce que ça l’amusait réellement. Après tout, il ricanait, bref, c’était bizarre et de nouveau, la grenouille ne savait pas vraiment pas comment prendre les réponses de l’autre… car, oui, déjà, il lui répondait.

    Mais pourquoi j’essaierais de le comprendre ? C’est… je l’ai déjà envoyé chier à plusieurs reprises ça je détestais ça ! Je suis débile ou quoi ?

    Oui, probablement. Ou alors, probablement que ce n’est pas une question de débilité mais juste d’être complètement désespéré pour un peu de contact humain dans son état actuel. Peut-être la nécéssité de trouver une nouvelle personne, que, comme Melchior, Raol pourrait manipuler. Ainsi , ce serait une manière de retrouver ses repères, de repartir de zéro sans rien changer… ? Gabryel n’a pas l’air d’être le genre à être si influençable, au contraire. Il a plutôt l’air d’être le genre de personne à profiter des gens potentiellement influençable, lui aussi. Et au fond, Raol sait qu’on ne traite pas les gens ainsi à moins d’être incapable de s’occuper de soi-même normalement. Peut-être… est-ce juste ça. Cette impression détestable qu’iel est comme ça aussi, mais que quelqu’un peut peut-être comprendre.

    « Bah, c’est pas comme si on avait eu d’autre choix que de vivre dans le coin, maintenant. »

    Encore une fois, son ton était plutôt neutre. Iel ne pouvait pas s’empêcher de rappeller ça. Raol avait la haine et ne voulait pas le cacher.

    Je dis pas, c’est pas si mal, ce coin, il y fait bon vivre quand on est pas surveillé. Les plantes et les légumes y poussent bien.

    Voir et énumérer les côtés positifs ? Être de bonne foi ? Cela ne me plaît guère. Ça leur ferait croire qu’ils n’ont pas eu tord de nous parquer par ici.


    Raol n’a pas envie d’être autre chose que pessimiste, toute façon. Quelque soit la tournure de cette situation et de leurs échanges, l’animorphe se dit que cela ne peut que mal finir. Cela suffit à cesser d’envisager toutes les choses qui pourraient être partagés ce soir comme des pistes de réflexion, des choses positives. Raol n’était pas prêt.e et si cela ne tenait qu’à ellui actuellement, iel ne sera jamais prêt.e.

    Pourtant, son interlocuteur ne s’enfuyait pas. Il avait même l’air de s’être un peu apaisé… ? Si Gabryel  était perdu, son plan n’était apparemment pas de retrouver son chemin tout de suite pour rentrer. Lui non plus, ne voulait pas rentrer ? Pourquoi… ?

    Pourquoi je voudrais le savoir ?! Pourquoi pas lui demander de me décrire l’intérieure de ses 15 salles de bain et de ses 10 chambres pour qu’il me démontre pourquoi ça doit vraiment être in-fer-nal de vivre chez lui !


    Ça ne lui donnera pas des réponses pour ellui-même. Enfin. Peut-être. Peut-être pas. Dans tous les cas Raol ne pouvait pas se reposer sur les autres pour faire ce travail à sa place, une fois de plus. Gabryel ne le ferait pas. D’ailleurs, c’était à lui de lui poser des questions, après s’être posé sur un baril, l’air plus tranquille. Sa question fit sourire nerveusement Raol qui se mordit l’intérieur des joues, résistant à l’envie d’éclater de rire de manière nerveuse et potentiellement suspecte ?

    Un tordu psychopathe ? Genre, comme ceux qui empoisonnent des gens dans les rues sombres pour les tuer ? Ahahaaha… ahahahaahaaaaaaa !

    « Ah, oui, exactement. Je sors la nuit pour tuer des gens. Là, je reviens de la ville basse où j’ai mangé 3 chatons et 1 enfant. »

    Dit-iel en feignant un air des plus sérieux. Au moins, c’était si gros que Gabryel ne devrait pas lui poser plus de questions ou lea suspecter d’un crime qu’iel a commis depuis plusieurs mois maintenant, mais qui était toujours aussi frais dans son esprit. Ça la foutrait mal, de l’admettre sincèrement, hein ? A se demander pourquoi la grenouille se préoccupait vraiment de l’opinion du général par rapport à ça… ah oui, car il pouvait lea fouttre en géole et lea punir assez méchamment, faire de sa vie un enfer.

    Raol soupira en regardant les mures envahis de feuilles et de racines. Iel fit un petit bon pour se percher plus haut, pliant ses jambes pour laisses ses bras ballant dans le vide. Iel avait beau blaguer, la morosité revenait toujours.

    « Je crois que… on peut dire que je contemplais vraiment la vacuité de mon existence. Et je ne dis pas ça pour me donner l’air malin. »

    Marmonna la grenouille, le regard dans le vague. Non, n’avoir envie de rien ressentir en permanence, d’être terrorisé.e au moins sursaut émotionnel, ce n’est pas « cool ». Mettre ça sur le dos des autres, attendre qu’on nous plaigne, c’est encore pire.

    Il ne va pas me plaindre. Il va se foutre de moi. Et je me moquerais de lui en retour. Et il se barrera à nouveau en me renvoyant sa vexation au visage. J’aurais encore envie de le frapper, au final, de lui sauter à la gorge comme l’autre soir.

    L’autre soir. Évidemment que la grenouille y pense encore. Difficile de l’éviter quand le principal intéresse était en face d’ellui. Et quand iel avait, sur sa joue, les cicatrices de la griffure d’Evergarden qui avait apparemment fait ça pour préserver le général de sa présence.

    « Héhé. J’en connais un qui ne serait pas très heureux de me voir vous emmerder en pleine nuit. Parait-il que je pourrait me faire égorger par des crocs acérés, ça fait peur, non ? »

    Pour avoir peur de mourir il faudrait déjà avoir envie de vivre. Héhé. Je suis très intelligent.e.

    Son sarcasme ne servait qu’à noyer le poisson pour se détourner de ses interrogations. Lea Zeteki se fichait bien de l’avis de Gaby sur ses cicatrices ou ce qui s’était passer avec Klaus, jugeant qu’iel était tout à fait capable de se défendre tout.e seule.

    « Dites, si vous oubliiez ce qui s’est passé, ce soir-là ? »

    Genre, que j’ai chialé dans vos bras. Que j’ai pas détesté que vous laissiez faire. Vous voudriez pas oublier ? Genre, pif paf pouf, on oublie ?

    C’est un peu facile, ça, Raol.

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    Haussant des épaules avec lassitude suite à la réponse de Raol concernant l'emplacement où ils vivaient -eux, éossiens- il ne répondit rien. Après tout il n'avait pas grand chose à dire par rapport à cela. En tant que caldissien envahisseur et militaire il savait que les civils ne les portaient pas dans leurs coeurs et que leurs décisions sont extrêmement mal vues. Il n'avait jamais songé à l'importance de répartir toute une population à un endroit particulier. Était-ce si mal ? Au moins, ils avaient leur endroit à eux et n'avaient pas à se mélanger. Ou peut-être était-ce l'inverse. Peut-être que le royaume et l'empire ne voulaient pas côtoyer les natifs. Gabryel s'en fichait bien puisque dans tous les cas il n'aurait accepté nulle autre logement que celui de la Ville-Haute, capricieux comme il est. Tandis qu'il ferma encore un instant ses yeux violacés en affichant un petit sourire en coin, il tendit l'oreille, attendant de lae Zeteki qu'iel reprenne la parole. Lorsqu'il aperçu un rictus nerveux passer très rapidement sur son visage, il eu encore plus envie de rire. Et ce qu'iel dit manqua de le faire s'étouffer. Gabryel pouffa avec sincérité et clarté. Depuis combien de temps ne l'avait-il pas fait ainsi ? Plaçant une main sur sa bouche et une sur son torse pour feindre une outrance exagérée, il aspira une grande quantité d'air pour donner un air plus dramatique à la scène comique. C'est en agissant ainsi qu'il prit soudainement conscience d'une chose. Il était détendu. Entièrement. Il ne réfléchissait plus, ne tentait plus de garder un masque, ne se posait pas de questions stupides. Reprenant une position basique, il fixa un instant l'animorphe qui se glissa pour s'installer à son tour. Est-ce grâce à ellui ? Il en avait l'affreuse sensation. Comment un type comme ellui pouvait avoir un tel effet sur lui ? Iel n'a rien d'incroyable. Iel est même détestable. Gaby ne se rendait tout simplement pas compte que le fait de ne pas se sentir obligé d'être aimé par quelqu'un lui faisait un bien fou.

    Son rictus s'évapora doucement lorsqu'il perçu le murmure presque inaudible de la grenouille. Pourquoi se ressemblaient-ils autant en étant si différents à la fois ? Jouant avec ses mèches de cheveux ivoires qui pendouillaient sur le côté de son visage, il ne su pas tout de suite quoi répondre. Cette conversation nocturne était franchement étrange. Le regard un instant perdu dans le vide, songeant à sa propre existence, il souffla silencieusement. Il n'avait pas pour habitude de plaindre les gens. Il n'aimait pas qu'on le plaigne lui-même alors il n'allait certainement pas le faire pour les autres. Néanmoins, lui à toujours tendance à évacuer les mauvaises pensées en bossant jusqu'à épuisement. A tenter d'être encore plus parfait dans tout ce qu'il pouvait entretenir. Et pour la première fois de sa vie il avait l'impression de construire quelque chose de façon hasardeuse. Ses conversations avec Raol n'avaient ni queue ni tête. C'est difforme, incomplet et remplit d'imperfections. Tout ce que Gaby s'est toujours refusé à faire. Pourtant ça lui plaisait. Enfin il en avait l'impression. Il ne savait pas trop quoi en penser et n'avait pas les idées claires à ce moment, mais il savait que s'il y repensait il garderait un souvenir potable de cet échange. En l'entendant ricaner doucement, le Venomania ouvrit les yeux et le guetta. Le visage de la grenouille n'était illuminé que par la faible lueur que la lune projetait sur lui. Un instant captivé par cette vision, il se concentra sur ce qu'il lui raconta.

    Oh. Klaus.

    Gabryel se raidit sur son siège de fortune. Se mordant la lèvre inférieure en retraçant les événements de cette foire, il se sentit quitter le monde des vivants. Il donnerait tout pour oublier ce moment. Il avait craqué. Il s'était permit ça. Rien qu'à y repenser il en avait la gerbe. L'agressivité excessive mélangé à la possessivité flippante de l'Evergarden ont offerts à Raol une jolie cicatrice de guerre. C'était sûr que s'il venait à savoir ça il exploserait à nouveau. Et à nouveau je saurai le calmer. Quelques jolies paroles et il oubli, rien de bien méchant. Le noble espérait néanmoins que son compagnon ne referait pas une telle stupidité à l'avenir. Il ne pouvait pas toujours tout laisser passer. L'avoir fait une fois était déjà de trop. Lea Zeteki ne devait pas se douter à quel point les paroles insouciantes qu'iel venait de lâcher eurent un effet particulièrement négatif sur son état déjà lamentable. Ce n'était pas sa faute à ellui et iel ne méritait pas un tel comportement de la part du diplomate, quand bien même iel soit casse pied. Le caldissien n'avait pas de remords ou quoique ce sois, il n'aimait juste pas qu'on puisse faire une telle chose pour lui. Cela lui paraissait trop improbable. Lui pouvait le faire pour sa soeur, par exemple. Il pourrait tuer, trahir, détruire sa propre vie pour elle, mais le faire pour Klaus ? C'était impensable. Il savait que l'émissaire le portait grandement dans son coeur, mais cela n'était malheureusement pour lui pas réciproque. Pas à ce point. Ça aurait pu, mais les craintes irrationnelles du général l'en empêchait.

    Raol toucha, encore, à une corde sensible. Ce qu'il s'est passé. Si iel savait comme cette soirée avait été fatigante pour eux deux, iel en rigolerait presque. Que dire sur ce qu'il s'était produit ? La grenouille s'était laissée aller, tout simplement. Gabryel avait agit sans forcément réfléchir. Prendre quelqu'un dans les bras c'était quelque chose dont il avait l'habitude, en bon dragueur lourd. Mais pourtant ce soir-là ça n'avait clairement pas la même signification, quoiqu'il puisse en dire. Souriant d'un air carnassier et soufflant du nez face à la demande presque désespérée de lea joaillier.ère, il laissa s'échapper de sa gorge un léger rire, plus discret et encore un peu plus sincère que les précédents. Levant un sourcil en étirant ses lèvres, il répondit à sa demande avec une voix faussement innocente :

    « Mmh ? Oublier quoi ? Qu'est-ce-qui a bien pu se passer ce soir-là mmh... »

    Se grattant le menton pour accentuer sa moquerie en lui lançant un regard espiègle. Au final il ne préféra pas s'excuser du comportement de son amant. Premièrement car il n'avait, en soit, rien fait et que donc profaner des excuses étaient inutiles et deuxièmement car ça ne changerait rien au fait que ça sois arrivé. Même s'il était joueur, à cet instant, il repensait tout de même à ce qu'il s'était passé. Il s'attendait à tout de la part de Raol mais... pas ça. Rangeant une mèche derrière son oreille -puisqu'il n'arrêtait pas de la tripoter- il continua sur le même ton léger :

    « Si tu oublies pour ce soir que je suis un méchant militaire caldissien ne voulant que ton mal, je veux bien oublier que tu t'es jeté dans mes bras. Deal ? »

    Insistant bien sur l'action principale de ce qui provoquait ce sentiment de malaise chez lea Zeteki, Gabryel sourit de plus belle, ses pupilles brillants avec un peu plus d'ardeur. Il semblerait que ce moment enfantin lui sois très bénéfique, contre toute attente. Pendant quelques secondes, il cru même apprécier cette foutue grenouille qu'est Raol.
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    Quelle idée de reparler de ça. J’ai vraiment rien dans le crâne, en ce moment, je réfléchis à peine. Çà m’agace. Quand je repense à la foire je-- ggrgrrmgmmbl.

