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  • On ne vit que deux fois {Judith - Allikah; ft. PNJ Sephora}
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Super la journée à Judith. Elle qui ressort de la journée avec Iris et Rosie, finit par recroiser monsieur Tomarik, tout ça pour se retrouver à apprendre la vie à un abruti poisseux. Tout ça pour, au final, s'en aller, colérique et aux bord des larmes. Son crâne lui fait mal à nouveau. Les bandages que Rosie lui a mise serrent peut-être un peu trop. En parlant de bandages, il va falloir qu'elle s'occupe de sa main. L'air frais commence irrite encore ce qui lui reste de peau, enfin "peau"... Il faut qu'elle se trouve un coin, qu'elle s'isole. Passer voir Rosie attendra. Elle peut pas aller la voir, pas dans cet état. Judith aurait trop peur de s'emporter devant elle. La grise en a déjà assez bavé, rien qu'à cause d'elle... Ca y est, en plus de la colère et de la tristesse, voilà la culpabilité qui vient dire bonjour... Pauvre Rosie. Et puis Iris... Oh non Judith pas maintenant il y a une larme qui vient de couler. Une larme très vite séchée. Ce sera la dernière de sa journée pour sûr (on sait tous que non). Il a juste suffit de penser à Rosie et Iris pour que la colère s'estompe. Est-ce que c'est pour les bonnes raisons cela dit...

    Pour l'heure, Judith veut juste, s'enfoncer dans un coin isolé en ville et rester comme ça. Peut-être réfléchir à ce qu'elle doit faire. C'est que maintenant tout est différent.Et la petite est comme ça, dans les rues les moins peuplées de la ville, tête baissée à errer comme une âme en peine. Elle n'a pas vraiment l'énergie de remettre les bandages sur sa main. Mais bon, elle finit par le faire malgré tout. Pas qu'elle doit le cacher, surtout si elle reste cachée sous son manteau de toute façon. Là tout de suite, il n'y a qu'une seule personne dans la rue. Difficile de la voir tête rivée sur le sol mais, du peu que la métisse peut voir, on dirait une vieille dame, avec tout un panier. Rien d'anormal jusqu'à ce que la vielle dame ne trébuche, faisant tomber son panier un peu plus loin. Un panier plein de broderies. Sans se poser la question, Judith trottine jusqu'au dit panier avant d'aller aider la dame à se relever.

    V-vous v-vous a-vous zaza-z-allez b-


    ...


    Les yeux de la métisse s'écarquillent, s'illuminent d'une lueur dorée. Son coeur a manqué un battement et vient une sensation, comme si le temps s'était arrêté en même temps que son souffle. Un choc tel que plus rien ne compte. La jeune fille la regarde, bouche-bée menaçant de partir en grimace alors que ses yeux recommencent à s'humidifier. Ce qui se tient devant elle, elle ne le reconnait pas sur l'instant mais, soudain, un déclic. Le seul mot qui vient? Irréel.

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    C'était le jour de l'inventaire pour la petite échoppe « Au fil de l'Araignée ». Il était d'ailleurs bien temps. Sephora venait juste de retrouver des pelotes de laine qu'Allikah voulait utiliser pour la dernière saison. Non pas que ça soit le bazar, c'est plutôt bien rangé même, elle avait juste complètement oublié l'existence de ces matériaux. Du coup, c'était parti pour un grand tour de rangement et de comptage des inventaires, que ça soit à la vente ou au stock. Pour le coup, ça allait permettre des sortir certaines vieilleries et de les proposer en « soldes ». Enfin, une ristourne de quelques petits sous hein, on fait pas de cadeau chez les Yeshua lorsque l'on parle du commerce. Il y avait bien quelques vieux trucs qui allaient partir, si on colle une petite étiquette « prix en baisse » dessus. D'ailleurs, vous ne le savez peut-être pas, mais tous les matins, Sephora fait le même rituel. Une poignée de sel, qu'elle lance sur le pas de la porte de la petite boutique. « En espérant que cela attire les pigeons ». Tous les matins, du lundi au dimanche, sans force faiblir. Bref, pour revenir au petit inventaire du jour, Allikah était plutôt contente, ça allait diversifier son offre de vente. Mais il manquait quelques petites choses à aller acheter. Il manquait un stock de laine angora pour ses dames les plus huppées. De plus, une cliente était allergique à la laine des moutons et des chèvres, rien à faire, impossible de lui en faire porter sans qu'elle ne devienne rouge pivoine. Qu'à cela ne tienne, elle allait essayer la laine de lapin angora. Elle avait donc demander à sa mère d'aller chercher cette double commande, laine angora classique d'un côté et laine de lapin de l'autre. Elle lui avait bien dit de ne pas mélanger les fibres. Mais bon, Sephora trouvait déjà ridicule cette idée de laine de lapin, pas sur qu'elle fasse attention.

