Hell Frozen Rain {Aïthria - Lykos}

En sortant de la taverne, les personnes assez gentilles (et plus musclées qu’elle) avaient rapporté les deux amies jusqu’au bordel. Oui, le bordel, non pas pour aller s’faire des filles après tout ça. C’est là ou Lykos habite. Alors elle avait rapidement donné un peu d’argent à tout le monde qui l’avait aidée, avant de disparaître dans sa chambre. Aïthria était posée sur son lit et, quelque part dans le trajet (ou bien tout de suite en étant au lit), s’était endormie. La nymphe, elle, avait pris sa chaise et s’était installée proche d’elle.

Mais l’alcool avait commencé à faire son effet. Pas qu’elle était hyper défoncée, elle n’avait pris qu’un verre, après tout, par contre, l’ayant bu assez vite. Et bon, les yeux commençaient à s’embrouiller, la tête un peu lourde. Elle était encore maitre de ses pensées… En grande partie.

Tu foires tout le temps tout ce que tu fais, t’es qu’une espèce d’égoïste, une idiote. La plus stupide de toutes les filles du continent. Tu ne mérites pas cette amie, tu n’es qu’une grande, grande stupide.

Lykos passe un bon gros moment à se répéter ces mots encore et encore. Elle a des larmes aux yeux, elle se balance très légèrement vers l’avant et l’arrière. Elle n’entend même pas la voix qui s’adresse à elle, la première fois. Elle ne fait que fixer le vide, encore et encore, se traitant de tous les noms possibles.

Et la voix retentit une deuxième fois, cette fois, attirant l’attention de la nymphe qui tourne la tête.


« Aïthria! »


Elle débarque de la chaise, presque tombant par terre en s’agenouillant aux cotés du lit. Elle lui prend les mains, l’examinant.


« Aïth, je suis… Je suis désolée… Je suis tellement stupide, je suis vraiment, vraiment stupide…….. »


Elle a envie de se frapper, de se cogner la tête contre le mur. Elle aurait dû le savoir ou, au moins, essayer un truc moins fort pour une première fois. Mais non, elle avait voulu rire. Elle avait été égoïste, encore.

Lykos sanglote bruyamment en tremblant. Elle se sent faible, la tête qui tourne. L’alcool dans ses veines faisait bien son effet en ce moment, multipliant toutes ses émotions. Quand la golem pose sa main sur sa tête, la nymphe ne sait pas quoi faire. Elle pleure, elle tremble, elle sanglote, mais c’est tout.

Et puis elle se fait tirer vers Aïthria, la tête vers la poitrine alors que la blanche lâche un autre torrent de larmes. Elle se sent déjà un peu mieux, contre son amie comme ça, mais elle ne peut s’empêcher de pleurer. Et même si Aïthria essaye de la convaincre que c’était elle, qui était stupide, Lykos ne fait que secouer la tête négativement. Même si sa gorge était trop serrée pour parler.

Mais le coup de grâce, ce fut ses dernières paroles. ‘Même si c’était ta faute, je t’aime toujours Lykos’. Ces mots qui la choquent, qui l’ébranlent dans l’âme. La blanche réalise à quel point elle n’est qu’une personne égoïste et qui ferait n’importe quoi pour avoir un peu de plaisir. Si elle avait pu s’évanouir de tristesse, elle l’aurait probablement fait.


« Je fais toujours… Toujours ça. J’agis sans penser, je… Je m’excuse Aïth, je m’excuse vraiment. »


Ses tremblements se calment légèrement, même si les mots de la golem se répètent dans sa tête encore et encore. Aïthria était devenue une des personnes les plus importantes de sa vie, dans les derniers mois, alors pourquoi… Pourquoi est-ce qu’elle la traitait d’une manière aussi égoïste et méchante ?

Est-ce que c’est pour ça que sa mère n’avait même pas voulu d’elle ?

….La tête qui tourne, Lykos renifle et ferme les yeux contre le corps de son amie. Elle tremblait encore, légèrement, la gorge toujours serrée.


« Moi aussi… Moi aussi je t’aime, A-Aïth… »


Et puis elle tente de se relever, la tête lourde, se levant du lit. Elle marche (plus ou moins) droit vers son bureau en essayant de trouver une potion qu’elle avait dans un tiroir. Une potion qu’elle prenait, après avoir bu, pour avoir moins mal à la tête. Ou en fait qu’elle devrait prendre, mais que son sentiment de culpabilité lui empêchait. Tu dois souffrir, pauvre idiote, qu’elle se disait.

