La nuit, tous les débiles sont gris Avec Gabybine |
Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.
/!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/
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Peu de choses étaient parvenues à motiver Raol ces dernières semaines. Iel ne comptait plus les heures qu’iel avait passé à rester à comater dans son lit au lieu de se lever, se portant parfois pâle pour ne pas aller à la boutique et simplement essayer d’avancer son ouvrage chez ellui. Lorsque la grenouille trouvait la force de se traîner jusqu’au magasin, iel restait généralement dans l’arrière boutique pour faire du rangement, des inventaires, quelques charmes, évitant de trop interagir avec Melchior qui ne voulait pas plus lui causer de toute manière. Cette coupure que le gobelin avait initié avait été la goutte de trop pour lea Zeteki. Iel avait juste lâché l’affaire, après le dernier mois. Ce n’était pas la première fois, à vrai dire, que Raol se retrouvait dans une de ces périodes de « rien », ces périodes où le moindre stimulis, la moindre pensée semble peser une tonne. Les rares chose qui lea motivent en temps normal lui semblaient des corvées qu’iel n’avait pas la force de réaliser. D’ailleurs, certains jours, rien que le fait d’être là, d’exister, de sentir son corps ou penser devenait une corvée. Tout était fade, gris, rien ne parvenait à lea stimuler ou à lui procurer le moindre plaisir qui lui aurait redonné goût à repartir.
Aussi étrange que cela lui paraissait avec le recul, la seule chose qu’iel avait continué à faire avec un peu de sérieux était d’aller voir Basmath pour leurs entraînements. Ce n’était pas glorieux, vu le peu de force qui lui restait, son corps agissait plus machinalement qu’autre chose mais… cela lui donnait encore un peu l’impression d’être quelque part. Qu’iel avait encore un corps, qu’iel pouvait au moins contrôler ça. Du reste… tout était trop embrouillé. Ses pensées étaient au point mort, s’en allaient souvent vers une envie pure et simple de disparaître et de se punir d’être si pathétiquen. Iel l’avait bien cherché. Raol se persuadait chaque jour que de toute manière, qu’iel soit là où non, ça ne changerait rien pour personne. Melchior n’avait pas besoin d’ellui à la boutique et ne voulait plus lea voir, Ziyal était dans un état semblable au sien, ne posait pas de questions et c’est à peine s’iels s’adressaient la parole, Natsume avait clairement autre chose à faire, Basmath avait peut-être des interrogations mais Raol ne voulait pas les entendre.
Et puis… il n’y avait personne d’autre, finalement. Quoique. Raol mentirait si ces derniers jours, ses pensées n’avaient pas divagué vers ce qui s’était passé le dernier jour de la foire. Cette drôle de soirée ou tout lui avait explosé à la figure à juste raison. La fatigue de la foire et le fait de subir un retour de flamme avait été la goutte de trop. Raol ne pouvait s’empêcher de relever la présence de Gabryel-- du général qui était là à deux reprises et… disons qu’en passant du temps uniquement dans sa tête en ruminant certains évènements encore et encore, au bout d’un moment, on finit par voir les choses d’un autre œil et à céder devant quelques réalisations qu’on acceptait pas jusque là. Si, à plusieurs reprises, le général lui avait dit ne pas lui avoir tendu la main par intérêt, alors, Raol s’était mis.e à envisager que peut-être, ce type avait la capacité d’être sincère. Mais, pourquoi lui aurait voulu faire ça ? Avoir des réactions humaines envers la détresse d’une autre personne ? Iel ne pouvait le concevoir. Pas de la part d’un caldissien, pas de sa part à lui. Par pour quelqu’un comme ellui.
Il se foutait bien de ma gueule. « Te suicides pas foutue grenouille », hein. Ça l’aurait probablement pas dérangé. Je vois pas qui ça aurait pu déranger.
De toute façon, toutes les questionnements relatifs aux mains qui lui avaient été tendues et sur lesquelles il avait craché avec mépris lea terrorisaient. Que ce soit qu’on atteste son existence, qu’on lea traite comme une personne, qu’on lea repousse, qu’on essaie de la comprendre ou pas, Raol était terrorisé. Disparaître ou simplement agresser en boucle, accuser les autres sur la base de leurs origines semblait plus facile. « C’est la faute des étrangers et des militaires, ils méritent mon mépris et la violence », tout était plus facilement explicable comme ça. Plus facile à avaler que « ton problème c’est que tu as peur de changer, peur de te remettre en question, peur d’admettre ton crime, peur des autres et de ce qu’ils pourraient t’offrir ».
Bref. Cela faisait 2 semaines, peut-être trois, peut-être moins. Ce soir, Raol en avait marre des sensations que se noyer dans son lit ou de tourner en rond physiquement et mentalement lui procurait. Iel parvint à se traîner dehors pendant la nuit, sans aucune idée de l’heure. Assez avancée pour que les rues soient presque désertes par endroits, sans doute.