    Voilà Sephora partant pour un grand magasin de lainage pas très loin de la boutique, pendant qu'Allikah poursuivait son office. Elle aimait sortir de temps et temps, surtout pour aller à la négoce. Elle n'avait pas dit son dernier mot la vieille. Tous les coups sont permis, pas de pitié lorsqu'il s'agit de l'oseille. Elle avait carrément mis la honte à Allikah une fois dans un commerce de nourriture. Elle voulait absolument négocier le prix des fruits, et elle bramait dans l'échoppe que c'était vraiment scandaleux de ne pas pouvoir faire faire une offre convenable « à une dame de son âge et de sa situation ». Une bande de voleur, voilà ce que c'était. Et elle était partie, drapée dans sa dignité, comme si de rien n'était. Depuis cette anecdote, Allikah laisse sa mère faire son petit tour d'achat toute seule. Il faut dire qu'elle commence à être connue, la mère Yeshua, dans le quartier. Lorsqu'on la voit débarquer dans son commerce, on ne perds pas de temps en tergiversation inutile, on laisse les apprentis ou les débutants dans l'arrière boutique, et le patron vient négocier directement et âprement. Pour cette petite promenade, rien de bien original. Elle commence par dire que la laine n'est pas très belle malgré la saison. Oui, vraiment, les bêtes ne doivent pas manger convenablement pour faire une laine aussi passable. Même avec tout le talent de sa fille, ça va être compliqué de vendre quelque chose à partir de ça. Le pire, c'est que c'était pas loin d'être la vérité. La laine était belle, sans plus, avec un prix déjà réduit, mais elle voulait encore une réduction pour compenser la fantaisie de sa fille avec cette fichue laine de lapin angora. Et puis quoi après ? De la laine d’araignée angora ? N'importe quoi. Il n'avait pas fallu longtemps pour que les voix montent dans les tours dans la boutique, mais comme souvent avec les marchands, ce n'est que du bluff. « Voyons, Madame Yeshua, vous pouvez pas me demander ce prix là, je fais comment pour vivre moi après ? ». Pas son problème à la mère Yeshua. En tout cas, la prise du jour était bonne, elle rentrait victorieuse chez elle, une belle prise de laine, certaines pelotes seront à teinter mais elle savait le faire sans que ça fasse perdre du temps à sa fille. Et surtout, la laine de lapin, bon ça, elle n'avait pas pu le négocier, c'est pas un produit commun.

    Enfin, Sephora rentre en passant par une petite rue, les pavés sont inégaux, elle marche de plus en plus difficilement avec l'âge. Elle manque de se casser la figure plusieurs fois mais avance lentement. Elle ne veut pas passer par l'artère principale du quartier des loisirs, elle va devoir s'arrêter pour taper la discussion avec les autres vieilles de quartier, or sa fille l'attends pour poursuivre son travail. Elle fait attention, mais voilà, elle n'avait pas vu ce pavé surélevé et trébuche. Elle ne tombe pas de tout son long, merci bien, mais elle se retrouve à genoux par terre, le panier de laine par terre avec elle. Elle pousse un soupir de soulagement, la sacro-sainte laine de lapin est saine et sauve. Elle tente de se relever lorsqu'une gamine vient l'aider. Enfin, elle ressemble à une gamine mais en s'approchant il s'agit plutôt d'une jeune femme. Elle lève la tête pour remercier de l'aide et en se relevant, c'est un choc.

    Sephora ne sent plus ses jambes et a besoin de s'aider du mur pour ne pas choir. Est-ce bien elle ? Mais d'où sort-elle ? Est-ce une farce des Dieux ? Est-ce qu'elle commence à perdre la tête après toutes ces années ?

    - Judith ? Judith, c'est toi ?

    Elle a les larmes aux yeux la vieille. Mais la jeune fille bégaie. C'était le signe distinctif de sa petite -fille. Sa belle petite-fille, que son défunt mari avait mal préparée à ses pouvoirs magiques. Morte, il y a combien d'années maintenant ? Sephora ne savait plus dans ce moment là. Elle était clouée la vieille. Et pourquoi est-ce qu'elle porte autant de bandages comme ça ?

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    Son visage, agé, ridé mais si familier. Elle la connait, elle ne saurait pas se rappeler son nom mais si, clairement, elle la connait cette vielle dame. C'est comme si tout lui revenait d'un coup, sans même avoir de douleur au crâne. Les yeux sont à l'image du corps de Judith, tremblante, les larmes qui s'apprêtent à couler dans quelques secondes. Elle est là bouche-bée, les lèvres qui s'en vont grimacer à leur tour. Et cette voix, chaque mot qui sonne comme un rayon de soleil dans son coeur. Toute l'énergie négative que Judith avait accumulé en quelques semaines, envolée, partie. Recroiser Tomarik c'était déjà une bonne chose mais alors recroiser...

    G-m-ma-mama-gra-... Et, d'un coup,voilà que Judith se jette sur la vieille dame, en pleurs. Elle la prends dans ses bras, serrant avec la même force qu'à l'époque. Fort, mais pas trop, elle a le corps plus fragile que le caractère.

    GRAND-MERE ! Dans un cri de joie malgré ses maux de tête et ses sanglots.