La blanche revient vers AIthria et s’assoit sur le lit avec un balan très douteux, tendant la potion à son amie.


« Tiens je… Je sais pas si tu as mal à la tête ouuuu… Mal au cœur mais ça devrait aider. »


Le regarde un peu vide, Lykos continuait de mentalement se traiter de tous les noms possibles.

La jeune femme cligne des yeux, quelques fois, n’étant pas trop certaine si Aïthria faisait une blague ou si elle essayait de s’insulter elle-même. Pas de cœur ou de cerveau ? Peut-être pas « physiquement », mais en tout cas, Lykos savait que la bleue avait un très grand cœur. Juste à la voir avec les animaux, c’était… Enfin… Avec elle, aussi, tellement patiente.


« Uh… Okay… »


Trop saoule pour se battre, elle dépose la potion un peu difficilement (n’étant pas trop certaine à quel point la table de nuit était loin d’elle) et se redresse doucement en tournant sa tête lourde vers la golem. Mais quand celle-ci dit qu’elle est fatiguée, la culpabilité revient chez la prostituée. Elle se frotte les yeux, fatiguée elle aussi. Elle a envie de se coucher et de ne plus jamais se relever.

Lykos lève la tête quand Aïthria dit son nom. Son regard se focus légèrement et elle plisse les yeux pour pouvoir mieux voir. Et la question vient l’ébranler. Pourquoi elle boit ? Pourquoi… Pourquoi elle boit.


« Bah je… Je bois parce que c’est plaisant. D’habitude j’fais que plaaaaner un peu. Et j’oublie que j’déteste ma vie, hahahaha. »


Hahaha oui. Lykos hoquet, n’ayant pas vraiment réalisé qu’elle venait de dire ça à voix haute. Mais plus les secondes passent et plus ses paroles se répètent dans sa tête. Son regard mauve, mais brouillé, revient sur son amie, un peu horrifiée par ses propres paroles.


« Je blague je blaaaaague… Je bois parce que j’aime la sensation! Et en plus, avec mon travaaaail, bah ça rend ça mieux... Les sensations et tout. »


Tu détestes ta vie, tu te détestes et tu détestes tout ce que tu fais. C’était clair sur le visage de la blanche que cette « blague » n’en était pas une. Elle se mord la lèvre inférieure pour s’empêcher de se remettre à pleurer.


« Et je savais pas que tu allais juste… Boom… Comme ça……. J’suis désolée. »


Oui elle s’excuse encore.

[TRIGGER WARNING]: Dépression sévère/mention de suicide/trucs lourds

Sa tête est lourde, ses yeux sont humides, mais elle ne fait que fixer le vide. Lykos déteste sa vie. Elle déteste… À peu près tout. Elle est toujours en train de se mettre dans la merde, elle est née de parents qui ne l’aimaient pas et tellement d’autres choses. Lykos était tellement prise dans sa tête qu’elle n’avait même pas remarqué que son amie n’avait même pas répondu… Jusqu’à ce qu’elle le fasse.

Oh non.


« A-Aïth… »


Non non non, ne le dit pas, s’il te plait Aïthria, ne le dit pas. Son moral ne pourrait pas le prendre, elle sentait déjà sa gorge se serrer et ses yeux, humides, s’embrouiller. Et puis les mots sortent de sa bouche : T’es triste, Lykos.

C’est comme si on avait ouvert les valves. Des larmes que Lykos retenait depuis très longtemps qui se mettent à couler sur ses joues. La blanche tourne la tête et les essuie, rapidement en reniflant, mais quand elle se retourne, elle voit son amie avec les draps dans les mains pour essayer d’éponger ses joues. Et encore une fois, les mêmes mots.

Lykos explose en larme.

Ça ne servait plus à rien de retenir ce qu’elle avait à l’intérieur, ça ne servait à rien de mentir à Aïthria (ou à soi-même). Les mains de la jeune femme couvrent son visage alors qu’elle éclate en sanglot, aussi brusquement que bruyamment. L’alcool n’aidait vraiment pas à sa situation, en ce moment, en plus.