    C’était impossible de régler cette fameuse question logiquement. Craquer devant quelqu’un est, en soi, quelque chose qui n’a pas de fondements vraiment sensés. Pourquoi cette personne ? Pourquoi craquer à ce moment précis quand on a tenu pendant des mois, des années ? Il n’y a pas de bon moment, de moyen de savoir quand arrivera la goutte de trop. Le corps et l’esprit décident seuls quand il n’en peuvent plus. Des fois, ils associent des présences, des circonstances à un endroit propice à ce genre de laisser aller. C’était arrivé deux fois sous les yeux du général. Raol ne voulait pas l’accepter ni essayer de comprendre pourquoi ce devait être lui. Pouvait-iel vraiment se dire que cela aurait pu être Gabryel comme n’importe qui d’autre. Sûrement. Mais peut-être pas. La grenouille n’en saura jamais rien et cela lea mettait plus mal à l’aise encore. Car si ellui n’a pas choisi de se trouver si mal, le Venomania, lui, avait choisi. Il avait choisi de rester aux côtés de Raol jusqu’à ce qu’iel se calme et l’abandonne d’ellui-même.

    Utiliser les gens comme des mouchoirs pour les jeter ensuite, c’est un peu à ça que sa démarche ressemblait. Penser que les gens sont interchangeables. Que, finalement, juste quémander une épaule pour pleurer et se plaindre, ça peut-être demandé à tout le monde, n’importe quand, en ignorant les limites de chaque personne. En se foutant ce que les gens ressentent de leur côté. Est-ce que… Gabryel avait ressenti quelque chose, pour agir de cette manière ? Comment s’était-il senti quand Raol l’avait simplement laissé  sur le pavé sans aucun scrupule ? La grenouille avait peur des réponses mais avait besoin de savoir, sachant que les réponses allaient lui mettre une baffe dans la tronche.

    L’animorphe à la peau dorée ne pouvait même pas en vouloir à l’autre de jouer au con en retour. C’est de bonne guerre. Raol avait eu tord de croire que l’autre allait vraiment être assez bête pour lui dire « ok, on, oublie et c’est réglé ». A moins de n’avoir aucun amour propre, personne n’accepterait une telle manipulation. Le petit jeu de Gabryel faisant mine d’avoir oublié eu le mérite de faire changer la honte de camp. La grenouille se mit à suer et rentra sa tête dans les épaules, ce qui lui faisait un magnifique double menton au passage. Inspirant fort, Raol laissa passer un silence, bien incapable de réponse.

    Espèce de sale… t’as oublié d’être con, toi, hein ? Tssss !

    C’est acté, désormais, lea Zeteki avait compris qu’on ne la faisait pas à Gabryel. Pas comme ça. Cela dit, même si le général laissa passer un petit moment pour que la grenouille suinte bien dans sa propre sueur et sa propre gêne, ce fut lui qui revint sur leur petit « marché ». Par contre, son choix de mots ne lui plaisait pas… mais alors pas du tout.

    Ah ! Il manque pas d’air, dis-donc ! Tout ça pour se faire bien voir comme un chevalier blanc !! Pfff ! Gros kéké !

    « Je me suis pas « jeté dans vos bras », je suis tombé et vous étiez sur le chemin. »

    Comment peut-on tomber alors qu’on est assis, c’est un mystère. Comment peut-on être d’aussi mauvaise foi, c’est un mystère encore plus épais. Raol pouvait causer, mais iel envisagea sérieusement de répondre « oui » au général.

    Après tout, si c’est juste ce soir, qu’est-ce que ça peut changer, hein ?! Aucun risque que je change d’avis sur lui ou les étrangers et les militaires.

    Après un long soupir, la grenouille déglutit, se redressa un peu et s’efforça de se détendre et de ne pas avoir des pensées trop catastrophisantes du genre « si je dis oui il va certainement me trahir et autoriser tous ses potes à détruire le quartier et ce sera ma faute car j’aurais dit « oui » à un caldissien et je n’aurais plus qu’à mourir dans ma honte ».

    « M’enfin. Très bien. Ce soir uniquement alors, vous n’êtes plus le général ouin ouin de Caldissia et je ne vous le rapellerais pas. Vous serez juste… hem… Gabryel. »

    C’était presque drôle de voir Raol se prendre au jeu et tenter de prononcer ces derniers mots avec l’air de se retenir de vomir.

    « Juste Gabryel », hm. Je ne sais même pas qui, c’est, ça « juste Gabryel ».

    Comme le général ne sait pas qui serait « juste Raol » derrière son mur de piques défensives, de mépris et sa xénophobie déraisonnable. Raol ne savait même pas ellui-même s’il y avait quelqu’un derrière tout ça. C’est bien le problème, iel ne pense pas qu’il y ait quelqu’un derrière ces couches de comportements toxiques. Iel a l’impression d’avoir « tué » cette personne depuis longtemps. Qu’elle ne réaparait que quelques fois, quand iel sort barboter en croassant et en sautillant joyeusement dans une mare, quand iel va explorer l’extérieur de la cité et se retrouve livré.e à elle-même, en harmonie avec les lieux naturels, les rivières, les forêts… quand iel admire des quartz avec une fascination presque enfantine et qu’on lea surprend en train de les trier par taille, en train de les faire tinter contre ses dents. Bref. Peut-être que « juste Raol » n’est pas encore mort.e. Peut-être qu’il y a encore quelqu’un. Peut-être même que Gabryel a ce « quelqu’un » plein de surprise qu’il cache, cette personne qui n’est pas un gosse de riche au grade tout puissant et aux sourires faux.

    De l’espoir. C’est ce qui pointa dans le cœur de la grenouille à ce moment précis. Cette impression qu’après des semaines de rien, quelque chose pouvait arriver. Tout pouvait arriver. Et pas uniquement des mauvaises choses. Simplement des nouvelles choses. La grenouille avait toujours eu un côté un peu curieux.se, à force de chercher la petite bête. Maintenant, tel un enfant qui n’a pas pu avoir toute son histoire du soir, lea Zeteki avait envie d’en savoir plus. Avait envie de savoir ce que l’autre lui réservait, si lui aussi allait assumer les conséquences de leur petit marché.

    « Alors, Gabryel. »

    Irk. Qu’est-ce que c’est que ce prénom. Plus je le prononce, plus je le trouve chelou. Car roule bizarrement sur la langue. Et… désagréable mais… surtout chelou. Bizarre, quoi.

    « Quel est le programme, maintenant ? Comment allons-nous nous distraire ? »

    Le sourire était revenu sur les lèvres de la grenouille toujours accroupie sur sa branche. Son visage s’était posé entre ses mains et son expression se faisait moins arrogante, plus joueuse.

    Juste ce soir. Ça n’aura aucune conséquence et je pourrais aisément me détacher, tirer un trait sur tout ça ensuite. Exactement ce qui me faut.

    Hah. Pourtant, personne n'a dit que ce serait si simple.

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +

    Gabryel a toujours eu pour habitude d'analyser les comportements de ceux qu'il côtoie. Depuis tout petit il avait cette étrange façon de reluquer chaque faits et gestes de son entourage. Son regard fixe à la couleur si particulière devait sans doute en déstabiliser certains. Après tout, ce ne doit pas franchement être satisfaisant de se sentir épié par saon interlocuteur.rice. Alors ne pouvant changer ce qu'il est en quelques instants, il est poussé par son instinct à observer minutieusement Raol. Les mimiques qu'iel pouvaient avoir, sa façon de tenter maladroitement de cacher ce qu'iel ressent, les micro-expressions faciales qu'iel affiche lorsque le militaire lui répond... Tout cela, Gaby le remarquait avec plus ou moins de facilité. Il ne se posait pas la question de savoir si lea joaillier.ère pouvait être gêné.e par cette façon d'être car il ne la changerait pas dans tous les cas. Et en supplément il sait que les gros yeux dorées de la grenouille ont aussi cette tendance à rester scotcher sur quelque chose. Ainsi la rainette perchée sur sa branche, les jambes repliées sur ellui-même, sembla perdre un peu en fierté et rentrait nerveusement sa tête dans ses épaules, se faisant plus petit.e. Exceptée la respiration un peu plus haletante de l'éossien.ne qui devait probablement suinter de malaise, il n'y avait plus un bruit. Plus un son. Amusé par ce petit jeu idiot, le noble pivota un peu plus la tête pour lui permettre de correctement voir lea Zeteki. Son sourire sarcastique s'évanouit doucement, laissant place à une trogne bien plus douce, plus joviale, moins moqueuse. Il se disait que ce n'était qu'histoire de ne pas s'ennuyer ce soir et de penser à autre chose. Que ça n'aurait aucune conséquence. Que ça ne changerait rien à sa vie. Pourtant, il avait la gorge sèche et ressentait des difficultés à déglutir. C'était comme si la réponse de Raol déterminerait de ses prochains mois de vie. Mais, c'est pourtant impossible, non ?

    Au bout d'un moment, lea spécialiste des gemmes finit par reprendre la parole. Sa réponse fit pouffer Gabryel qui se retint de rétorquer quelque chose. Iel est tombé.e ? Iel manque pas de culot. Néanmoins, il sentait que ça n'était pas dit dans l'idée d'être méchant.e. A force de côtoyer sa langue tranchante, le caldissien avait finit par réussir à savoir quel dialogue était dit avec la conviction de le blesser et lesquels sont plus... légers disons. La tête légèrement sur le côté, les sourcils levés, le général attendait une réponse et insistait silencieusement. Après un long soupir presque théâtrale, le verdict tomba. Iel acceptait. Surpris de cette décision, il écarquilla un instant les yeux, pas certain d'avoir bien entendu. Pourquoi ça le rendait autant de bonne humeur ? Sans doute car ils peuvent passer une nuit avec l'esprit ailleurs et sans qu'ils se crachent dessus continuellement. Raol prononça presque avec difficulté le prénom du militaire ce qui lui arracha un sourire ainsi qu'un petit "Pff..." un peu trop joyeux. Se redressant un peu sur son bidon vide comme s'il entrait dans le moment le plus croustillant de cette conversation, il vint poser son poing contre sa joue tandis que Raol, ellui, entourait son visage de ses mains. Les mots qu'iel prononça eu comme l'effet d'un coup de jus. Gabryel réalisait peu à peu qu'il était sérieusement en train d'avoir une conversation plaisante avec ellui et il ne savait même pas comment il avait fait pour ça se produise. A vrai dire, il avait encore les phrases cinglantes de la grenouille dans la gorge, celles qu'iel lui avait craché au visage quelques temps avant la grande foire. Pourtant là, pour une raison qu'il lui est inconnue, il réussissait à en faire abstraction et à oublier ces moments désagréables. Doucement, la frustration qui le rongeait lui et son coeur se dissipait, laissant place à quelque chose de nouveau. Et tout cela était si lent, si doux, si surprenant, qu'il n'arrive pas à avoir peur. Il lui est tout simplement impossible de refuser ce qu'il se passe. Revenant un peu à lui en clignant des yeux, il réfléchit à la question de lea Zeteki.

    « On peut, à peu de choses près, faire tout ce que l'on souhaite. Ce que tu veux, tu peux l'avoir. »

    Oui. On. Pas juste toi, pas juste moi. Nous. Sa propre pensée le fit tiquer, mais il tenta d'enfermer son irrationnelle phobie. Juste ce soir. En tout cas, ses paroles étaient vraies. A ses côtés, Raol pouvait avoir tout ce qu'iel voulait. Sortir au delà du Grand Mur, se balader dans la Ville-Haute, se foutre de la gueule des soldats sans avoir de retour, dévaliser les dernières tavernes encore ouvertes. Tout était à portée de main. Pourtant Gabryel savait qu'iel ne serait pas de ce style là. Iel n'est pas attiré.e par le matériel. Iel semble avoir retrouvé le sourire et celui-ci fut contagieux. L'imitant donc en affichant sa petite face angélique, Gaby reprit :

    « Ou tu peux me poser toutes les questions qui traversent ton esprit de rainette. Enfin, à la seule condition que je puisse aussi en savoir un peu plus sur toi, si tu le permets. »Levant les mains en l'air en signe de paix, il ajouta un brin rieur.
    « Tout restera confidentiel. Je suis aussi silencieux qu'un cercueil. Alors, qu'est-ce-que tu choisis ? »

    Un poil glauque comme comparaison... Et pour la seconde fois depuis qu'ils se connaissent, Gabryel lui laissait le choix. Car c'est à ellui que cela revient.
    kyro. 017 ldd

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    La nuit, tous les débiles sont gris


    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/

    Ce qui se passe dans la pénombre de cette ruelle est un peu surréaliste pour Raol. Sur le moment, la grenouille est fière de son coup et pense capable d’assumer ce défi un peu stupide. Tout ce qu’iel veut, c’est penser à autre chose, se distraire des mauvais moments qu’iel a passé ces dernières semaines. Essayer de faire taire sa conscience, son humeur morose et ses envies de disparaître. C’est avec une mine joueuse que lea Zeteki essaie d’anticiper tout ça. Néanmoins, si son sourire demeure, son assurance se fit rapidement la malle. Iel se rendait compte que quoiqu’iel fasse, iel ne pouvait pas vraiment échapper à ses problèmes et à ses questionnements internes. On ne se gérit pas de la dépression juste en se forçant à penser à autre chose. S’occuper peut aider quand on reste dans sa zone de confort et c’est ce que pensait faire Raol actuellement. Cela aurait peut-être marché avec parfait.e un.e inconnu.e mais pas avec Gabryel. Car autant que la grenouille détestait l’idée, sa relation avec le caldissien-- iel avait une relation avec le caldissien. Rien que ça, déjà. L’animoprhe ne pouvait pas dire qu’il n’y avait rien. Aussi maigre que cela soit, il y avait une histoire de rencontres, de ratés, d’approches maladroites de la part de son interlocuteur.