    Enfin, après tout ce temps, des pleurs, mais des pleurs de joie. Elle serre son étreinte, frotte le dos de sa grand-mère comme si elle ne l'avait pas vu depuis une éternité (ce qui est le cas). Elle vient déposer un baiser sur sa tête. Non c'est pas une hallucination, c'est bien elle, qui se tient là, en chair et en os, bien vivante. La joie qui déborde, la lumière dorée de ses yeux qui ne fait que briller encore plus. Et puis, le temps d'un instant lucide, Judith écarte légèrement sa tête pour regarder cette grand-mère...Dont le nom lui échappe encore... Elle a fière allure tiens Judith, bouche grande ouverte à grimacer, larmes de crocodiles et nez qui coule.

    J-j-je p-p-pje pens-je pensa-J-y-cr-j'y croi-p-

    L'émotion joue des tours à sa nature bègue. Son oeil gauche a des spasmes le faisant lever vers le ciel. Et la voilà soudainement incapable d'articuler plus. Plein de souvenirs de sa vie d'avant qui reviennent, des bons, des moins bons, des vestiges de son enfance, de comment elle et ses parents l'ont éduqués. Parlant d'éducation, lui revient les leçons de dignité de sa mère. Comme pour se ressaisir, Judith s'attrape les lèvres avec les dents pour se forcer à rester bouche fermée et à retenir les sanglots comme elle peut, comme pour se reprendre. C'est grossier et aisément ébranlable mais...Elle essaie? Son visage tremblote de partout et les larmes débordent malgré tout.

    Seule façon pour elle de communiquer avec sa mamie, c'est se séparer juste un instant d'elle pour lui tendre ses affaires, en souriant tant bien que mal. Jamais Judith ne s'était sentie aussi bien en pleurant, aussi étrange que ça puisse paraitre.

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    La vieille dame n'avait d'yeux que pour sa petite-fille, Judith. Elle ne réalisait pas encore tout à fait. C'était si... improbable ? Elle n'avait pas vu l'explosion directement. Sephora était sous sa forme d'araignée, terrée sous un palmier grâce à Allikah, lorsque tout était arrivé. Comment était-ce possible ? Il n'y avait plus de corps après les combats. Aucune trace de Judith ni de son petit frère. Rien, le néant. Alors, quoi ?

    - Judith, ma petite-fille, mais où étais-tu ? Réponds moi, ma petite ! Nous t'avons cherché dans le désert, ta mère retournait le sable le jour et la nuit pour vous retrouver, toi et Isaac ! Est-ce qu'il est avec toi ?

    En vérité, Sephora aurait pu poursuivre ses questions sans s'arrêter. Sa petite-fille l'avait serrée dans ses bras, et de par ce geste, elle était ramenée dans ces belles années qu'ils avaient pu vivre. Cette vie de nomade, les enfants, toujours à jouer dans le sable, les parents faisant vivre la troupe, et les vieux, comme elle sur la fin, à aider autant qu'ils le pouvaient. Et là, maintenant, après toutes ces années de séparation, le deuil fait, elle était à nouveau là, la petite magicienne. Amochée, c'est vrai, sa vivacité n'était pas tout à fait la même, ou peut-être qu'elle faisait attention à cause de l'âge de sa grand-mère, et son œil, qui bougeait étrangement. Elle se détache pour ramasser les pelotes de laine. Et bien, ça va lui coller un choc à Allikah lorsqu'elle va lui ramener Judith. Est-ce qu'elle va devoir la préparer psychologiquement ? Une mère qui perd ses enfants, ce n'est plus jamais la même femme. Mais si l'enfant revient à la vie, comme par surprise, de nul part, comment réagir sur le coup ?

    Sephora était encore appuyée contre le mur derrière elle. Elle avait du mal à se remettre de ce choc, son cœur palpitait encore fort dans sa poitrine. Elle voulait tellement tout savoir, mais il fallait attendre de retrouver Allikah. Et il fallait préparer cette rencontre, c'était son devoir, c'est elle qui venait de retrouver Judith. Enfin, c'était plutôt Judith qui l'avait retrouvée dans cette petite rue. C'était un sacré coup de la destinée ça encore. Et c'était tombé sur Sephora, une chance. Elle regarde Judith ramasser les pelotes de laine. Les bandages. Sur presque tout le corps. Souffrait-elle ? Était-ce à cause de l'explosion ou était-ce des blessures ultérieures à l'incident ? Il fallait la ramener à la maison et expertiser tout ça.

    - Judith, nous devons vite aller voir ta mère, elle sera folle de joie en te retrouvant ! Aide moi à marcher, je... j'ai un peu de mal, tu sais...

    La vieille ne voulait pas s'étendre là-dessus. Mais c'était maintenant son objectif, ramener Judith à Allikah. Et savoir. Tout savoir. Dans les moindres détails. Et pourquoi ne revenir que maintenant ?