La nuit est toujours calme, sombre. Les stimulis sensoriels sont moins brutaux et cela la rend bien plus supportable que le jour. Une très vague impression de sérénité passagère encouragea Raol à marcher sur un itinéraire qu’iel connaissait bien. Iel n’avait même pas besoin de réfléchir.
Le chemin de la maison.
C’est drôle, comme la nuit est le lieu de pensées parfois plus lucides comme l’extrême inverse. En se levant et en sentait l’air frais, Raol ressentit, pour la première fois depuis longtemps (du moins, lui semblait-il), quelques sensations agréables qui firent frissonner son échine. L’espace de quelques minutes, les choses ne lui parurent pas aussi pires. Un instant de recul, de perspective, presque de libération. Iel essaya de ne pas penser au fait que les choses retomberaient sans doute bientôt mais ne pouvait s’empêcher d’être défaitiste.
Dans tous les cas, ses pas l’avaient conduit tant bien que mal vers le ruine de son ancienne habitation. Pour se recueillir, faire ce devoir de mémoire envers sont parent qu’iel avait pourtant haï sans jamais réussir à lui dire. S’enfoncer peut-être encore plus dans le crâne qu’iel est comme Akiya. Après tout, ses cheveux ont poussé ces derniers mois, Ziyal a encore relevé sa ressemblance avec saon géniteur.ice décédée. Si cela lui fait tant de mal d’entendre ça, alors c’est que ça doit être la vérité. C’est incurable. On ne change pas. C’est héréditaire.
J’ai pas envie. J’ai pas envie d’être comme Akiya. Mais… Comment est-ce que je peux faire marche arrière, maintenant, de toute façon ?
…
Quelle belle idée de merde. Pourquoi venir ici. C’est pire qu’avant, maintenant.
Quoique, au moins, Raol avait ressenti des choses différentes que du « rien ». Iel espérait presque pouvoir croiser quelqu’un pour se défouler ou juste entendre une autre voix que celles, insupportables, de ses pensées négatives.
En faisant demi-tour, la grenouille n’avait pas envie de rentrer et s’attarda dans la ville basse puis retourna vers les quartiers eossiens un peu au hasard. Les rues étaient trop calmes. Jusqu’au moment où les sens de l’animorphe s’éveillèrent à des stimulis auditifs inconnus. Des pas pressés, nerveux, proches. Une voix bougonne. Une silhouette de grande taille, bientôt. Cette personne avait l’air de regarder les rues du quartier sans savoir où elle allait. Perdu.e ? Ça en avait tout l’air. L’obscurité fut levée l’espace de quelques secondes quand les nuages s’écartèrent et que la lumière lunaire illumina la rue seulement éclairée par quelques torches qui ne s’étaient pas éteintes. La grenouille cligna des yeux et se tendit en reconnaissant cette chevelure de nacre brillante. Iel ne connaît pas beaucoup de gens de cette taille qui en ont une semblable.
...Mais qu’est-ce qu’il fout là ?
L’avantage, c’est que dans son état de fatigue, Raol ne réfléchissait pas quinze fois à chaque action. Aussi, iel s’avança vers le général a l’air paumé, remettant une mèche de ses cheveux mal coiffés qui lui tombaient sur le visage derrière son oreille. Gabryel venait de faire quelques pas en bifurquant dans une nouvelle ruelle et c’est là que Raol décida de l’interpeller.
« C’est une impasse, cette rue. »
...Quoi « même pas un bonjour » ? Mais c’est la nuit ! Je ne vais pas dire « bonsoir » non plus. Pourquoi pas « belle nuit », pendant qu’on y est ?! Ce serait la meilleure !
La grenouille ne pouvait nier que l’idée de voir le général dans les quartiers éossiens ne lui plaisait guère. A cette heure-là, les gradés ne s’embêtent pas à faire des patrouilles pourtant. Mais lea Zeteki ne peut pas s’empêcher de se dire que l’autre est là pour surveiller ou… bref, iel n’en sait rien et ne veut pas savoir, pour une fois. Après tout, iel n’arrivait jamais à comprendre le raisonnement de l’autre empaffé aux cheveux clairs et ne lui prêtait que des mauvaises intentions alors que… l’autre soir, le contact de ses bras n’était pas désagréable.
Mais quel rapport ?! Brrrrr !
« Vous seriez pas perdu, par hasard ? »
Bah, si, c’est évident. Je pensais que les militaires avaient un meilleur sens de l’orientation ou… j’en sais rien, en fait.
« Vous cherchez quoi ? »
Sur le moment, Raol ne se rendit pas compte que sa question pouvait avoir un double sens qui sonnait assurément méfiant, peut-être accusateur. Iel entendait juste ça au sens littéral, géographique, pourtant, à la base, mais… les mots choisis trahissent souvent quelque pensées inconscientes. Raol aimerait bien, avoir la tête à « chercher » quelque chose, aussi. Au moins, quand on, cherche, c’est qu’il y a toujours moyen de trouver des réponses, quelque part.