    Mais je le déteste. Je ne veux pas le connaître, je veux… je veux qu’il soit une distraction. Rien de plus. C’est lui qui avait choisi de m’approcher et je n’avais rien demandé : donc, je ne lui dois rien.

    La réponse du plus grand déstabilisa la grenouille malgré elle. Elle ne put camoufler sa confusion lorsque l’autre annonça qu’iel pouvait avoir tour ce qu’iel désirait de la part du général, juste ce soir.

    Avoir… ? Tout ce que je veux… ?

    Ou alors, iel avait le droit de poser des questions.

    Mais… pourquoi je ferais ça ? Pourquoi est-ce qu’il me laisse une ouverture pareille ? Est-ce qu’il me teste ?

    Sûrement. L’amphibien ne voyait pas d’autre manière d’expliquer les curieuses propositions de l’homme aux cheveux nacrés. Raol tenta d’ignorer que son cœur se mettait à battre de manière affolée. Ce n’était pas agréable. Iel était nerveux.se. Trop nerveux.se pour ce qui devrait juste être un jeu sans conséquence. Raol avait l’impression qu’iel devait s’ouvrir à une personne qui… qu’iel détestait ? Ou qui lea mettait juste dans tous ses états sans qu’iel ne puisse savoir si cela était terrorisant ou excitant.

    « Hm. Je vois, mais, je ne… je ne comprend pas bien… ? Quel est l’intérêt ? »

    Si Raol sentait sa carapace se refermer, sa question n’était pas censée être rabaissant. Iel cherchait vraiment à savoir pourquoi l’autre avait soudain l’air si curieux. Était-ce de manière morbide ? Pour se moquer ? Etait-il sérieux, pour sa part ? Ou était-ce réellement un jeu ?

    « Par exemple… je peux vous demander ce que vous mettez dans vos cheveux pour les soigner ? C’est ça, l’idée ? Ce genre de questions inutiles ? »

    N’empêche que je l’ai posé, la question. J’y peux rien, quand on le voit on ne peux que remarquer ses cheveux, ils sont surréels ! ...j’avoue, je veux bien savoir ce qu’il met dessus. Pour de vrai.

    « Je ne vois pas bien ce que vous avez comme but, avec ce genre de questions. Surtout que je n’ai pas grand-chose à vous raconter. »

    Son ton était plus sérieux qu’iel ne l’aurait voulu. Un peu résigné, aussi. La méfiance, encore et toujours. Et puis, Raol ne se considérait pas comme quelqu’un d’intéressant. Surtout pas en ce moment ou iel avait souvent plus envie de ne pas être là que d’être en vie.

    Oh, la grenouille avait des choses à cacher, ça c’est certain. Des choses dont iel n’est pas très fier.e, des choses blessantes ou traumatisantes qu’iel a enfoui an fond d’ellui pour ne pas se montrer vulnérable, aussi.

    Mais… je ne suis pas obligé.e de lui dire la vérité de toute manière !

    Mais cela ne paraît pas très… enfin, Raol est du genre à tricher même dans certains jeux basiques, donc, pourquoi pas aussi maintenant… ?

    « Et puis, on peut très bien tricher tous les deux, en plus ! A moins que vous vouliez faire un concours de mythomanie ? »

    Oh, ça, ça ne devrait pas être un problème !

    La grenouille ne put s’empêcher de sourire et de rire brièvement en s’imaginant quel genre de choses mirobolantes iel pourrait inventer. Si aucun ne dit la vérité, la chose semble tout de même complètement inintéressante.

    Comme ses jambes lui faisaient mal, Raol finit par descendre de sa racine, désireux.se de se dégourdir les pattes.

    Se dégourdir les pattes, tiens…

    « Hm, à moins que... »

    Une idée commença à germer dans la tête de la grenouille. En tant qu’eossien.ne, il était des choses qui étaient moins faciles d’accès pour ellui. Par exemple, monter sur le grand mur. Ou sur l’aqueduc, tiens. Posant ses mains sur ses hanches, la grenouille désigna le point le plus haut des hautes murailles de la cité, probablement interdites la nuit.

    « Je sais. Je veux monter là-haut. Je veux voir la vue qu’il y a de là-bas sur l’extérieur. »


    Rien que ça, oui. Mais c’est lui qui a proposé. Qu’il se rende utile ! C'est toujours plus interessant que se poser des questions débiles.

    Curieux.se de voir si l’autre oserait lea suivre dans cette idée, Raol posa ses mains sur ses hanches avec un air de défi. Tout cela n’avait pas vraiment l’air sans risque. Mais bon, si lea Zeteki tenait à sa vie actuellement, cela se saurait.

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    Apercevoir sur le visage de Raol une sorte de confusion fut plus que satisfaisant pour Gabryel. Il aimait pouvoir surprendre son entourage -de bonne ou de mauvaise façon, ça lui importait peu-, car ce qu'il détestait le plus c'était tout ce qui était trop basique. Trop simple. Trop facile. Il avait toujours eu ce besoin de sentir la complexité et d'avoir un défi à relever. Et en l'occurrence, avec la grenouille, il était plus que servit. Alors il ne pouvait se retenir de sourire un peu plus en observant clairement le visage décousu de lea joaillier.ère, il sentait que l'amphibien.ne se questionnait intérieurement et à vrai dire il le comprenait. Lui-même s'il faisait face à quelqu'un comme lui il se poserait des questions. Ce n'est pas tous les jours que l'on fait face à une personne comme le général caldissien et il en a conscience. Il s'apercevait de la nervosité de la rainette et pouvait deviner aisément qu'iel devait être dans tous ses états. Positivement ? Négativement ? Il ne savait pas trop.

    C'était assez étrange. Il le détestait, du moins plus par rancune que par réelle haine, mais avait cette affreuse sensation au creux de la poitrine. Il avait envie de creuser, d'en savoir plus, il se demandait pourquoi Raol en était arrivé.e à être ce qu'iel est aujourd'hui. C'était sans doute idiot. Gaby n'aimait pas se mêler des affaires des autres. Chose qu'il reprochait à Klaus, ses manières à être commère. Pourtant ici il allait à l'encontre de ses propres habitudes sans savoir pourquoi. Lea Zeteki avait quelque chose de spécial. Honnêtement, iel était insupportable. D'une mauvaise foi ironiquement aussi grande que celle du militaire, d'un franc parler tout aussi déstabilisant et d'une langue de vipère acérée. Iel le haïssait. Pourtant, iel restait là à le fixer et à lui parler et le Venomania ne savait absolument pas pourquoi lui aussi restait bêtement là alors qu'il ressentait le même sentiment de rejet. Son esprit lui hurlait de partir et de ne plus jamais lui adresser la parole, mais son corps refusait d'obéir. Il y avait quelque chose qui le poussait à rester.

    Son estomac se tordit en entendant sa réponse. Pas étonnant, de sa part. Néanmoins, il ne s'attendait pas à ça. Il ne se savait pas aussi susceptible. Raol le surprenait. Iel le prenait au dépourvu. L'intérêt ? Pourquoi y aurait-il un intérêt ? C'était simplement pour passer le temps. Faire autre chose que de se regarder dans le blanc des yeux... Enfin, le noir pour ellui. La suite de sa réponse le fit doucement rire, apaisant un peu la torsion dans son ventre. Aah, les fameux cheveux du noble. Un sujet sur lequel il pourrait débattre des heures. Il y consacrait bien trop de temps -à l'entretient de sa tignasse- mais au moins le résultat était plus qu'éblouissant. Une chevelure pareille, ça se mérite ! On ne peut pas avoir ça du jour au lendemain. Si Raol y mettait du sien, iel pourrait avoir le même résultat. Iel semble avoir une bonne implantation et des cheveux pas trop compliqués à entretenir ou coiffer. Enfin, bref.

    Restant encore silencieux puisque de toute façon la grenouille enchaîna, il fronça légèrement les sourcils à la fin de sa phrase. Ce type n'avait vraiment que très peu de considération pour ellui-même. Rien d'intéressant ? Il devait bien y avoir quelque chose. Enfin dans tous les cas iel ne semblait pas disposer à parler d'ellui. Pas maintenant. Et au fond, Gabryel lea comprenait. Lui-même n'irait pas lui déballer toute sa vie comme ça. Lui avait simplement la prétentieux d'avoir une vie intéressante. Même s'il mentirait sûrement sur pas mal de choses pour paraître plus styler qu'i ne l'est. Ah bah tient. On dirait presque que Raol lit dans ses pensées. C'est vrai qu'ils peuvent aisément tricher et ne pas dire la vérité ce qui -par conséquence- ne donnerait plus aucun intérêt au jeu. Ok, iel marque un point. Iel ria un peu et Gaby ne pu s'empêcher de s'imaginer que l'autre devait sûrement se foutre de sa tronche. Il avait encore du mal à saisir que tout ne tournait pas autour de sa petite personne.

    Tandis que saon interlocuteur.rice descendait de son perchoir, le général se remit à son tour debout, quittant son siège improvisé. Jetant un regard intrigué à l'animorphe qui sembla avoir une idée, il croisa les bras sur sa poitrine. Pour une fois qu'iel parlait autant, il fallait lea laisser déblatérer. Et puis au moins iel ne disait pas que des conneries. Avec un air déterminé et une teinte de défi dans le regard, iel posa les mains sur ses hanches et pointa du bout du doigt un point haut. Suivant la direction où pointait son index, Gabryel étira ses lèvres en un long rictus plein de gaieté. Ah ouais, iel déconne pas. D'après les rumeurs, la vue depuis le grand mur était l'une des plus belles -si ce n'est la plus belle- de tout Yggdrasil. En cette nuit où le ciel était parfaitement dégagé et où donc les étoiles étaient parfaitement visibles, cela devait être encore plus envoûtant. Posant son regard intense sur Raol, le caldissien lui répondit en se mettant en route :

    « A vos ordres. Suis moi. »

    Avec un petit mouvement de tête en avant, il l'invita à suivre ses pas. Il pouvait se repérer plus facilement avec une cible aussi grosse que celle-ci, heureusement. Sortant de la ruelle où ils étaient engouffrés depuis déjà plusieurs longues minutes, celui aux cheveux nacrés reprit la parole pour répondre aux précédentes paroles de la grenouille :

    « Pour te répondre, le secret qui entoure ma tignasse je l'enterrerai avec moi. Mais, je veux bien te céder une petite information. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le vinaigre de cidre est très bon pour l'éclat des cheveux. Je m'en sers parfois pour les revigorer lorsqu'ils vont mal. »

    Comme pour appuyer ses propos, il saisit une petite mèche du bout des doigts et l'enroula autour de son auriculaire en faisant un petit clin d'oeil à lae Zeteki à ses côtés. Prenant à gauche sur un petit carrefour, ils croisèrent un groupe d'amis probablement pas très sobres et il ne pu s'empêcher de songer que les gens avaient dû le voir dans le même état ridicule quelques mois auparavant avec Samaël. Heureusement qu'il n'a pas croisé Raol, iel lui aurait rappelé toute sa vie en se foutant de lui, c'est sûr.

    « Je ne comprends pas trop pourquoi tu cherches toujours un intérêt à chaque chose. Ça ne t'arrive jamais de faire les choses simplement car elles te traversent l'esprit ? Je veux pas dire sans y réfléchir, mais le faire juste parce que c'est faisable. Pas parce qu'il y a quelque chose à avoir derrière. Je n'en retirerai rien de savoir des choses sur toi, pourtant ça m'empêche pas de le vouloir. »

    Lors de ces moments où Gabryel parlait avec une sincérité presque innocente, il paraissait bien plus doux. Il avait des instants où il n'y avait que la vérité qui sortait. Parfois il ne trouvait pas cela utile de mentir et donc il mettait de côté son hypocrisie pour dire ce qu'il pensait. Une honnêteté touchante souvent mise de côté par son côté mythomane. C'était contradictoire. Il est contradictoire. Guidant Raol à travers les rues, ils ne tardèrent pas à atteindre le pied sur mur. Non loin de là se trouvait la petite porte qui menait aux longs escaliers pour grimper haut dessus de la barrière qui séparait la ville du monde extérieure. Jetant des regards à gauche et à droite, Gaby remarqua la présence de quelques soldats caldissiens et altissiens. Lui ne risquait pas grand chose, après tout il avait les clés de la ville. Par contre, l'éossien.ne à ses côtés... C'était une autre histoire.

    « Tiens. Je vais les distraire, pendant ce temps ouvre la porte et monte. Je te rejoindrai. »

    Lui donnant un trousseau de clé, il en sépara une petite qui était celle correspondant la porte. Il n'évoqua pas l'idée qu'iel puisse se faire attraper. Il était étrangement serein sur le fait qu'iel allait réussir. Cette foutue grenouille savait se faufiler et fuir, il l'avait remarqué à leur première rencontre. S'éloignant sans plus attendre, il s'avança vers le petit groupe avec un long sourire et un « Bonsoir vous ! » amical. Discutant de banalité avec ses collègues pendant quelques minutes, il joua de ses talents d'acteur pour détourner leur attention. Riant doucement avec eux, il finit par leur annoncer qu'il voulait faire un petit tour sur le mur, histoire de passer le temps. Aucun ne refusa. Après tout, il était leur supérieur, il avait le droit. Se séparant du groupe, il s'approcha de la porte et commença à grimper pour atteindre le sommet.