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    Non non, aucun doute, c'est bel et bien mamie Sephora. Le même regard, les mêmes gestes, la même attitude et la même tendance à mitrailler les questions. Difficile de lui en vouloir, Judith serait sûrement pareille si elle était capable de parler aussi vite. Ce qui est sûr c'est que grand-mère comme petite-fille ont le coeur mal accroché pour ce genre de situations. Entre mamie Sephora qui se tient contre le mur et Judith qui vient juste d'apprendre "comme ça" que sa mère aussi était en vie. Ses yeux se sont écarquillés, son regard figé, bouche bée sous le choc en tremblant de partout.

    M-mam-

    Mais elle ne finit pas sa phrase tant celle de sa grand-mère la ramène sur terre. L'espace d'un instant, Judith oublie sa grosse crise de larmes et vient prendre gentiment le bras de sa grand mère et poser sa main sur le dos de la vieille mygale. Elle sanglote encore et ses mains prises ne lui permettent pas d'essuyer son nez qui coule et le visage tout irrité par les pleurs. Cette fois, la cadette contracte plus les bras. Sa mamie va avoir besoin d'appui solide après tout. Lentement, Judith tire sa grand-mère pour qu'elle quitte le mur et marcher avec elle.

    M-m-mon-monm-on-montre m-moi le c-le chemin mamie.

    Ça, la grand-mère ne se fait pas prier pour déjà prendre les devants. C'est limite si Judith n'irait pas espérer que la marche dure longtemps, juste pour continuer de rester avec elle, marcher comme à l'époque. Le plus gros de la discussion attendra à la maison mais...Elle ne peut s'empêcher de briser le silence, aussi court soit-il. Si elle peut faire quelque-chose pour s'occuper l'esprit afin de ne pas réaliser pleinement qu'elle va retrouver sa mère...

    C-c-com-comme-comment v-Mama-mama-maman va b-bien? Où est la caca-ca-cara-caravane? Elle est -l-est l-loin? L'in-l'inonda-l'inondation, ça é-ça été? Et t-toi? T-tes -tes j-tes j-ambes?

    Tellement d'autres questions qui l'assaillent alors qu'elle a un espèce de frisson glacial qui lui dévore l'échine. Sa grand-mère, elle lui a demandé si Isaac était avec elle. La question qui ne fait que confirmer les pires craintes dont elle était déjà certaine. Et son père? Sa grande soeur? Où sont-ils? Mamie Sephora ne les a pas mentionnés alors... Judith est assez naïve pour vouloir être optimiste là-dessus. En espérant que la caravane ne soit pas trop loin... C'est qu'elle tremble, autant d'excitation que de peur.

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    Et c'est ainsi que la grand-mère, Sephora, ramena sa petite-fille, Judith, jusqu'à la petite boutique d'Allikah. Bras-dessus, bras-dessous, comme à la bonne époque. La petite ruelle n'était qu'à quelques minutes de marche, alors cela avait été rapide. D'ailleurs, Sephora n'avait pas vraiment eu envie de répondre aux questions de la petite magicienne. Elle ne se sentait pas vraiment la force de lui expliquer que la caravane, le nomadisme, tout ça, c'était envolé pour toujours. Il fallait tout de même lui montrer la boutique. La nouvelle maison, ce nouveau quotidien, si éloigné de la vie de voyage et de la vie en groupe qu'ils vivaient, jadis. Elle s'arrêta, Judith à ses côtés.

    - Regarde, Judith. Le panneau là, « Au fil de l'Araignée ». C'est la boutique de Maman ! Oh tu vas voir, nous n'avons plus la même vie.

    Elle n'avait, décidément, pas la force de lui en dire plus. Mais maintenant, c'était bon, elles étaient à proximité de la petite échoppe. Sephora restait tout de même quelques pas en amont de la boutique, elle ne voulait pas qu'Allikah puisse la voir arriver par la vitrine, et par conséquent voir Judith aussi. Elle préférait que toutes les retrouvailles puissent être à l'intérieur. La dignité avant tout, et il n'était pas question d'offrir un spectacle d'émotions aux voisins. Surtout que l'état de Judith n'était pas très bon. Les bandages suspects qu'elle portait, commençait à partir progressivement, ce n'était pas bien fait.

    - Attends ma petite. Te revoir, va être un vrai choc pour ta mère. Alors, attends juste quelques minutes. Je vais aller lui dire de s'asseoir et de boire de l'eau, je vais venir te chercher dans quelques instants. Ne bouge surtout pas.

    Sephora souffla fort. Elle tremblait, mais si elle devait donner de la force à sa fille, elle ne devait pas se rater. Son instinct maternel resurgit, elle se calma et rentra dans la boutique, laissant Judith derrière elle. Ces instants devaient ressembler à des heures pour Judith, mais Sephora avait peur qu'Allikah n'en fasse un malaise ou pire, une attaque. Mais tout était prêt, elle avait dit à Allikah qu'elle avait une très bonne nouvelle, quelque chose qu'elle n'avait jamais cru pouvoir espérer. Mais qu'elle devait arrêter ce qu'elle faisait, boire de l'eau et se poser. Il était l'heure. Sephora alla ouvrir la porte à Judith.