« Oui je s-suis triste… Je suis plus q-que triste, je suis complètement déprimée. Ma vie… Ma vie c’est que d’la merde! Je me déteste, j’ai env-vie de mourir. Depuis que je suis enfant qu’on me dit que je ne vaux rien, que je ne fais q-que prendre des mauvaises décisions et faire des erreurs! J’en ai marre. J’en ai vraiment marre… Aïth je sais pas combien… Je sais pas combien de temps je peux continuer comme ça. J’suis au bout du rouleau depuis… Depuis des années et je commence…. J’ai…. »


Elle reprend son souffle difficilement à cause des sanglots et des tremblements, restant silencieuse pendant un moment. Elle réalisait à peine qu’elle était en train de tout déballer à son amie, mais peut-être que ce serait mieux comme ça. Bien sûr, pour l’instant, elle ne l’envisageait même pas.


« Je bois parce q-que comme ça, j’arrive à arrêter de penser…. Pendant un moment…. »


Sa voix est moins forte, mais toujours aussi enrouée. Lykos croise les bras sur son ventre, tremblant encore beaucoup. Elle secoue la tête, clignant des yeux avec des paupières qui semblaient peser des tonnes.


« T’es la seule bonne chose qui me soit arrivée… De toute ma vie et je… J’arrête pas de tout foirer parce que je suis vraiment qu’une connasse, qu’une idiote, la pire de toutes les imbéciles du continent. Je… Je devrais aller mourir dans un fossé… Qui se soucierait d’une… D’une p’tite pute de merde…. »


Elle détourne la tête, le regard complètement vide et les larmes continuant de couler à flot sur ses joues.

Même si la nymphe se dénudait tous les jours pour son travail, elle ne s’était jamais autant mise à découvert qu’en ce moment. Jamais elle n’avait ouvert son cœur ainsi, gardant toujours tout à l’intérieur. Un jour, ça allait craquer, qu’elle se disait. Un jour elle allait exploser. Eh, c’est un problème pour la Lykos du futur, qu’elle se disait. Et bien c’était son problème maintenant.

Alors qu’elle se répétait ces mots dans sa tête encore et encore et encore. Lykos se sent soudainement prise et forcée vers son amie qui l’enlace complètement, faisant un espèce de cocon autour d’elle. Et Lykos recommence à pleurer de plus belle, le visage contre le sternum de la golem à se vider de toutes ses larmes. Elle tremble horriblement et s’accroche à ses vêtements.

Ses premiers mots l’auraient fait rire si elle n’était pas en train d’être dans un gros épisode de déprime. Sa pute préférée… L’innocence d’Aïthria lui ferait toujours chaud au cœur, même dans une situation comme celle-là.

Lykos se sent soudainement mal quand Aïthria continue à parler, elle n’aurait jamais dû lui dire qu’elle considérait s’enlever la vie, elle n’aurait jamais dû exploser devant elle comme ça… La pauvre.

Mais ses dernières paroles font recommencer les pleurs de la blanche. C’était tellement innocent, tellement… Aïthria. Elle l’aimait tellement, Aïthria, elle l’adorait plus que tout. C’était le seul petit rayon de soleil dans sa vie horrible et sombre.

Lykos reste un bon, long moment dans les bras de la golem, recroquevillée du mieux qu’elle peut pour être complètement dans le petit cocon de sa meilleure amie. Elle se calme, lentement, ses tremblements disparaissant doucement. Ses hoquettements aussi, comme ses sanglots. Mais elle ne bouge pas. En vrai, elle se sent bien comme ça, la tête contre le cœur de la bleue. Elle a toujours la tête qui tourne à cause de l’alcool, mais ça aussi, ça commence à disparaître.


« J’suis désolée Aïth… J’suis désolée que t’es tombée sur moi, de tous les habitants d’Yggdrasil……. Tu mérites… Tu mérites tellement mieux. »


Mais même si elle le dit, elle ne veut pas bouger. Elle ne veut pas qu’Aïth disparaisse de sa vie, elle ne veut pas se retrouver seule encore. Pas encore.


« Je sais que je suis une… Une amie de merde. Mais s’il te plait, je t’en supplie…………. Reste avec moi. J-je sais pas si je p-pourrais continuer toute seule. »


Et les larmes reviennent couler sur ses joues rouges.

Les habitants ils sont pas toi. Non, c’est vrai… Mais peut-être qu’Aïthria aurait dû tomber sur n’importe qui d’autre. C’est ce que la blanche se dit, en restant silencieuse. Et puis elle se sent bouger, encore une fois, n’ayant même pas la force de se batte si elle avait voulu.