    Une fois arrivé, il fut un instant scotché par la beauté de l'endroit. Il n'y avait pas de doute, c'était splendide. Soufflant doucement, il sentit le vent le frapper un peu plus fort au vu de l'altitude. La voûte céleste était magnifique et semblait briller avec tant d'ardeur... Balayant la zone du regard, il reconnu assez facilement la silhouette de Raol et s'approcha d'ellui. S'accoudant au petit muret qui les séparait du vide, il fixait la ville et l'arbre immense face à eux. Émerveillé, il réussit néanmoins à articuler doucement :

    « Satisfait.e ? »

    A vrai dire, cet endroit réveillait en lui un profond sentiment de nostalgie. Il s'y sentait tellement bien qu'il en avait presque les larmes aux yeux. C'était très difficile à accepter. C'était comme si tous ses sentiments étaient mis à nus, ici. Alors, inévitablement, il se mit à flipper. Il avait peur de dire quelque chose, là tout de suite, qui en révélerait trop. Il avait peur de se laisser emporter par son cœur. Ainsi, il n'osa plus confronter le regard de lae Zeteki et son sourire s'évapora, comme s'il n'avait jamais été là.

    kyro. 017 ldd

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    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression, aussi, le post parle beaucoup de comportements auto-destructeurs et de pensées suicidaires.

    Si c'est too much, ne vous imposez pas la lecture, particulièrement la séquence en italique entre "*****" et les quelques paragraphes d'après.
    Gaby, ne te force pas non plus, au pire, contentes-toi de lire à partir du moment où Raol s'adresse à Gabryel ° 3° je pourrais alléger ou te faire un résumé au besoin ! /!/


    Finalement, la foutue grenouille essayait de jouer le jeu. Elle essayait réellement. Ce n’était pas pour faire plaisir au général qui avait proposé de s’amuser, ni même pour ellui-même. Raol voulait simplement occuper ses pensées et pour penser à autre chose, même si c’était pénible de l’admettre, Gabryel était toujours un bon plan. Il était… il arrivait à faire ricaner la grenouille d’une manière ou d’une autre. A lui donner de quoi répliquer souvent amèrement, mais parfois avec humour. A cet heure avancée de la nuit, songer à autre chose qu’à son humeur morose et à ses vieux souvenirs douloureux devenait presque une question de survie. Il n’y a pas une heure, quand Raol s’était retrouvé.e à contempler les décombres vieux de mille ans de leur ancienne demeure, ses yeux s’étaient attardés vers les hauteurs de la cité, vers l’aqueduc d’où était tombé son parent. Iel avait eu un vertige durant les quelques secondes où iel s’était projeté, s’imaginant faire ellui-même cette même chute pour en finir. Lea Zeteki avait vu flou et avait immédiatement rebroussé chemin alors que ses pensées devenaient une lourde mélasse d’idées plus sombres les unes que les autres. Iel avait eu peur. Peur de ce vide qui l’avait tant attiré l’espace d’un instant.

    A force de trop contempler l’abîme, on fini par y sombrer.

    Alors, il fallait s’occuper. Ne pas penser. Raol n’a jamais été vraiment doué.e pour ça, finalement ; réfléchir hors de ses certitudes. Iel ne pourrait même pas répondre à des questions comme « que veux-tu faire pour toi ? », « as-tu des choses que tu voudrais faire avant de mourir ? », « est-ce que tu as des rêves ? ». Car c’est trop égocentrique. Ce n’est pas intéressant. Cela n’a pas d’intérêt pour la communauté. Pour sa famille. Alors, Raol ne faisait juste rien.

    Autant rien faire. Rien attendre. Ne pas essayer de s’impliquer émotionnellement. On le regrette toujours.

    Pourtant, iel était là, à espérer quelque chose. A vouloir voir la vue depuis ces fameux remparts. Et Gabryel eut l’air presque heureux de s’exécuter. Décidément, rien ne faisait sens avec ce type.

    Il s’amuse vraiment ? Je ne comprends pas bien quel type d’amusement il tire de tout ça--

    Ou alors, n’est-ce pas Raol qui ne veut pas envisager de se laisser aller ? Ici et maintenant, avec cette personne particulière ? La grenouille déglutit mais finit par suivre, un peu à la ramasse, son comparse qui s’éloignait en direction des remparts. Comme Gabryel se perdait encore dans les quartiers éossiens et la ville basse, Raol lui indiqua des raccourcis à emprunter à quelques reprises. En échange, l’autre lui parla de ses cheveux. La grenouille écouta en levant légèrement les yeux au ciel mais retint cette histoire de vinaigre de cidre, même s’iel avait peur que la substance acide puisse esquinter sa peau d’amphibien sensible.

    En approchant de quartiers plus peuplés et du grand mur, iels remarquèrent qu’iels n’étaient pas les deux seul.e.s encore debout. Quelques amis bien faits étaient encore à s’amuser ça et là. Raol n’y prêta pas attention et se concentra de suivre machinalement le chemin, ne sachant quoi dire  pour faire la conversation. Gabryel s’en chargeait mieux, de toute manière. Même si c’était pour poser des questions qui dérangent. Et affirmer des choses qui ne faisaient que conforter les craintes de lea grenouille à fleur de peau.

    Il faut qu’il y ait un intérêt derrière les actions. C’est forcé.

    Cela sonnait faux mais Raol n’acceptait pas de penser autrement. C’est un peu lamentable, mais on l’a elevé de cette manière : « si tu veux quelque chose, attends-toi à ce qu’on te demande d’assumer un remboursement »… même s’il s’agit de choses qui ne doivent pas être calculées comme l’affection, l’amitié, les conseils ou de simples services rendus. Raol avait eu l’habitude d’être utilisé.e, d’avoir cette pression de toujours devoir quelque chose à Akiya et Ziyal. En effet, quoi de mieux que la parentalité comme argument pour persuader son enfant qu’iel ne pourra jamais avoir assez pour compenser le fait qu’on l’a élevé ? Qu’on a utilisé tant d’énergie pour ellui, qu’il est donc inacceptable qu’iel désobeïsse ou se comporte de manière égoïste ? Malheureusement, Raol avait appris tout ça par cœur et l’appliquait au premier degré, faisant en sorte que les gens lui apportent quelque chose à ellui avant tout, sans se soucier du reste. Iel se disait que des remboursements matériels suffiraient à chaque fois. Qu’ellui s’est passé de véritables preuves d’affection ou de reconnaissance toute sa vie, donc que les autres feraient aussi avec.

    Mais… tout ça, c’est stupide. Ce n’est une vie pour personne.

    « Sauf pour moi qui le mérite sans doute », se disait souvent la grenouille qui n’avait effectivement aucune foi en sa propre personne. Quand iel n’avait pas envie de disparaître, iel écrasait les autres pour compenser. Quand iel ne se sentait pas bien, iel réfléchissait, mais ne sentait plus mal encore.

    Mais, alors… tout ce qu’il a dit, pendant la foire, l’autre soir… c’était vrai ? Il n’a pas fait ça par intérêt ? Pour que je lui doive des choses ? Mais pourquoi ?! Il me déteste, je le déteste et-

    Les propos de Gabryel résonnaient très fort dans la caboche de l’amphibien, même lorsqu’iels approchaient finalement des remparts. Raol regarda Gabryel une nouvelle fois, alors qu’il lui faisait part de son plan de diversion et l’enregistra dans son esprit, hochant simplement la tête pour indiquer qu’iel avait pigé. En croisant les yeux brillants du plus grand, la grenouille se repassa encore une fois ses mots dans son esprit. Iel sentit sa cage thoracique envahi par quelques serrements étranges. C’était… iel avait apprécié d’entendre ça. Ça l’avait touché plus qu’iel n’avait envie de le croire et en même temps… Raol avait envie de croire que le général avait tenté de l’approcher sans arrière pensée.

    Mais si c’est vrai, je me suis vraiment comporté comme… mais ce n’est pas ma faute-- si. Je n’ai… je l’ai traité, lui et d’autres, comme j’ai toujours détesté qu’on me traite. Comme rien du tout. Je ne sais même pas faire autrement, c’est vraiment minable.

    Raol s’engouffra dans les escaliers en colimaçon lorsque l’autre s’éloigna, non sans que ses pensées continuent de lea harceler.

    Je suis un minable. Alors pourquoi moi ? Il va certainement pas me suivre. Il va repartir ailleurs et m’enfermer en haut de cette foutue muraille jusqu’à ce qu’on me trouve pour me foutre dans une géolle. C’est forcément ça, son but ! C’est un général et je l’ai offensé à plusieurs reprises, je ne vois pas pourquoi il ne voudrait pas se venger ou m’écraser pour se sentir mieux ?! N’est-ce pas comme ça que tout le monde raisonne, après tout ? N’est-ce pas la vérité, que-- que tout ce qui n’est pas « nous » est notre ennemi ?

    Apparemment non. Non. Raol avait envie de croire que « non ».

    Juste pour cette fois. Pour voir ce que cela fait. C’est putain de terrifiant. Pourquoi je suis comme ça ?! A toujours avoir peur de tout ?

    Iel avait accéléré le pas en arrivant finalement en haut. Essouflé, Raol s’avança sur le mur, vers le bord. Son souffle fut coupé lorsqu’iel sentit les bourrasques de vent balayer son visage, que toute la cité lui parut soudain petite, que l’Arbre Sacré n’avait plus l’air aussi grand. Tout était magnifique.    Son cœur se mit à battre plus fort en, avança vers le muret lea séparant du vide pour contempler l’exterieur. Les montagnes au loin, le lac scintillant sous la lune, les forêts et les plaintes paisibles.

    Et puis, le vide.

    Dans la pénombre, le vide qui descendait jusqu’au pied des murailles semblait infini. Raol sentit son cœur battre soudain furieusement dans ses tempes. Sa gorge était sèche, ses yeux soudain fascinés par quelque chose de bien plus sordide que la beauté du paysage tout autour d’ellui.

    Qui n’a jamais pensé à se pencher un peu trop par l’effet d’une curiosité étrange, pour essayer de s’imaginer ce que cela pouvait faire, de faire une chute de centaines de mètres ? Qui n’a jamais eu ce cauchemar où l’on se réveille juste avant de toucher le sol et que la sensation de « tomber » est encore ancré dans notre corps ?

    Sauf que Raol l’envisageait soudain un peu trop sérieusement. Ce n’était pas un rêve. C’était la réalité. Et la réalité est parfois bien plus cruelle que n’importe quel cauchemar.


    *****


    « C’est pas vrai, ça… pourquoi tu es encore là ? Tu sais bien que Ziyal s’inquiète quand tu ne rentres pas le soir ! »
    « Eh, m’donnes pas de leçon ! C’était toi qui nous a abandonné en premier, je te rappelle... »


    Je traîne Akiya hors du bar en lea laissant s’appuyer sur mon épaule. Comme a chaque fois, iel proteste avec sa diction lente, enrouée par les effets de l’alcool. Combien de fois, déjà, cette semaine ? Tous les soirs depuis samedi dernier. Et nous sommes vendredi. Depuis que je suis revenu.e, mon parent fait ça. Iel délaisse Ziyal pour aller boire, flirter et coucher ailleurs sans jamais rien dire à saon partenaire qui, de son côté, demeure mort.e d’inquiétude et s’imagine le pire. Lorsque Ziyal me voit revenir avec ellui, iel  est toujours soulagé et ne fais même pas attention à l’état pitoyable d’Akiya. Iel dit toujours que ce n’est pas sa faute, qu’on lui en demande trop. Que c’est aussi un peu ma faute, aussi, qu’iel est comme ça depuis que j’étais parti, que j’avais failli les abandonner avec « cette fille » qui accessoirement, avant un prénom : Junya.

    Évidemment, je ne dis jamais rien. Je n’ai rien le droit de dire. J’ai pris l’habitude. Maintenant j’en suis à un point où j’attends juste de subir mon sort sans faire de vagues.

    Ce soir, comme les autres soirs, je pourrais juste laisser Akiya dormir complètement bourré sur le pavé. Mais je sais ce qu’iel est capable de me dire comme horreurs et comme menaces le lendemain. Normalement, iel se laisse faire jusqu’à gagner le lit, mais cette fois, lea grenouille dorée  aux cheveux longs me repousse et se dégage de ma prise. Je ne peux que l’observer d’un air fatigué.

    « L-lâches-moi ! J’veux pas rentrer ! Tu m’emmerdes ! »

    Je ne réagis même pas. Je ne sais même plus comment je devrais réagir, tant on s’est amusé à broyer la moindre de mes réactions un peu émotionnelles. Mon impassibilité met mon parent hors d’ellui.

    « Baisses les yeux quand tu m’regardes ! Tu m’dois l’respect ! »

    Je soupire, baisse les yeux et me masse l’arrête du nez. Je suis fatigué.

    « Akiya, je veux juste te ramener à la maison… tu sais bien que je ne vais rien dire à Ziyal. »
    « Encore heureux ! J’ai accouché d’un lâche, manquerait pu que j’ai aussi mis au monde une grosse b-balance ! »


    Iel a beau dire qu’iel m’a mis au monde, j’ai l’étrange impression que c’est moi qui me comporte en parent, actuellement. Soudain, je vois un changement d’attitude dans le comportement d’Akiya. Iel rebrousse chemin vers je ne sais où… c’est pas vrai… je déteste les pochetrons !

    « Tu vas où ? La maison est de l’autre côté ! »
    « M’en fous j’me casse j’veux pas rentrer ! »


    Raaaaaaaaah ! Je commence à perdre le contrôle et émets un long soupir exaspéré.

    « Qu’est-ce que je dis à Ziya-- »
    « J’en ai rien à fouttre… Tu lui dis ce que tu veux, le baratin ça te connaît
    non ? »


    Akiya s’est retourné et a comblé la distance entre nous. Iel me surplombe du haut de son mètre 75.

    « Mais t-tu.. t’pourras lui dire toutes les saloperies qu’tu penses sur moi ! T’es libre parce que… parce que c’fini. »

    Son ton sonne soudain résigné. Je ne comprends pas.