    - Viens, viens ma petite.

    Des larmes dans la voix, mais une force d'émotion, toute une vie dans cette délivrance.

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    Le fil de l'araignée? La boutique de maman? ...Pourquoi le choc que ça fait à Judith n'est pas celui qu'elle aurait espéré? Grand-mère Sephora n'a répondu à aucune question. Elle sait pourquoi maintenant. Une réalisation glaciale. Elle et Maman ne sont plus nomades... Quelque-chose a vraiment dû changer pour qu'elles abandonnent tout. Et mamie qui s'arrête dans sa marche. Ça, c'est forcément qu'elle a quelque-chose en tête. Elle a toujours quelque-chose en tête. Au moins ça soulage un peu sa petite-fille, de voir que l'âge n'a toujours pas eu raison de sa vivacité d'esprit. Judith fixe sa grand-mère et l'écoute, son bras toujours posé sur le sien.

    ...Judith déglutit, presque à nouveau de l'humidité dans les yeux et hoche la tête.

    D'd-d'ac-d'accord...

    Un d'accord résigné mais c'est pour le mieux. Judith se retient à peine d'exploser (badum tss) et Sephora était à deux doigts d'un arrêt cardiaque alors sa mère... Tristement, Judith relâche sa grand-mère pour la voir rentrer à l'intérieur. Et la voilà, seule, seule avec ses pensées. Des pensées qui commencent à se multiplier, à instaurer le doute et la peur en une poignée de secondes. Et si...Et si sa mère avait été blessé, handicapé? Si c'était à ça que sa grand-mère voulait la préparer elle auss- non non non ça n'aurait pas de sens. Mamie lui aurait prévenu, ce n'est pas son genre. Et une douleur qui commence à venir dans le creux de sa main. Ses bandages, sur son bras, ils se détachent... Nerveusement, la petite métisse enroule à nouveau le tout comme elle peut. Ça devrait tenir, pas longtemps mais assez. Et si ça peut l'occuper pour ne pas réfléchir. ...Et si sa mère apprendrait pour ses brûlures? Et si ça la dégoutterait?

    La porte s'ouvre, grand-mère Sephora, qui dégage une émotivité auquel Judith n'était pas habituée, clairement pas venant de sa mamie. Et la petite? Elle reste plantée là, à la regarder. Il se passe deux longues secondes avant qu'elle ne commence à faire quelques pas en direction de l'entrée. Elle stress, elle stress tellement, non, elleS stressENT toutes. Elle arrive enfin à niveau de sa grand-mère. En parlant d'elle, Judith pose sa main, sur son dos, caressant un petit peu. Plus pour la rassurer elle-même que mamie. Elle s'arrête dans ses pas, toujours à moitié tétanisée par la peur. Une profonde inspiration saccadée et...Elle est repartie. Toute les secondes paraissent des heures s'en est intenable.

    A chaque pas, la silhouette blanche qui se révèle. Chaque seconde, un battement de coeur plus fort que le précédent.

    Elle est là, devant elle, assise. Judith reste juste là, devant elle, bras ballants sous le manteau. Ses yeux sont grand ouvert, l'humidité qui revient à la charge et, en une poignée de secondes, débordent de ses yeux. Elle tremble, ses yeux tremblent, son corps tremble, ses lèvres tremblent, son coeur tremble.

    {Dearly Beloved - KH3}

    ...M-...m-ma-...

    ...


    Elle essaie de rester droite, de la fixer, tenter de garder un semblant de dignité comme avec mamie mais... La morve qui coule déjà du nez, la grimace disgracieuse sur les lèvres et les larmes de crocodile qui coulent. Tout est venu petit à petit. Tout ça pour que, d'un coup, Judith finisse par se jeter à bras le corps sur cette figure qu'elle n'aurait JAMAIS espéré revoir un jour, dans la vie comme dans la mort.

    MAMAN !!

    Une énorme crise de sanglots bruyants, genoux à terre, accrochée à sa mère comme si sa vie en dépendait, quitte à planter ses doigts dans la chair. Elle se blottit contre elle, la tête aussi. Elle aurait dû rester digne, comme on lui a apprit. Elle a échoué, lamentablement échoué. Ses émotions, tout explose, se laisser aller. Elle n'avait pas eu une aussi grosse crise depuis Iris. La différence, c'est que cette fois, elle pleure de joie. Et elle reste comme ça, accrochée à une bouée qu'elle croyait perdue pour toujours. Tout un deuil qu'elle devait faire, envolé, balayé.