Ses yeux rougis par les larmes fixent ceux de la bleue, ayant de la difficulté à soutenir son regard. Et elles sont tellement proches… Lykos sent son cœur se mettre à battre plus fort dans sa poitrine. Est-ce que c’est à cause du stress de toute cette situation ? Ou c’est parce qu’Aïthria lui avait dit qu’elle lui donnerait une famille ? Mais qui voudrait d’une prostituée comme enfant ? Qui voudrait adopter Lykos, la nymphe la plus stupide d’Yggdrasil ?


« A-Aïth je… »


Ça, elle le garde pour elle-même. Aïth fait de gros efforts pour essayer de lui remonter le moral, mais la blanche est trop creuse dans son trou pour en remonter. Il fallait vraiment que l’alcool sorte de son corps.

Mais sa dernière phrase lui brise le cœur. La golem avait toujours cette innocence dans ses mots, elle avait toujours le don de simplifier les choses, tout en les rendant… C’était dur à expliquer pour la nymphe, mais quand Aïthria parlait, même si elle disait ne pas être intelligente, il y avait toujours une espèce de sagesse.

Doucement, Lykos essaye de sourire. Un sourire qui lui fait mal, un sourire qui pour lui dire que tout va bien. Même si ce n’est pas le cas. Elle ne veut pas lui mentir, loin de là, juste qu’elle veut… Lykos ne voulait pas trop inquiéter la bleue. Une main tremblante vient se poser sur celle d’Aïth, posée sur son visage. La blanche prend une grande respiration, saccadée par les restants de ses sanglots avec d’expirer longuement par les narines. Elle ne voulait pas souffler dans le visage de son amie, quand même.

Mais Lykos sourit. Elle sourit tristement, mais elle sourit bien. Sa tête devient un peu plus lourde, se penchant d’un bord pour s’appuyer plus contre la main de la golem. La main d’Aïthria empêchant la tête de Lykos de tomber. C’était son pilier, à elle, la bleue. Il fallait qu’elle en prenne soin, il fallait qu’elle arête d’être une imbécile.


« Merci…….. Merci d’être toujours là pour moi. Honnêtement, je……………… Je sais pas trop ce que je ferais si tu n’étais pas là. »


Cette idée lui fait peur. Est-ce qu’elle serait encore en vie ? Elle était tellement au bord du gouffre, même quand la bleue était apparue dans sa vie et plus le temps avançait, moins elle allait bien. Mais Lykos pouvait être certaine qu’Aïthria serait là pour elle. Même si la nymphe pouvait être vraiment stupide, égoïste et égocentrique, la golem était restée. Mais pour combien de temps, encore ? Combien de temps est-ce qu’elle allait endurer ses conneries avant d’en avoir assez ? Fallait vraiment qu’elle arrête, la blanche. C’était vital.

Le coup de fatigue qui venait de frapper la jeune femme commençait à la faire tanguer sur le coté. Ses paupières étaient beaucoup plus lourdes et Lykos avait de la difficulté à les garder ouvertes.


« J’suis vraiment fatiguée. »

La belle blanche se sent alors doucement tomber sur le coté, guidée par la golem qui est étonnement délicate, malgré sa grand force. C’était toujours impressionnant, pour la jeune femme, de voir Aïth comme ça. Mais bon, elle arrive à peine à penser. La tête sur l’oreiller, les paupières horriblement lourdes, Lykos sourit quand Aïth pousse une mèche de son visage.


« Oui… J’espère… »


Complètement épuisée, la nymphe se rapproche de son amie, les bras contre son propre corps, le visage proche de son cœur. Sa pierre, en fait. Lykos ouvre les yeux, l’histoire d’un instant pour regarder la lumière qui en émanait. C’était joli. Joli, réconfortant et apaisant.


« Ta pierre brille… C’est beau……. »


Elle a à peine conscience de ce qu’elle dit, les yeux fermés. Lykos a envie de s’endormir, mais son esprit toujours intoxiqué ne la laisse pas avant qu’elle ait dit quelques trucs. En vrai elle aimait juste tellement être avec Aïthria, alors peut-être qu’elle essayait de se trouver des excuses pour ne pas s’endormir ? Même si bon… C’était assez inévitable. Elle était épuisée autant émotionnellement que physiquement.


« Merci Aïthria. Merci d’être avec moi. J’ai…. Je……….. J’ai p………………….. »


Elle ne fini pas sa phrase, sombrant doucement dans un sommeil lourd, sans rêve.