    « ...Quoi ? »
    « J’veux pu d’cette vie merdique. »

    Cette vie merdique… n’est-ce pas ellui qui s’est toujours targué.e de la vie qu’iel nous avait gracieusement offert en Yggdrasil ? Ah. Iel va encore me sortir un sermon du genre « c’est ta faute si je suis malheureux.se », c’est ça, hein ? Bon sang… rapellez-moi pourquoi j’ai obéï et laissé Junya partir en échange de « ça » ?!

    « Ça suffit tu arrêtes tes conneries maintenant ! »

    Je hausse finalement le ton à l’encontre d’Akiya. Ce n’est pas la première fois que ça arrive mais cette fois, je n’ai pas peur. Iel peut essayer de me menacer pour m’en dissuader, mais je ne reculerais pas. Cette fois, même, c’est mon parent qui recule à ma place.

    « Oh, mais j’vais arrêter. J’vais tout arrêter. Tu comprendras, plus tard… on donne tout et au final, notre famille est ingrate et incapable de se bouger et de comprendre tous nos efforts. Qu’est-ce que j’ai demandé, moi, hein ? J’aimais même pas maon propre partenaire, tu crois que je l’avais choisi ?! Je t’ai pas choisi non plus ! Pourquoi vous êtes comme ça… »

    « Comme ça »… quoi ? Pourquoi je n’ai jamais vu Ziyal heureux.se ? Pourquoi j’alterne entre la colère, la tristesse et une profonde détresse ? Je n’en sais rien… mais je ne crois pas que notre vie familiale y soit pour rien. Sur le coup, les paroles d’Akiya m’ont laissé.e pétrifié. Evidemment, je suis atteint, bléssé.e. Je crois comprendre ou iel voulait en venir mais… je n’ai pas réagi. Akiya s’est simplement changé en grenouille et a disparu dans la nuit. Je savais qu’iel commencerait tôt au travail le lendemain. Que je l’y retrouverais dans quelques heures pour commencer une profession qu’on m’a imposé pour que je ne déçoive pas encore. Une vie que je détesterais encore plus que je ne la hais actuellement.

    Mais ça ne s’est pas passé comme ça.

    Car le lendemain, Akiya a chuté depuis l’aqueduc. J’ai compris sans aucun mal. Mais personne ne l’avait vu la veille, n’avait prêté attention à son comportement depuis des semaines.

    « Ce n’était pas un accident. »


    Ai-je glissé, un soir, à un de ses anciens collègues, au bar, quelques jours après sa mort.

    Personne ne m’a jamais cru.

    *****



    Le vide est toujours là. Je pense encore à Akiya. J’ai peur lorsque, soudain, je comprends ce qui l’a poussé à sauter tandis que les autres avaient le dos tourné. C’est… si simple d’en finir. Si tentant. Si haut. Ça doit aller si vite. L’Eos m’acceptera quand même, comme il accepte tout le monde. L’Eos me donnera une nouvelle vie, meilleure, sans doute, que celle-ci. C’est sans doute comme ça qu’iel avait raisonné. C’est logique. Il y a eu des cas de figures, de membres de notre communauté, malades, qui se laissaient partir entourés par leur famille en espérant une prochaine existence plus clémente.

    « Personne ne te regrettera. »

    M’a-t-on dit un jour. C’est probablement vrai. Gabryel n’est toujours pas arrivé. Il a du me laisser là, comme je l’avais prédit. Personne. Personne ne viendra. Comme je ne suis jamais venu pour Akiya. J’inspire profondèment. C’est… c’est peut-être la seule chose qui me reste… ?

    Puis, soudain, le bruit des pas du général surgit dans mon dos. Je sursaute et me retourne. Mon cœur est encore affolé. Iel est venu, finalement. Ma respiration, rapide, le demeure encore un bon moment. Mon corps a un mouvement de recul, cessant de se pencher au-dessus du vide pour se relever et rester derrière le muret.


    Les mains de la grenouille se décrispent. Ses yeux ne fixent plus que le paysage, l’horizon. Son cœur se calme alors que le général approche et qu’iel entend à nouveau sa voix, l’ancrant dans le réel, éloignant ses démons pour le moment.

    Satisfait.e… ? Je n’en sais rien.

    « C’est… c’est vraiment beau. »

    Fut la seule chose qu’iel put dire sur le moment pour répondre au général. Comme une réalisation. Que, malgré les 1000 ans passé, malgré tout… le monde est resté beau. Il semble avoir grandi. C’est vertigineux et fascinant tout à la fois. Raol se rappelle soudain son émerveillement lorsque sa mentor l’emmenait pour la première fois loin d’Eos. Il y a tant à découvrir, dehors… alors, pourquoi continue-t-iel a s’en priver comme si l’extérieur, l’autre était forcèment synonyme d’agression, de danger, d’horribles choses comme on lui a toujours décrites. L’extérieur avait aussi Junya, après tout, non ? Enfin, avait eu, il est certain qu’en mille ans, son ancienne compagne n’était plus.

    Raol soupira longuement, en pleine nostalgie. Le silence s’allongea entre ellui et le général qui l’avait rejoint. Tout était paisible, soudain. Presque trop paisible. Ce n’était ni agréable, ni pénible. Iel se sentait juste « là ». Iel se sentait vivre, tout simplement et ne détestait pas ça même s’iel ne pouvait pas s’empêcher de penser à ce qu’iel aurait pu faire si Gabryel ne n’avait pas rejoint.

    La grenouille osa un regard vers son accompagnateur qui avait l’air, lui aussi, atteint par la beauté de la vue. Une nouvelle bourrasque balaya les hauts murs et l’animorphe au sang froid frissona légèrement. Ses yeux continuèrent de fixer le Venomania quelques instants. Iel avait des choses à lui dire. Pas que ses paroles l’avaient touché, sûrement pas, pas toutes les pensées morbides qu’iel avait eu il y a quelques minutes.

    Mais je… peut-être qu’il est…

    « Je… je me suis mépris.e sur vos intentions. »

    Finit par dire la grenouille sans quitter des yeux son interlocuteur.

    « Je ne peux pas m’empêcher de penser que vous… que les militaires nous veulent du mal. Beaucoup sont juste terrifiés. »

    Raol évitait bien entendu de dire « je suis terrifié » et généralisait donc pour noyer le poisson. Iel n’allait pas admettre à voix haute que ce n’était même pas question de caldissiens ou d’altissiens ou d’étrangers. Iel n’avait jamais croisé de militaires, avant. Des mercenaires, oui, mais pas d’aussi près. Iel avait la chance de ne pas avoir connu la guerre. Mais des gens armés les avaient menacés et investi une ville qui avait toujours été la leur. Iel ne pouvait qu’avoir peur. Peur de vivre sous la menace, encore, peur de vivre avec la peur au quotidien. Peur de ne plus pouvoir faire ce qu’iel veut, encore. Peur qu’on lui laisse encore une chance alors qu’iel a parfois juste envie de disparaître de ce monde car l’existence est parfois trop lourde dans son cas. Peur de ne jamais être a sa place nulle part.

    Raol n’allait pas rappeler que tous les évènements actuels n’avaient aidé en rien. Gabryel le savait. Il avait d’ailleurs tenté d’ouvrir la conversation à ce sujet à plusieurs reprises. Il s’était même inquiété pour Natsume.

    Contrairement à moi, Natsume mérite qu’on s’inquiète pour lui, au moins.

    « A la foire, vous-- vous n’aviez aucun intérêt à me… à m’aider, mais vous l’avez fait. Je ne voulais pas le… je n’arrive pas à l’accepter. Vous êtes un militaire, vous avez du pouvoir et-- »

    Il aurait pu faire absolument ce qu’il aurait voulu de moi. Personne n’aurait rien dit. Les puissants en profitent. C’est comme ça. Même si ce n’est pas de manière forcément visible.

    Mais, Gabryel avait tendu la main.

    Et j’ai réagi en le rejetant, j’aurais pu lui cracher à la tronche, ça aurait fait le même effet. Je ne comprends vraiment pas pourquoi mais… mais…

    Tout ça, sa fatigue, lui donnèrent le droit à un instant de lucidité.

    « Merci. »

    Merci de ne pas m’avoir laissé disparaître.


    Dernière édition par Raol Zeteki le Mer 4 Nov 2020 - 18:12, édité 1 fois

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +
    Tout tournait dans sa tête. Ses souvenirs se bousculaient, s'entrechoquaient, parfois s'effaçaient le temps de quelques instants. Gabryel fixait l'horizon, sans forcément le regarder en détail. Son regard était perdu, brumeux et indéchiffrable. Il pensait à tout et à rien à la fois. Une bourrasque souffla, le décoiffant un peu par la même occasion. Un long soupir. Un cri d'aigle au loin. Son cœur battait fort et vite. Il cru presque que Raol pouvait entendre la mélodie que jouait son organe vital dans son thorax. Déglutissant, la gorge sèche, il n'osait plus faire le moindre mouvement, comme s'il était paralysé. Son estomac se tordait de plus en plus à l'idée de jeter un coup d’œil à l'éossien.ne à ses côtés. Aimait-iel la vue ? Était-iel déçu.e ? Apparemment non, puisqu'après un petit silence, iel réussit à articuler, partageant son avis sur l'endroit. Le militaire ne pouvait qu'hocher la tête. C'était presque magique tant c'était beau. Pourtant il devrait être heureux. Mais un inexplicable sentiment de nostalgie le rongeait, faisant disparaître sa joie. Il ne comprenait pas. Malgré la promesse qu'il avait fait, il n'arrivait pas à oublier ce qu'il s'est passé le soir de la foire. Il ne pouvait tout bonnement pas ignorer cela alors que la rainette se trouvait juste là, à côté de lui.

    Tout était trop calme. Ça lui donnait l'affreuse sensation d'être comme prit au piège. Il se sentait comprimé. Il fallait qu'il parle. Il fallait qu'il trouve de quoi rendre l'ambiance plus douce, plus respirable. Mais il ne trouvait rien. Lui qui avait toujours su s'adapter à toutes les situation, il se retrouvait désarmé pour la première fois. Il avait peur. Plus que jamais. Il sentait que quelque chose naissait entre eux. Un lien. Encore indiscernable, il ne porte pas de nom, il n'est pas plus solide que cela, mais il est présent. Et ça terrifie le caldissien. Il ne trouvait pas la force de briser ce qui venait à peine de germer. Il ne savait pas pourquoi. Jamais il n'avait hésité à détruire des liens tout neufs. Mais là, il n'avait juste plus de contrôle et ça n'arrangeait rien à son stress. Cette situation n'avait aucun sens. Il sent ses yeux le piquer. Mais Gaby tient bon. Il ignorait comment, mais il arrivait à garder son sang-froid extérieurement. En réalité, c'était une tempête qui ravageait tout à l'intérieur de lui. La brise était fraîche, pourtant il avait plus chaud que jamais. Son angoisse ne faisait que croître. Ses paumes étaient moites. Il cru presque faire un arrêt cardiaque. Puis, les mots de lae Zeteki raisonnèrent, se déversant en lui comme un cascade. Violemment, d'un coup, bruyamment.

    Non. Arrête toi. Ne dit rien de plus.

    La bouche fermée, il fixa le vide, se mordant la lèvre. Pourquoi n'arrivait-il pas à refuser d'entendre ça ? Pourquoi attendait-il aussi impatiemment la suite de son monologue ? Iel le fixait. Gaby pouvait le deviner du coin de l’œil. Presque machinalement, il vint rencontrer son regard, l'affrontant malgré l'inquiétude qui grimpait en flèche en lui. Serrant la mâchoire et les poings, il l'écouta attentivement, ne manquant aucun de ses mots, analysant presque ses différentes intonations. Il aimait autant qu'il détestait ce qu'iel disait. Beaucoup sont terrifiés. Iel est terrifié.es... de moi ? De nous ? Gabryel en avait conscience, il savait que les militaires étaient synonyme de cauchemars, de tueurs, de voleurs... Mais c'était toujours aussi dur à avaler. Il savait quelle sensation cela faisait de voir ses terres êtres envahies, détruites, changées... Il avait déjà vu les siens se plier face aux Altissiens. Il avait encore cette vision d'horreur. Les corps, étendus dans des marres de sang, dans des villages où il était déjà passé. Il savait la sensation que ça faisait de voir une connaissance, un.e ami.e, sans vie dans ses bras. Il le savait. Il l'avait vécu et l'avait fait vivre à d'autres. Il n'oubliera jamais la froidure d'un cadavre. La couleur blafarde. L'odeur parfois infâme. Ils avaient fait vivre ça aux éossien.nes, eux qui n'avaient fait que se réveiller d'un long coma.

    A sa plus grande surprise, Raol revint de ellui-même sur le sujet de la foire. Gabryel se tritura les doigts en se rejouant la scène en tête. Il l'avait prit dans ses bras. Il lui avait offert sa présence. Il s'en voulait. Il culpabilisait ? Oui. Il se disait qu'il aurait dû trouver quelque chose. Si seulement il avait su réagir. Si seulement il avait essayé ! S'il s'était rendu compte plus tôt de l'état dans lequel était la grenouille. Si, si, si. On peut refaire le monde avec des « si... ». C'était idiot. Il se trouvait stupide à cet instant. Lea joaillier.ère lui faisait perdre la tête. Comment quelqu'un pouvait-il avoir un tel effet sur lui ? Il était complètement perdu. Il ne se reconnaissait plus. C'était horrible comme expérience.  Le pouvoir, l'argent, la noblesse, oui, il possédait tout cela. Oui il avait un caractère de merde. Mais il avait tendu sa main à Raol. Depuis quand donnait-il sans rien attendre en retour ? Avait-il toujours été comme ça ? Probablement. Peut-être. Il ne se souvenait plus. L'animorphe se stoppa. Gabryel eut un haut le cœur. Merci. Iel avait dit merci.