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    La grand-mère avait fait ce qu'elle pensait être bien, organiser ça, comme elle le pouvait, avec le bon sens qu'elle avait encore, malgré toutes les aventures de sa vie. Elle avait vraiment fait de son mieux pour que sa fille puisse vivre ça dans une certaine dignité. Surtout que Judith n'avait pas mentionné le petit frère, Sephora avait déjà peur du moment où Allikah allait questionner et découvrir le reste des vérités. Ou de ce que l'on va croire être vrai. Ce retour de Judith. Une belle farce de la destinée dans l'esprit de la vieille araignée. Elle avait les larmes aux yeux en l'appelant, cette petite, qui ne savait plus quoi faire au moment de rentrer dans l’échoppe. Elle avait tellement d'émotions, de pensées, mais elle ne sentait que son cœur battre comme le tonnerre, elle pouvait le sentir dans tout son corps. Vous savez, quand vous avez l'impression de ne plus rien entendre autour de vous, en dehors des battements saccadés de votre cœur. Mais il ne s'agit plus de Sephora, la vieille, il était temps de voir ce que la brave Allikah allait vivre, ressentir pour les retrouvailles.

    La mère était assise devant son plan de travail, le verre d'eau à côté d'elle. Elle se demandait si sa vieille mère ne commençait pas à perdre la boule. « Une grande nouvelle, quelque chose qu'elles ne pouvaient espérer ». Elle a vu un mort ou quoi ? Elle avait déjà pu constater que sa mère avait quelques oublis, mais là ça pouvait devenir grave si elle inventait des choses... Pauvre vieille araignée. Elles iront voir le Docteur si nécessaire. Mais bon, on sait tous qu'il n'existe pas de traitement contre la vieillesse. C'est le temps qui passe. Et pour une fois une fois que le temps fait normalement son œuvre pour la famille Yeshua. Enfin bon, la voilà qui repart vers la porte d'entrée, qu'est-ce qu'elle manigance ?

    Elle l'entends appeler quelqu'un en dehors. Enfin plutôt, quelqu'unE. Une ombre passe la porte de la boutique. La façon de bouger. De se tenir. Droite. De ne pas savoir quoi faire de ses bras. La position des jambes, des hanches. Son cœur loupe un battement. Plusieurs. Bouche-bée. Elle veut hurler. Crier. Pleurer. Se rouler par terre. Se transformer. Tout ça en même temps. Mais elle n'arrive à rien. Elle est là, devant elle. La cadette de la famille. La petite magicienne, l’abîmée de l'intérieur à cause de la magie. Et elle voit qu'elle est aussi abîmée de l'extérieur. Des bandages. Des espèces de pansements qui tombent en guenilles. Pendant l'espace d'un instant, son instinct maternel et rationnel vient reprendre le dessus. Quelqu'un lui a fait du mal, il va morfler. Et puis les pensées reviennent dans le désordre. Mais non. Elle était morte. Morte et sans cadavre. Le petit frère avec. Mais c'est quoi ce bordel ?

    Et le corps d'Allikah n'y tient plus lorsque Judith vient se blottir contre elle. De la même façon qu'avant sa disparition. La même position, et la même façon de sangloter. Mais comment est-ce possible, elle ne comprends toujours pas le moment présent. Elle ne tient plus sur sa chaise et elle pleure avec sa fille la serrant aussi fort sur son cœur qu'elle le peut. Elle a l'impression de se vider de toutes ses émotions en criant, ce sont des années d'émotions qui partent en un hurlement rauque. Allikah ne voit plus rien, que l'ombre de Sephora qui se rapproche pour venir aussi les serrer dans ses bras.

    La métamorphe araignée n'arrive pas à lâcher sa fille. Son cerveau perçoit la scène maintenant comme une illusion. Des années de nomadisme, dans le désert, marchant sous la chaleur, imaginant des oasis dès que la soif se fait forte, elle sait que son cerveau fonctionne comme ça, et qu'il faut le prendre avec une certaine méfiance. De longues minutes passent, les trois générations de Yeshua enlacées sans pouvoir se relâcher. Il est évident que Sephora et Allikah eurent une pensée pour Basmath dans cet instant, au petit frère métamorphe, au mari disparu, et à Karmina, l'ancêtre. Mais c'était Judith. JUDITH. JUDITH. Elle le répétait pour y croire, pour que cette oasis devienne réelle. JUDITH.

    - Ma petite... JUDITH. Ma petite. Tu es là. Tout ira bien maintenant. Ne t'inquiètes pas ma chérie. Maman sera toujours là avec toi, c'est une promesse.

    C'est la mère qui parle. Celle qui sait. Celle qui sait sans connaître. Mais elle sait. La vie a été plus difficile pendant ces 4 longues années pour cette petite que pour elle et Sephora. Qu'est-ce qu'elle a bien pu vivre durant tout ce temps ? Les bandages, le corps abîmé, et cette façon de parler, toujours aussi laborieuse. Non, elle ne la lâchera plus maintenant. C'était sa fille, le retour.

