avril 1002 | Joyeux bordel |
parske que ta compri lol c litéraleman un ...
Je n'étais pas sûr de vouloir venir. Maintenant que j'y suis, je regrette encore plus. Mon regard scrute la carte des boissons pour ne pas me préoccuper des bruits ambiants, comme si je voulais oublier où je me trouvais. Je détaille la carte des bières comme si elle était incroyablement intéressante. Boire me fera toutefois du bien, alors autant commander. Je ne vois pas de boisson aux fruits rouges, néanmoins, mais je tente quand même de demander.« Hmm... Cerise, vous avez ? »
La barmaid qui essuie ses verres ne lève même pas les yeux sur moi lorsqu'elle me répond.
« Désolée, mon chou, sa chambre est déjà occupée.
- ... Pardon ? »
Je détourne la tête vers elle, confus. Derrière moi, mes subordonnées déjà pompettes poussent des éclats de rire gras en se moquant de moi comme si j'avais posé une question stupide. Puis, je me rappelle où nous sommes et mon visage se met à devenir brûlant de honte. Je grommelle dans ma barbe inexistante avant de juste demander une pinte toute simple à celle qui tient le comptoir.
A mon âge et à mon titre, on aurait pu croire que j'avais déjà visité une maison close. C'est faux. Bon, déjà, en fait mon âge et mon titre ça veut rien dire, mais j'ai surtout toujours évité autant que possible d'y aller. Par mes camarades, on m'a déjà proposé d'y faire un tour pour oublier les affres de la guerre, mais... Mais. Ce genre d'endroit ne m'a jamais mis à l'aise. Il n'y a rien de bien choquant en soi dans ce qui s'y passe, pourtant. Juste des personnes, inconnues ou non, qui se rejoignent pour passer un moment plus ou moins bon. Un simple échange. Du commerce de services qui permettent à un groupe de la population de gagner son pain. Et je trouve ça admirable de voir des gens prêts à partager lit et corps contre simplement de l'argent. Admirable ou... ou regrettable. N'ont-ils pas d'autres choix ? Est-ce que cette vie leur convient, au moins ?
Autre question plus pertinente : pourquoi ai-je accepté de venir ?
Je ne sais pas. Enfin, si, je sais. Je sais et je n'ai pas envie de l'avouer.
Je me suis dit que peut-être cela me fera penser à autre chose. Peut-être que ça me permettrait de l'oublier un peu.
Et pourtant je ne peux pas y faire grand chose. Il est toujours là, quelque part au fond de mon esprit, et je ne parviens pas à le décoller malgré mes tentatives. Je ne parviens pas à faire taire ces battements dans ma poitrine à chaque fois que son image m'apparaît. A chaque fois que je pense au fait qu'il m'attend probablement encore à la maison. Qu'il veillera tard juste pour s'assurer de mon retour sans penser à son propre sommeil. Le pire, c'est que me dire ça me fait plaisir. En dépit de tout, cela me rend heureux. Pas qu'il reste éveillé sans se préoccuper de sa santé, mais qu'il s'inquiète pour moi. Qu'il m'attende, même, pour dîner. Qu'il fait l'effort parfois de préparer à manger pour nous deux alors que je ne lui en demande pas tant et que ça me gêne.
A chaque fois qu'il s'occupe de moi. J'entends mon cœur battre plus fort, je sens ma tête se vider, je laisse mes yeux scruter le moindre de ses détails, et mes lèvres s'arquent toutes seules dans un sourire transi.
Je me suis dit aussi au départ que ce n'était pas forcément anormal. Mais même moi je n'ai pas réussi à m'en convaincre, en fait. J'ai tenté de draguer l'autre soir une femme avec qui ça marchait plutôt bien, mais au moment de rentrer chez elle, je fus la proie d'un blocage totale lorsqu'elle m'a invité à rentrer. Qu'elle a essayé de m'embrasser. J'ai refusé au dernier moment, sans trop savoir pourquoi. Elle savait. Elle semblait avoir deviné.
"Vous êtes peut-être déjà amoureux de quelqu'un d'autre."
Cette remarque, cette simple remarque, elle a réveillé en moi les papillons que je ressentais dans mon ventre à chaque fois que je me trouvais un peu trop proche de lui. Comme s'ils voulaient s'en libérer. Ne plus être retenus dans ma cage thoracique devenue trop petite pour eux. Pour les émotions que je ressentais en présence du moine qui a commencé à occuper de plus en plus mes pensées.
Pour autant, est-ce vraiment... de l'amour que je ressens pour lui ? Non. Je veux dire... C'est impossible. Même si je ne comprends pas bien ces sentiments, je ne peux pas... C'est... Je m'imagine sûrement des choses, voilà. Ce n'est pas parce que je l'aime beaucoup que ça va nécessairement plus loin. Je suppose. Ce serait trop gênant que j'ai des sentiments pour lui alors que nous vivons sous le même toit. Je ne veux pas qu'il s'en veuille ou qu'il croit que j'abuse de mon offre envers lui pour me permettre n'importe quoi, ou pire, qu'il croit qu'il me doit quelque chose. Ce serait bête que je... que je tombe vraiment amoureux de lui, de toute façon. Il est trop malin... trop bien pour...
« Hé... Hé, la p'tite blanche elle est mignonne, non ? Vous pourriez tenter vot' chance. »
Une fois encore, je me suis laissé distraire par la silhouette du magimorphe. Sorti de ma rêverie par un des soldats, il me pointe discrètement une jolie jeune femme assise un peu plus loin. Je ne fais pourtant que détourner le regard en reprenant une gorgée de ma boisson, espérant qu'ils abandonnent l'idée de me faire rentrer dans une de ces chambres.
« La confiance que vous avez en moi m'honore, mais je suis très mauvais charmeur, vous savez. »
Ce n'est pas faux, de toute façon. Il y en a qui sont très doués à ça, mais la séduction n'a jamais été mon truc. Allez, avec un peu de chance, ils ne vont pas insist-...
« Allez, Général, détendez-vous un peu ! Vous avez peur que vot' femme l'apprenne ? »
A nouveau, les soldats autour se permettent de ricaner sans gêne, surtout quand ils me voient recracher ma gorgée de bière sous l'effet de la surprise et de l'embarras. Je tousse, ayant bu de travers à cause de leurs bêtises. Ils sont fidèles, mais qu'est-ce qu'ils peuvent être agaçants parfois... Les joues plus rouges que jamais, je ne veux pas qu'ils continuent à croire que Natsume est ma... est ma... Bref !
« Tss. Vous allez voir. »
Finissant ma pinte sans plus de procès, je me lève de la table sous leurs "encouragements" ridicules. Je vais leur prouver que... Eh bien je ne sais pas encore, mais je vais leur prouver !
Je fais un peu moins le fier au fur et à mesure que je me rapproche de l'inconnue aux cheveux blancs, mais hors de question de me dégonfler au dernier moment. Prenant mon ego à deux mains, je recommande une autre boisson au comptoir avant de me tourner vers la jeune femme.
« Je peux vous tenir compagnie ? »
Bon, on aura vu mieux, question phrase d'accroche. Mais on aura vu pire aussi... non ?..
Spoiler :
Natsu et Sam by Coba <3