    Qu'est-ce-que... Je ne comprends pas. Iel me déteste. Je le déte-...

    En est-il réellement sûr, au final ? Lea détestait-il vraiment ? Le Venomania était vidé de son énergie. Sa peur grandissante ne faisait que l'épuiser. Elle ne cessait de s’agrandir. Elle prenait toujours plus de place en lui. Elle... le remplaçait. Il tremblait à l'idée de dire une connerie. Peut-être lea Zeteki croira que c'est le froid qui le faisait trembloter ainsi. Il prit une grande inspiration, comme prêt à parler, mais rien ne sortit. Soupirant longuement par le nez, il cherchait ses mots. Rien ne lui venait. Il ne savait absolument pas quoi dire. Sa frayeur l'empêchait de réfléchir correctement. Il fouilla donc ses souvenirs, à la recherche d'aide. Il forma une phrase hasardeuse.

    « Je te l'ai déjà dis, je le referai tous les jours s'il le fallait. »

    Il ne faisait que ça, ressasser ses anciennes paroles. N'était-il donc plus capable de parler ? Lui, qui se vantait tant de ses capacités d'orateur ? Lui ? Petit-fils de Ludeciel ? Il avait honte. Il ne se sentait pas méritant de tout ce qu'il a. Il a toujours l'impression de jamais être assez bon, assez fort, assez intelligent... Ce n'est pas de l'humilité. Il se sentait réellement comme étant continuellement sous pression. Il devait faire plus d'effort, être plus parfait, plus beau, plus doux, plus autoritaire, plus, plus, plus, plus. Toujours plus. Jamais assez. Toujours trop. Jamais complet. A la conquête du perfectionnisme, il ne réussit au final à ne récolter que ce que les autres attendent de lui. Il ne fait jamais ce qu'il souhaite vraiment. Son boulot n'était pas le sien, mais celui de son père. Sa religion n'était pas la sienne, mais celle de son pays. Il s'était même forcé à ressembler à Orion, son arrière-grand père, pour avoir quelque chose qui le rapprochait d'un absolu. Au final, qui était-il vraiment ?

    « Tu... J'espère néanmoins ne plus avoir besoin de le refaire. Je préfère t'entendre m'insulter. »

    Il ricana nerveusement. Il se trouvait lamentable. Il n'arrivait pas à exprimer ce qu'il ressentait, tout ça parce qu'il avait peur. Il s'écarta du mur, pivota son buste, et fit face au.à la plus petit.e face à lui. Plantant ses yeux dans les siens, plongeant son regard, tentant de lui faire comprendre en un échange oculaire toute l'intensité de ses émotions, tout ce qu'il pouvait penser. Il prit une profonde inspiration, cette fois-ci bien décider à faire un pas en avant. Il voulait combattre contre sa phobie. Au moins une fois ! C'était le moment idéal ! Il voulu poser une main sur l'épaule de la rainette, mais il se ressaisit. Sans doute ne voulait-iel aucun contact. Il valait mieux ne rien faire. C'était plus préférable.

    Ne faire aucune erreur.

    Toujours à la recherche de cette perfection utopiste, même maintenant. Ne pouvait-il donc pas s'en empêcher ?

    « Je t'ai haï avec une telle force, tu ne peux pas t'imaginer. Pourtant, j'avais beau m'acharner, alimenter ma rancune... Je n'y arrivais plus. Je ne t'ai pas pris en pitié. J'avais juste... envie d'en savoir plus sur toi ? Je ne sais pas je-... Laisse tomber. »

    Il secoue la tête. C'était finalement inutile d'avoir essayé.

    Je fais le héro, et finalement je ne vaux rien derrière.

    « Je veux juste que tu saches que ce que tu peux voir de moi, enfin croire voir, ce n'est pas réellement moi. Le Général de l'armée Caldissienne, ce n'est pas moi. Ce... n'est qu'un masque, en quelque sorte. »

    Il l'a avoué. Enfin. Il l'a dit. Peut-être que c'est enfin le début de sa vie à lui. Il ne sait pas pourquoi il y tenait tant, à ce que Raol sache cela, mais c'était là et il était... soulagé. Un petit peu.
    kyro. 017 ldd

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    La nuit, tous les débiles sont gris


    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression /!/

    Pour cette fois, Raol sentait que son interlocuteur n’allait pas se foutre d’ellui pour ce qu’iel venait de lui confier. Ses mots étaient plutôt cryptiques et hésitants, peut-être que Gabryel ne comprendrait pas et laisserait couler. Néanmoins, la réaction du plus grand laissait croire tout l’inverse. Il était assez évident que le général était secoué. Ou alors il était épuisé d’avoir grimpé les marches jusque-là, lui aussi.

    Il tire vraiment une sale tête. Il a le vertige ? Je comprends rien. Il avait l’air bien content de faire sa diversion pour m’emmener jusque là, pourtant.

    La grenouille se  sentait bizarre, elle aussi. Elle se sentait vulnérable, après avoir fait preuve d’un peu de sincérité et craignait encore plus les réactions de son interlocuteur. Mais en même temps, cela avait quelque chose de libérateur ? Ce n’était pas spécialement agréable de se sentir « mis.e à nu » mais, au moins, sa conscience semblait un tout petit peu plus apaisée.

    ...Pourquoi, il se tait, d’un coup ? Normalement, on ne peut pas l’arrêter.

    Bon, Raol n’aime pas quand le caldissien ouvre sa grande bouche pour lui faire des sermons et lui rappeller combien iel est pathétique. C’est un peu trop réel même si lea Zeteki peut toujours s’échapper en répondant quelque chose comme « bah oui je sais, question suivante » ? Mais, là, l’ambiance était vraiment étrange. L’autre ne voulait même pas défier son regard et semblait on ne peut plus tendu, au point qu’il tremblait légèrement. L’animorphe demeura silencieux.se, reportant finalement son attention sur le paysage et la lune et le ciel clair des nuits encore fraîches du mois de mai. Iel se sentait exténué et attendit juste, en essayant de calmer le rythme affolé de son cœur. Ses confession lea rendait nerveux.se, lui donnaient cette impression paranoïaque qu’on allait en profiter pour lui faire du mal. Et puis, il y avait encore ses pensées auto-destructrices qui lea mettait mal à l’aise.

    Après un petit moment, l’autre finit par répliquer avec des propos qui sonnaient familiers. C’était bizarre, chez eux, cette manie de renvoyer à des choses qu’iel s’étaient déjà dites. Etait-ce une manière pour Gabryel de lui dire qu’il était sincère ? Qu’il le ferait pour n’importe quoi d’autre de toute manière ?

    Ça doit être ça. Je ne vois pas pourquoi il aurait fait ça pour moi plus qu’un.e autre.

    Raol refusait de se donner la moindre importance aux yeux du général. En même temps, l’idée que, peut-être, Gabryel avait agi ainsi pour ellui spécifiquement provoquait chez Raol des choses étranges. Encore une fois… pourquoi ferait-il cela ?

    Mais, finalement, Gabryel n’avait pas envie de refaire ce qu’il avait fait pour Raol par le passé. Parce qu’il préférait qu’on l’insulte.

    Si c’est ça qu’il aime, ça peut s’arranger mais je ne suis pas d’humeur…

    Blague à part…

    Après, on va dire que c’est moi qui n’ait pas d’amour propre, hein. Quelque chose me dit qu’il n’est pas mieux loti que moi à cet égard.

    Plus cela allait, plus la grenouille se disait que Gabryel essayait de lui avouer quelque chose à son sujet. Etait-ce pour être quittes ? Sans doute pas, vu les efforts que cela avait l’air de demander au plus grand.

    Des efforts… il fait ça pour moi ? Pourquoi voudrait-il se confier à moi, spécifiquement ?



    Il m’a haï ? Oui, bon, rien de nouveau sous le soleil- enfin, sous la lune. 


    Ce n’était pas étonnant. Raol se contenta de hausser les épaules, se donnant l’air détaché, comme d’habitude.

    « Oh, ça, vous en faites pas, vous n’êtes pas le premier à me haïr. »

    La grenouille n’essaie plus de demander aux autres de la respecter ou même de l’apprécier. Iel ne sait, au fond, qu’iel ne fait plus grand-chose pour le mériter. Qu’iel a totalement assimilé l’idée, comme on lui a répété des milliards de fois, qu’iel sera toujours seul, qu’iel n’a rien à offrir et ne peut que se servir des autres pour avancer puis se faire repousser à chaque fois.

    Dans de telles circonstances, le fait que l’autre affirme avoir voulu mieux lea connaître faisait l’effet d’un coup de poing dans le ventre. La grenouille se sentit paniquer à nouveau.

    Pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Pourquoi il… qu’est-ce qu’il cherche ? Je lui ait dit que je-- que je n’ai rien à lui offrir, que je ne l’apprécierais jamais et--

    J’ai essayé de le décourager. Pourquoi, d’ailleurs ? Est-ce… est-ce que j’espérais autre chose ? Il… il m’a… il m’amusait. Derrière les insultes et l’attention négative il y avait quelque chose. Quelque chose d’addictif, qui me donnait envie de plus à chaque fois. Quelque chose qui n’était pas désagréable, qui…

    Raol ne saurait pas mettre des mots dessus, mais ses échanges avec Gabryel ne l’avaient jamais laissé.e indifférent.e. La présence de l’homme aux cheveux de nacre était particulière et… galvanisante, pour lea Zeteki.

    C’est… est-ce que c’est pareil, pour lui ? Est-ce que c’est pour ça qu’il revient, même après tout ce que je lui ait dit pour lui éviter ça ?

    Finalement, l’autre passa aux aveux, mais, Raol ne fut pas aussi suspris.e que ce qu’iel aurait cru. L’autre admettait porter un masque la plupart du temps. Pour le travail, peut-être ? Pour mieux assumer son rôle de général ? Cela semble effectivement le meilleur choix « stratégique », pour ce qui est des affaires, dans n’importe quel domaine. Après tout, lea joallière, elle aussi, se donne des airs quand iel s’occupe de la clientèle du magasin. Sans ça, sans se prêter au rôle, iel se sent trop nerveux.se.

    « J’avais remarqué, ça. C’est plutôt évident. »

    Gabryel lui avait avoué cette histoire de masque en lea regardant droit dans les yeux. Peut-être que les mots de Raol allaient blesser le militaire dans son égo, mais c’était la vérité. Raol prétend sans arrêt, ne sait même plus qu’iel iel est derrière sa défense friable de condescendance insupportable et sans amour propre.

    « C’est… enfin, vous pouvez pas me la faire, à moi. Les sourire mielleux insupportables, je connais. Mais vous avez dû le remarquer aussi. Toute façon, pour le travail, il faut bien prétendre. »

    Peut-être que c’est pour ça, que ces deux là s’insupportent tellement. Car iels voient chez l’autre les tactiques qu’iels utilisent chaque jour pour compenser ce qu’iels détestent tant en elleux. Le fait que derrière la barrière de sarcasme, d’insultes et de phrases hautaines bien préparées se cache juste un être effrayé par tout, et surtout par le fait que d’autres lea comprennent. Que d’autres voient à quel point iel est pathétique, qu’il n’y a rien à faire pour eux, à part les laisser pourrir dans un coin. Car iels ne peuvent même pas s’aider elleux-même.

    Ah, oui, ça s’appelle « tendre le bâton pour se faire frapper », parait-il. Mais bon, quand on prend l’habitude de faire semblant, on en devient accro et on se dit que c’est plus facile de vivre ainsi, en étant « personne », sans jamais s’impliquer personnellement. Mais non. C’est usant.

    Raol soupira, ne sachant pas quoi rajouter. Iel ne savait pas si l’autre voulait entendre quelque chose en particulier. Dans tous les cas, ce n’est pas l’amphibien qui réussira à toucher juste. Iel n’avait aucune fichue idée de ce qu’iel pourrait bien dire à l’homme à ses côtés. Etait-iel seulement touché par sa sincérité ? Probablement. Tout cela ne laissait pas Raol indifférent.e, c’est certain.

    Mais… et maintenant ? Qu’est-ce que ça change ? Qu’est-ce que… où est-ce que ça nous amène ?

    Lea Zeteki se tendit, incapable de mettre des mots sur ce qu’iel désirait. C’était le bordel dans sa tête et iel était vraiment fatigué.e, ses filtres et ses défenses tombaient.

    « A propos de travail, d’ailleurs, Melchior m’a viré. A croire que faire semblant ça ne marche pas si bien que ça. »

    Iel prononça ces quelques mots avec un détachement de façade. En réalité, ça l’embêtait réellement mais iel ne voulait pas lutter. C’était inutile, le gobelin avait fermé la porte.

    « Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire quand on aura réglé ça. Des fois je… j’ai juste envie de partir. »

    Machinalement, la grenouille commença à vider son sac. Parfois, iel étouffait. Iel se rapellait comme rester en place dans un travail répétitif n’était pas épanouissant pour ellui. Ça allait encore, quand travailler avec Melchior était agréable, qu’iels partageaient au moins une passion commune pour les gemmes, qu’iels s’entendaient bien, avaient leurs propres délires… oui, les choses se passaient si bien, fut un temps.

    J’ai tout foutu en l’air, mais c’était à prévoir. De toute façon, je me suis mis dedans tout.e seul.e.

    « Mais je ne peux pas laisser mon parent seul.e. Depuis la mort de saon partenaire, avant la Chute, iel dépend de moi. »

    Donc je n’ai pas vraiment d’autre choix de faire comme si je tenais le coup. Même si je ne sais même plus pourquoi je me force à faire tout ça.

    « Heh. Vous qui vouliez en savoir plus sur moi, vous devez être déçu. Peut-être que c’est effectivement mieux quand on s’insulte, finalement. »

    Raol décida de s’arrêter là pour ce qui est des confessions nocturnes. Son regard doré se fixa sur le visage de son interlocuteur aux cheveux trop longs.