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    C'est tellement surréaliste ce qui se passe. Sa maman, sa mamie, juste là, comme ça, avec elle, comme avant. Maman...Elle aussi n'y croit pas, presque pas. Même dans son explosion de larmes elle la sent, l'entends. Sa mère, c'est la première fois depuis...C'est la première fois qu'elle la voit pleurer tout autant qu'elle. Judith s'y accroche, redevenue une enfant, au moins pour l'instant. Elle sent sa grand-mère rejoindre l'étreinte. Par réflexe, la petite cadette se libère un bras que ce dernier ne rejoigne sa mamie Sephora. Peut-être la seule fois qu'elle serre  bien plus fort que ce à quoi la vieille araignée était habituée. Elles restent comme ça, toutes les trois, dans un étreinte. Une étreinte qu'elles n'auraient jamais espérés. Il faut croire que la mort n'a pas eu raison de tout. Petit à petit, les cris de la jeune fille cessent. Seulement, les pleurs ne disparaissent pas. Par-delà la joie, il y a autre chose. Les souvenirs douloureux d'une autre vie lui reviennent.

    Péniblement, elle se détache des deux, toujours en plein sanglots. Ses yeux brouillés par les larmes tentent tant bien que mal de regarder sa mère. Elle grimace toujours autant la cadette, à vrai dire, ça va même s'empirer. Judith doit tout lâcher, même le plus douloureux. Une seconde de silence malgré un hoquet qui vient de la prendre puis, d'une voix enrouée, gémissante.

    I-Isa-Isaac... Elle regarde ses mains, celle intacte et celle qui tient plus de la momie carbonisée. Les pleurs parviennent à se faire plus violent encore. En temps normal, elle ne serait même pas capable de parler bègue qu'elle est. Sa voix devient encore plus pénible à sortir et entendre.

    J-j-ai-...J'ai e-l'exp-exp-pop-ex-j'-

    Elle finit par cacher son visage avec ses mains.

    J'ai- j-ai ess-J'ai p-pris l'ex-l'explosion p-pou-r l-lui. C'e-c'est p-pas mo-pas moi qui d-dev-vrait être l-là. I-il au-il au-il aurait dû- ...

    Elle n'arrive plus à finir sa phrase. Ses mains se posent et serrent contre les côtés de sa tête, quitte à lui faire un mal de chien avec sa commotion.

    I-...Isaac...

    On aurait pu croire à une nouvelle explosion, à des sanglots et toute la laideur des crises dont elle a l'habitude, mais non. Ne restait plus qu'un hoquet, un souffle saccadé, des tremblements et des gémissements de douleurs. Et elle laisse sa tête et ses bras s'effondrer sur les genoux de sa mère, abattue. Il y avait de meilleurs façons de confirmer la mort de son petit-frère, mais c'était trop, beaucoup trop pour elle. Les fortes dans l'histoire, ce sont elles, sa mère, sa grand-mère, même Basmath si elle vit encore. Elle a toujours été le boulet de la famille Judith. Même garder un oeil sur son frère, elle n'y est pas arrivé.

    J-suis d-désolée maman...j'suis désolée...j'suis désolée- Qui s'achève péniblement dans un murmure.

    C'est comme si elle aussi avait dû vivre 4 ans de solitude. Elle s'en veut tellement, pour elle, pour sa mère, sa grand-mère...

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    Les larmes coulent, les yeux sont rouges, les mains trempées à force d'essuyer des larmes, aussi nombreuses que les jours passés depuis la dernière fois qu'Allikah avait vu sa fille Judith. Sa petite, c'était bien elle, son côté cérébral avait accepté la chose, pour de bon. Elle était là devant elle, pleurant, essayant d'expliquer quelque chose. Son bégaiement est bien pire que dans les souvenirs d'Allikah. Elle veut parler d'Isaac, le petit frère. Allikah sent naître un espoir au fond d'elle à entendre le prénom de son fils. Judith sait-elle où il est ? Il est vivant aussi ? Il a du tellement changer physiquement, presque devenir un petit homme, comme Judith est maintenant une femme et non plus une jeune adulte.

    Mais non. Allikah n'a même pas besoin d'attendre la poursuite de Judith. Elle voit le visage de sa mère derrière sa cadette. L'expression que le visage de sa mère prend, pendant une fraction de seconde, une fraction de seconde qui échappe à Sephora sans qu'elle puisse s'en rendre compte. Le petit n'est pas avec sa grande sœur. L'espoir meurt avec la même rapidité qu'il est apparu, il y a quelques instants. Savez vous ce que doit ressentir une mère lorsque sa fille, morte, est de retour, et qu'elle confirme que son petit frère, lui, est mort ? Une montagne d'émotions, recouverte de la carapace qu'Allikah s'était construite pendant toutes ces années. Et l'avalanche est en cours. Elle doit stopper ça tout de suite. Elle voit sa mère, son regard, l'implorant de ne pas se mettre dans cet état devant sa propre fille. De la dignité, bon sang.

    - Je sais ma chérie, je sais, ne pleure plus...

    Alors, Allikah se redresse, et aide sa fille à se relever, l'écoutant parler de l'explosion. L'animorphe tremble un instant à ce mot. "L'explosion". Elle revoit la scène comme dans un flash. Mais elle chasse ce souvenir. Elle ne doit pas sombrer. Elle ne doit pas se permettre cette faiblesse, et maintenant, elle doit réconforter sa fille. Elle veut lui dire tellement de choses. Le manque. La culpabilité. L'angoisse. Les nuits sans sommeil. Les jours de recherche dans le désert à retourner le sable sans réussite. Le père, toujours absent, Basmath, aucune nouvelle. Qu'est-ce qu'elle doit dire, et cacher ? Elle ne pensait jamais à avoir prendre ces décisions.