    « Tirez pas une tronche pareille, z’allez vous rider. »

    Tout ça est bien pathétique, oui.

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +
    Gabryel détailla la trogne blasée que semblait prendre à tout instant Raol. Lorsqu'iel n'affichait pas un sourire arrogant ou mielleux, iel se parait d'un air détaché qui pourtant se fissurait peu à peu. Et cela peut peut-être s'avérer malsain, mais le militaire éprouvait une morbide satisfaction à lea voir ainsi. Non pas qu'il appréciait lea savoir dans un tel état de détresse, loin de là, mais le fait que la carapace un peu trop solide de cet énergumène finisse par craqueler face à lui... C'était comme s'il se sentait privilégié. Évidement, il n'aurait jamais pu espérer que cela arrive de cette façon. Il est simplement « heureux » que cela soit arrivé. Rester sur un échec, il détestait ça. Et il l'avait vécu ainsi lorsqu'il se sentit rejeté, insulté, détesté, par Raol. Il aimait qu'on lui résiste d'habitude, mais en bon gamin capricieux il finissait toujours par avoir ce qu'il voulait.

    Alors lorsqu'il comprit que ça n'allait pas marcher de la même façon avec la rainette... ça l'a agacé. Ce n'est pas comme s'il avait l'impression de passer à côté de quelque chose, c'est juste que c'était un défi à relever, pour se prouver à lui-même qu'il excellait en tout, tout le temps. Néanmoins ça n'avait pas fonctionné. Et même à cet instant, perché sur le grand mur à ses côtés, alors que le vent frais emmêle sa chevelure d'ivoire, il n'est pas tout à fait sûr d'avoir mené à bien ce challenge. Il avait encore ce désagréable sentiment de défaite. Rien ne marchait plus comme il le désirait. Son instable besoin de contrôle était perturbé.

    La grenouille approuva ses paroles de façon désinvolte, comme si c'était tout à fait logique. Gaby n'avait rien à répondre. Après tout, il pouvait aisément comprendre pourquoi certaines personnes pouvaient lea haïr. Lui-même avait encore du mal à s'avouer qu'il pouvait potentiellement ne plus tant le détester que cela. A dire vrai, l'éossien.ne n'y mettait clairement pas du sien pour être aimé.e. Iel faisait croire qu'iel était au dessus de cela, mais au final ça le touchait, non ? Malgré la panique qui l'habitait à l'idée de laisser entrevoir une part de lui à ce type que son amant détestait tant, il réussissait à affronter son regard, à nouveau. Comment était-il censé apprendre à connaître quelqu'un lorsqu'il ne se connaissait plus ? Raol se fait-iel la même réflexion ? Partageait-iel les mêmes pensées que Gabryel ?

    C'est plutôt évident, lui avait-iel dit. Oui. Iel avait raison, certes, mais le caldissien ne pouvait s'empêcher de sentir son ego en prendre un coup. Parce qu'il a été trop prévisible, parce que ça lui avait demandé un effort considérable pour l'avouer ou parce que lea joaillier.ère n'était aucunement étonné.e ? Les trois, sûrement. Et iel justifia ses paroles, maladroitement, en lui expliquant qu'iel faisait exactement la même chose. Gaby le savait et c'était principalement pour cette raison que cette foutue grenouille l'agaçait autant. Iel savait comment chatouiller ses nerfs, jouer subtilement -ou non- avec sa patience et siffler des propos tranchants à longueur de journée.

    Je ne voulais pas me l'avouer, mais au final on se ressemble malheureusement sur bien des points. L'idée qu'iel puisse être semblable à moi nuisait à ma bonne humeur générale car je ne réussissais pas à comprendre que je ne valais guère mieux. Mais maintenant que j'ai fini de me conforter de ma médiocrité, que suis-je censé faire ? Que dois-je dire ? Maintenant que j'ai pris conscience de tout cela, ne serais-je pas encore plus ridicule en continuant de faire semblant ? Arriverai-je même à me trouver ? Et ellui ? Comment fait-iel ? Regrette-iel sa façon d'être et d'agir ? Moi qui suis revenu vers ellui malgré toute la haine que je nourrissais intérieurement pour ellui, que suis-je censé faire lorsqu'iel me rejettera à nouveau ? N'aurai-je pas l'air bien minable ?

    Il se posait bien trop de questions. Il voulait prédire ce qu'il se pouvait se passer pour réussir à affronter les situations délicates sans faire d'erreur. Ou les éviter. Mais c'était en se questionnant autant qu'il allait finir par rater ce qu'il se passe. Il passera à côté de nombreuses choses, trop préoccupé par ses propres pensées. Trop centré sur lui. Car il n'a jamais pensé à quelqu'un d'autre que lui-même. Il ne savait pas où tout cela allait les mener et ça l’amenait à se dire que ça ne servait à rien de continuer ainsi. Car s'il n'est pas capable de contrôler, alors il pense que ça ne vaut pas le coup. Néanmoins, alors qu'il pourrait très bien descendre les escaliers et partir, il restait là, posé face au vendeur de gemmes. Ses pieds refusaient de se décoller du sol. Il était obligé de rester. Quelque chose le retenait ici, bien qu'il ne sache pas quoi.

    Et Raol reprit la parole, annonçant à Gabryel que Melchior l'avait viré. Le général n'arrivait pas à remettre un visage sur ce nom, mais sa mémoire hasardeuse lui indiquait que c'était le gobelin qui était aussi avec eux lorsque les lagomorphes chocolatés ont envahit la ville. Lui aussi avait finit par craquer et dégager saon collègue ? Ce n'était pas une nouvelle des plus réjouissantes. Mais le militaire restait tout de même surpris que le petit violet ait supporté la rainette silencieusement pendant toutes ces années... Avait-il prit la bonne décision ? Pour lui, oui. Pour ellui cependant... Enfin, sans doute cela lui fera du bien plus tard. Sans doute pourra-t-iel comprendre ce qui ne va pas chez ellui. Alors qu'iel vidait son sac, Gabryel bloqua sur la fin de sa phrase.

    Partir ? Iel est aussi faible que ça ? Iel serait capable d'abandonner ainsi ? Sérieusement ? Je ne comprends pas. Comment est-ce possible de se résoudre à cela ? La vie est bien trop courte, bien trop précieuse, bien trop rare... Ce n'est pas que je ne veux pas lea voir disparaître mais... Enfin... C'est pas comme si iel m'importait... Iel fait ce qu'iel veut... Mais... Je ne sais pas. J'ai juste envie de lea connaître encore un peu.

    L'on dit souvent que tout ce qui précède un « mais » est un pur mensonge. C'était le cas pour les pensées de Gabryel, quoiqu'il puisse en dire il avait finit par accrocher à Raol. Il avait créer lui-même un mystère autour de la grenouille pour justifier son attention à son égard. Tandis que le regard doré de l'éossien.ne vint se fixer sur le visage crispé du général, celui-ci ne pouvait s'empêcher de le transpercer du regard d'une façon presque sévère. Iel se confia sur le décès du partenaire de saon parent, mai ce n'est guère ce qui affecta Gaby. La mort, il avait finit par s'y accoutumer. Ça ne le rend plus désolé. De toutes façons, lea Zeteki ne semblait pas plus désolé.e que ça pour ellui-même.

    En réalité, ce qui tirailla à nouveau le Venomania c'était plutôt le fait qu'iel proclame à nouveau qu'il était déçu. Que peut-iel bien en savoir ? Dans un long soupir, le plus grand pivota pour s'accouder au muret, glissant ses prunelles vers l'arbre sacré. Il ne se passa même pas cinq secondes entre la fin du monologue de lea joaillier.ère et la réponse de Gabryel. Pourtant, il eu le temps de se perdre dans la beauté du paysage, réfléchissant silencieusement à ses prochaines paroles. Il n'allait pas mâcher ses mots, ni déguiser la vérité. Avec Raol, ça ne servait à rien. Et au fond, ça lui plaisait bien de pouvoir se montrer à peu près authentique avec ellui. Même si tout semblait les séparer aux premiers abords, ce n'était au final pas tout à fait le cas et c'est ce qui poussait le noble à se comporter ainsi avec ellui.

    « T'as vraiment un soucis avec mon âge toi. » Ricana-t-il doucement. Il reprit une expression plus sérieuse et sans lea regarder continua. « Je ne sais pas ce qui peut te faire croire que je suis déçu. Je ne m'attendais à rien. Je n'espère rien de toi. Et c'est pour ça qu'au final je suis heureux d'en savoir un peu plus, qu'importe ce que tu peux me raconter. Ça me satisfait quand même. »


    Il sourit un peu en lançant un regard en biais vers sa direction et se redressa un peu, tout en laissant ses mains sur le rebord du précipice. Un rien le séparait du vide. Une brise fraîche lui fit dresser les poils. Il n'est pas du genre frileux, mais à cette heure-ci à une altitude si élevée, n'importe qui peut avoir froid. Bref.

    Je ne dis pas ça pour satisfaire son ego. Ni même pour me lea mettre dans la poche. Je m'en fiche. Je ne souhaite actuellement lui dire que la stricte vérité. Le fond de mes pensées. S'iel le fait, alors je le fais, c'est tout.

    « Et c'est toi qu'est le plus ridé.e entre nous. C'est ça de constamment froncer les sourcils. Imite moi un peu et souris, tu verras comme c'est presque magique foutue grenouille. »


    Un long rictus à la fois mielleux et même un brin enjoliveur -ses habitudes qui le rattrapent- se dessina un peu plus clairement sur sa trogne tandis qu'il vint poser son regard améthyste sur celui plus doré de la rainette. Le fameux surnom qu'il lui donna en fin de phrase raisonna ici plus comme une petite provocation que comme une réelle insulte. Iel n'avait pas tout à fait tort. Gabryel affectionnait leurs échanges épineux au fond. Quelqu'un qui lui tient tête sans peur, ça lui plaisait forcément. Guettant attentivement la réaction de Raol, il ne put s'empêcher d'ajouter, d'humeur taquin :

    « Te jette pas à nouveau dans mes bras, je ne suis pas encore bien préparé. Dans deux minutes si tu veux. »


    Il rit doucement, tout sauf sérieux. Il préférait faire redescendre l'atmosphère. Ça ne servait pour l'instant à rien d'insister pour des confessions, iel en avait déjà beaucoup dit.
    kyro. 017 ldd

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    La nuit, tous les débiles sont gris


    Avec
    Gabybine



                

    Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.

    /!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/

    C’est bête, mais Gabryel avait réussi à redonner un peu envie de vivre à la grenouille. « Vivre », mais dans le sens « prendre le temps d’être un peu « là », exister un peu sans se dire que c’est un crime » et éventuellement s’amuser sans planifier quelque prise de tête de type « ohlala maintenant il va en profiter pour m’amadouer ce connard ». Raol avait bien des choses à se reprocher, et à juste titre. Et certains évènements faisaient que donner sa confiance au général ne serait pas pour ce soit. Cela dit, l’animorphe n’y met clairement pas du sien pour se rendre accessible ou simplement appréciable. Iel fait du mal. Malgré tout ça, iel avait envie de s’octroyer quelques moments de légèreté avec une personne qui, potentiellement, en tenait une aussi grosse couche qu’ellui. Il ne s’agissait pas d’attendre quelque chose de spécial de l’autre, ou de faire un concours, simplement de… passer une soirée ensemble (peu importe l’heure qu’il était réellement) en essayant d’être à peu près elleux-même. Et si cela signifiait de faire les cons en se traitant de vieux crouton qui bave ou de foutue grenouille qui pue, alors, c’était toujours mieux que de compenser en s’envoyant des horreurs ou des stupidités à la tronche de type « toute façon je vous aimerais JAMAIS !! ». Raol ne voulait pas se demander ce qu’iel entendait vraiment par-là et se trouvait quand même un peu ridicule de l’avoir dit.

    Fort heureusement, les paroles du plus grand lea coupèrent dans son flot de pensées. Il ne posait pas de questions, ce n’était pas plus mal car la grenouille n’attendait pas d’être particulièrement rassuré ou pris en pitié. Ce n’était pas une consultation médicale. Cela dit, le général continuait quand même d’assurer qu’il faisait tout ça juste pour lea connaître un peu plus, même si l’histoire de Raol était (selon lea pricipal.e interéssé.e uniquement) décevante. Ce n’était… pas si déplaisant… ? Enfin, ce n’est pas qu’on lea prenait au sérieux, mais, iel n’avait vraiment rien à faire de spécial ou rien à prouver, apparement. Pour le moment, lea Zeteki décidé d’y croire et d’arrêter de se parasiter l’esprit avec des doutes embêtants.

    Pff… il est trop bizarre. Et peut-être que j’ai un truc avec son âge, hein. Qui sait. Je ne sais même pas quel est vraiment son âge, mais il pourrait être plus mal conservé.

    « Z’êtes sûr que c’est moi qui ait un soucis avec votre âge ? »

    C’est pas moi qui relève à chaque fois que je vanne sur ça et qui prend la mouche, hein.

    « Roh, aller, vous avez quoi… ? 36 ? 37 ans ? Dites-vous que les eossiens seront toujours au moins 1000 ans plus âgés que vous. Et laissez-moi vous dire que bizarrement, là, le respect aux ainés, je ne le vois pas, hein ! »

    Est-ce que Raol était en train de blaguer au sujet d’un traumatisme plutôt présent chez ses concitoyen.ne.s depuis le réveil ? Peut-être bien. En même temps, les blagues nulles de type « ohlala mais ça fait 1000 ans qu’on s’est pas vus, hohohoho ! » ou « eh oh, j’te rappelle que j’ai 1000 ans de plus que toi mon petit, huhu » sont devenues un peu trop populaires dans les quartiers eossiens. Tant mieux en un sens. Même si cela ne dissipera pas le trauma si facilement et que dans mille ans, iels en parleront sûrement encore.

    Donc, oui, peut-être bien que Raol est cellui qui finira lea plus ridé.e au final à force de tirer la tronche. Mais ce n’est même pas par esprit de contradiction, juste car iel n’est pas une personne souriante à la base. On le lui a souvent reproché, d’ailleurs, qu’il suffisait de faire un effort pour sourire, car, quand même « c’est plus agréable » pour les autres.

    Mais, évidemment, on s’en fiche pas mal que ce soit agréable ou pénible à la personne qu’on incite à se forcer à sourire comme un débile. Et puis, c’est pas lui qui disait que son sourire n’était qu’une façade il n’y a pas 10 minutes ? Il fait pas de sens, là. « Presque magique », ben voyons… ça veut dire que c’est magique, ça, mais genre « magique mais un peu nul », non ?

    « Bof, pourquoi sourire ? Pour vous faire croire que je suis content de vous voir ? »

    Ceci dit, lea Zeteki avait souligné sa phrase d’un sourire en coin des plus joueurs, rejetant un peu la tête en arrière en se redressant, comme pour se faire plus grand.e face au général dont le visage était de toute manière deux étages plus haut.

    « Et ma peau se porte bien… elle est bien tendue est hydratée, contrairement à ce qu’on pourrait croire. »

    La petite brise soufflant sur les remparts continuait de lea faire frisonner, la nuit était légèrement humide. S’il avait fait quelques degrés de plus, ça aurait été l’idéal. Mais, là, les bourrasques de vent devenaient un peu pinçantes et ne pouvaient que refroidir l’amphibien qui commença à se frotter les bras, cherchant un peu de chaleur. Mais froid ou non, iel ne se pensait pas assez désespeté pour « tomber dans les bras » du général à nouveau. Raol ne put qu’émettre un rire guttural franc. C’est qu’iel s’habituait plus au ridicule de cette situation et avait même envie d’y mettre son grain de sel.

    « Hé, je sais que c'est difficile de résister, mais arrêtez un peu de me draguer deux secondes. »

    Iel se recoiffa d’un rapide coup de main, forçant un air de duchesse des plus ridicules, sans perdre son expression mi joueuse-mi hautaine. Oh, Raol n’espérait que Gabryel lea drague vraiment. Iel était convaincu  que ce n’était pas du tout le cas et s’amusait juste du fait que l’autre lui rappelait beaucoup les circonstances de leurs derniers « échanges ».

    Une nouvelle bourasque fit se tendre la grenouille, dissipant son amusement l’espace de quelques instants. Raol commençait à avoir vraiment froid et tendit ses épaules pour ne pas se mettre à tremblotter.

    « Foutu sang froid de… Ouhla. »

    Quoiqu’il n’y avait pas que son sang froid. Maintenant qu’iel se détendait un peu, Raol sentit un drôle d’étourdissement lea saisir. En quelques instants, ses jambes devinrent toute molles et des flash lumineux parasitèrent sa vision. Iel se retint au muret pour ne pas tomber à cause du vertige et s’éloigna avec précaution, se laissant glisser jusqu’à s’asseoir par terre, espérant que sa tête lui tourne moins. Iel se massa l’arrête du nez, évitant de trop regarder la ville en contre-bas qui ne faisait qu’empirer ses vertiges. Tout ça lui rendait difficile de parler pour une raison qui lui échappait. Envahi par une vague de panique, la grenouille craint de faire une autre crise d’angoisse sans l’avoir vu venir.

    C’est pas vrai, u’est-ce que… qu’est-ce qui m’arri--

    Son ventre émit un gargouillement.

    « Ah. Ahahahah. »

    Iel se mit à rire comme un débile en comprenant ce qui lui prenait. Essayant d’articuler un peu mieux maintenant qu’iel était rassuré.e, la grenouille n’allait pas non plus dire qu’elle pétait la forme. Mais bon, au moins, elle savait que ce n’était pas bien grave.

    « J’ai, euh… j’pas mongé d’puis ce matin. Enfin, euh, hier matin. Héhé. Ou le soir d’av-avant… ? Oups. »

    Ah, les joies de la dépression. Purée j’ai vraiment la dalle.


    « Laissez-moi deux minutes et je descends prendre un truc à manger. Héhé. Héhéhéhé. »

    Je sais pas comment j’vais trouver à cette heure là, mais j’vais trouver.

    Oui, ça lea faisait vraiment rire bêtement car iel se trouvait un peu ridicule.

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    la nuit tous les débiles sont gris. avec Gabrol ♥ +
    Raol était particulier.ère. Iel était différent.e des autres personnes que Gabryel a bien pu côtoyer dans sa morne vie. Iel était râleur.euse. Iel était tranchant.e, froid.e, grincheux.euse. Iel affrontait le général, sans craindre les représailles. Iel se comportait comme un.e sombre crétin.e ce qui, ironiquement, plaisait au militaire qui aimait le défi. Il aimait la complexité, les caractères extravagants et bien qu'il appréciait cela chez lea Zeteki, il ne pouvait nier qu'il haïssait les propos qu'iel avait pu tenir. Il avait été frustré. Il avait sentit son ego en prendre un coup sans pour autant savoir pourquoi. Il se demandait encore à cet instant pourquoi il avait été blessé voire même déçu des paroles médisantes de lea joaillier.ère. Il ne comprenait pas et espérait qu'on lui explique ses propres sentiments. Il n'avait jamais rien attendu de l'éossien.ne, alors quelle était la raison de son énervement, ce jour-là ? Était-ce parce qu'il s'était sentit, pour la première fois, rejeté ? Cette sensation d'être purement et simplement balayé de la vie de quelqu'un, ce n'était vraiment pas agréable. Mais généralement, cela ne fait pas de mal lorsque l'on se fiche de cette personne. Ainsi, bien que Gaby prétende le contraire, il ne négligeait pas la présence de Raol. Au fond, iel lui importait. Mais il est bien trop têtu et fier pour se l'avouer, pour l'instant.

    Tandis que le caldissien s'éloigna un peu, sortant doucement de l'état de torpeur dans lequel il se trouvait, il reprenait conscience de la réalité et... de la hauteur. Avalant difficilement sa salive, il s'éloigna d'un pas du bord, tentant de dissimuler son vertige. Il se tourna vers saon interlocuteur.trice et scotcha son regards sur ellui pour trouver un repère pour garder les pieds sur terre. Il serait bête de déjà montrer une autre faiblesse, pas vrai ? La grenouille reprit la parole, provocatrice comme à son habitude. Levant les yeux au ciel face à sa remarque, le militaire ne pu se permettre de contester ses paroles. Iel n'avait pas forcément tort. A force d'autant réagir aux piques désagréables de saon cadet.tte, cellui-ci avait bien finit par remarquer que le bleu avait un petit soucis avec son âge. En même temps, c'était clair comme de l'eau de roche. Néanmoins, la suite de son discours fit doucement sourire le plus vieux. Iel l'a rajeunit. Pas de beaucoup, mais il l'a rajeunit. Et cela semble suffire à Gabryel. La « blague » de Raol fit froncer les sourcils de la perche. Il avait du mal à comprendre la rainette. A la fois iel semblait ne pas du tout aimer rire de la situation de ses confrères et de ellui-même et à la fois iel en riait quand même. Ou alors c'est peut-être le général qui a mal comprit le théorème que semblait être lea Zeteki ? Soufflant du nez face à cette demie-farce, il écouta la suite, portant une grande attention au rictus joueur de saon accompagnateur.rice nocturne.

    Là, il ne pu que l'imiter et étirer lui aussi ses lèvres pour former un joli sourire folâtre. La façon dont iel tenta de se faire plus grand.e qu'iel ne l'était vraiment fit ricaner le Venomania qui arqua un sourcil sarcastique. Cette situation l'amusait. Il se sentait plus léger, il se posait moins de questions. Tout semblait couler de source... Tout était si simple. Il savait que ça n'allait pas durer et que c'était exceptionnel. Que c'était « juste pour ce soir ». Mais il ne pouvait s'empêcher de secrètement espérer que ça dure un peu plus longtemps. Même une seule autre nuit semblable à celle-ci. Il ne savait pas d'où il tirait cette subite addiction pour ces conversations puériles ? Gabryel ne pu s'empêcher de glisser une petite remarque, armé de son fameux rictus plein de gaieté :

    « Lute pas Raol, je le sais que t'es trop heureux.se de m'avoir à tes côtés. »


    La brise fraîche affecta l'amphibien.ne qui commençait à se frotter les bras. Honnêtement, Gaby aussi sentait la froideur de la nuit l'attaquer. Par contre, il oublia ses frissons incessants en entendant le rire de la grenouille dorée raisonner. Il semblait franc, ce rire. Et étrangement, ça lui fit plaisir. Dans le sens où il avait enfin l'impression de ne pas être trop prit pour un idiot. Les paroles de lae Zeteki firent pouffer le noble qui ne s'y attendait clairement pas. Lea draguer ? Ellui ? Tandis que la rainette se recoiffa, la nymphe, elle, replaça une mèche de cheveux derrière son oreille avant de lui répondre :

    « Ne prend pas tes rêves pour une réalité non plus, Raol. »


    Lorsqu'il prononça son prénom, le caldissien ajouta dans son timbre de voix un côté séducteur pour rentrer dans le jeu stupide et prendre le rôle que lui attribuait saon partenaire. Le vent souffla au même instant, un peu plus fort. Tandis que l'animorphe se tendit, le presque quadragénaire posa son regard autre part, quittant des yeux l'éossien.ne. Néanmoins, il revint rapidement sur ellui en l'entendant prononcer un « ouhla » inquiétant. Lançant un regard interrogateur à lae Zeteki, il n'eu aucune réponse si ce n'est le fait que cellui-ci sembla être pris.e d'un sévère vertige. Surpris, il cru naïvement à un joli coup de théâtre de Raol. Mais il comprit aisément que ça n'était pas le cas en lea voyant se laisser glisser au sol. S'approchant, un peu perdu mais calme pour ne pas accentuer la possible détresse de l'amphibien.ne, iel pu sans doute voir passer une demie-seconde dans le regard de Gaby une inquiétude profonde pour ellui. Se penchant vers ellui, il lui intima d'une voix douce pour ne pas lea brusquer :

    « Eh, qu'est-ce-qu'il y a ? »


    Un grognement raisonna. Ou plutôt un gargouillement. Oh bon sang. Alors que Raol riait, Gabryel soupira de soulagement mais ne partagea pas son fou-rire. Non, ça ne le faisait définitivement pas rire. Il ne voulait vraiment pas revivre ce qu'il avait déjà vécu ce jour-là. Il n'aimait pas voir quelqu'un dans un tel état. Il n'aimait pas voir Raol dans un tel état ? Non, ça ne s'arrêtait pas qu'à ellui... enfin... je crois ? Le nez froncé en entendant sa justification, il claqua sa langue contre son palais, mécontent de l'irresponsabilité de la grenouille.

    Et puis iel veut partir seul.e ? Non mais iel est dingue ? S'iel croit que je vais lea laisser filer comme ça après avoir constater son quasi-malaise, iel se fout le doigt dans l'oeil jusqu'à la rétine.

    Tandis qu'iel se redressa, prêt.e à décamper, Gaby se permit de s'emparer avec douceur mais fermeté de son poignet, l'empêchant d'aller plus loin. Pivotant la tête de gauche à droite, prouvant qu'il était contre l'idée de lea laisser seul.e, il prit la parole :

    « Hors de question. Je t'accompagne. Je ne veux pas t'imposer quoique ce sois ce soir mais... je peux pas te laisser seul.e, c'est tout. »


    Faisant un pas en avant, il l'entraîna derrière lui, ne rompant pas le contact physique qui s'était installé de force entre eux. Réalisant qu'iel ne devait pas du tout apprécier cela -ou en tout cas il le pensait-, il le lâcha subitement alors qu'ils atteignirent les escaliers. Les soldats étaient partit plus loin, la zone était déserte. Lançant un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que la rainette le suivait, il se demanda où ils pourraient aller pour lea nourrir convenablement. Bon, il y avait bien chez lui mais... non. Très mauvaise idée. Pire idée.

    « On peut tenter de trouver une auberge encore ouverte, ou peut-être une taverne-restaurant ? Enfin, si tu as un lieu en tête, partage. »


    Parce qu'il n'était clairement pas sûr de pouvoir trouver quoique ce sois à cette heure-ci. Tout en traînant un peu des pieds, avec la sensation d'être brusquement revenu à la réalité, il lança un regard en biais à Raol, posant son regard améthyste sur ellui. Plus aucune inquiétude de s'y lisait. Il l'avait effacé aussitôt qu'elle s'était installée. Cependant, il sentait encore son estomac se tordre.

    Fait chier. Pourquoi iel se fait-iel autant de mal ? Je veux dire... Iel a déjà assez subit enfin... Iel peut s'accorder une pause, non ? Je sais que ce n'est pas aussi simple mais ça m’agace d'être spectateur de ça et de ne rien pouvoir y faire. Je suis complètement inutile. Je sais que ce n'est pas mon rôle. Je sais qu'iel me déteste. Je sais tout ça, alors pourquoi je m'entête ? Pourquoi je veux absolument être positif pour ellui ? Je ne comprends plus rien.

    « Tu as encore des vertiges ? Préviens si tu as... besoin d'aide. »


    Honnêtement, s'il aurait été dans la même situation que lea Zeteki, il aurait préféré crever plutôt que de demander de l'aide à quelqu'un qu'il n'aime pas, mais bon... Il ne faisait que tendre la main, Raol ne pouvait pas lui reprocher ça ouvertement... si ? Il ne sait plus trop. Iel est capable de tout. Iel est bien trop surprenant.
    kyro. 017 ldd

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