    - Ma chérie, nous t'avons cherché, toi et Isaac, avec Mamy, durant des jours et des nuits dans le désert. Nous n'avons rien trouvé. Rien. Nous avions perdu tout espoir de te retrouver. Je m'en voulais tellement. Et tu es là. C'est un jour aussi heureux que celui de ta naissance ma fille. Ne pleure plus, tu es avec moi et avec Mamy maintenant.

    Elle faisait une pause, elle sentait que sa fille arrivait à se calmer progressivement, doucement, à son rythme. Mais il fallait poursuivre, déballer le sac tant qu'elle le pouvait. Il fallait parler des autres et continuer. Le temps était passé si vite depuis le drame. Si vite, ou pas, maintenant que Judith est là, devant elle.

    - Nous n'avons plus de nouvelles de Basmath, tu sais. Je ne sais pas si elle est toujours dans l'armée. Et ton père... il.. il est toujours disparu.

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    Elle se sentait faible, à bout, la pression qu'elle s'était mise qui vient se fait sentir d'un coup. Un peu égoïste de presque tout déballer devant sa mère mais, Judith n'est pas celle qui a les épaules pour ça. Elle l'a bien vu quand elle a voulu se sacrifier pour Isaac. Elle n'arrive pas à être celle qui protège, pas en l'état. Malgré sa douleur, Judith entends sa mère souffrir de ce qu'elle dit. Pourtant, elle sent les mains de sa mère la prendre pour qu'elles se redressent toutes les deux. Ses yeux dorés croisent ceux de se maman...et culpabilise encore plus. Très vite, elle s'essuie le visage maladroitement, comme pour montrer un peu de dignité à son tour. Elle ne doit pas paraître encore plus boulet que d'ordinaire. Il faut que ça cesse. Mais ce n'est pas le sujet.

    Sa mère reprends la parole et sa petite écoute, religieusement malgré sa fin de sanglots. Elle lui raconte ce qu'il s'est passé; à quel point elles avaient perdu espoir de la revoir et toute l'ampleur de son retour. "Ne pleure plus" et c'est ce qu'elle fait, en continuant de sécher ce qui reste. Ce n'est pas la demande qui a su la calmer non. Les mots qu'elle a choisi. Juste le fait, qu'on l'ai cherché, et qu'elle n'ai pas l'air de lui en vouloir pour Isaac, ça lui remonte légèrement le moral. Elle s'en veut toujours autant pour son petit frère. ...Elle ne doit pas brasser ça à nouveau. Judith baisse la tête, serrant sa main couverte de bandages. Sa mère reprends, parle du cas de Basmath...et Papa. Aucune nouvelle d'eux. Papa est mort, pour elle c'est obligé, aussi pessimiste que ça puisse être. Basmath aussi sûrement, même si elle ressent encore son départ comme un abandon, elle sait Judith. Elle sait que ni son père ni Bas' ne les auraient lâchés dès qu'ils auraient su la nouvelle. Mais bon, elle n'a pas à le faire partager à sa mère et sa grand-mère.

    Judith reste toujours tête baissée, maussade. Tout juste hoche-t-elle la tête. La cadette prends une profonde inspiration. Il faut qu'elle soit le plus calme  possible pour parler, même si elle tremble encore. Sa main en bandages, c'est elle qui tremble le plus, même alors qu'elle la tient. Et puis elle relève la tête, regardant sa mère puis mamie Sephora.

    E-e-m-mais v-vous? La c-les ca-les caca-caravanes?

    Elle se tourne vers sa mère, inquiète et craignant la réponse d'avance.

    E-t ta-tante Zahg-gha...?

    Là non plus elle ne se fait pas d'illusions. Elle ne l'a jamais vu trop loin de sa mère, et elle a toujours été trop tenace pour qu'on se débarrasse d'elle. Ça parait si...irréaliste, de réaliser l'étendue des dégâts.

    Elle regarde sa main en bandages, pensive. Elles vont sûrement aborder ça, elle va devoir trouver quelque-chose pour ça, mais pour l'heure... Elle repose son regard sur sa mère puis sa grand-mère.

    Qu-qu-qu'es-qu'est-ce q-que v--c-pou-pourquoi v-vous êtes là?

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    Enfin, le cataclysme des émotions était entrain de passer, doucement mais sûrement. Les larmes séchaient pour laisser des traces de pleurs sur les joues. Le plus important, la petite était bien là, et elle se calmait. Allikah pouvait désormais prendre un peu plus le temps pour détailler sa fille du regard. Essayant de comprendre rien qu'en la voyant, ce qu'elle avait pu vivre. Il faudra bien qu'elle lui pose la question sur les bandages. Et sur tout le reste. Mais la petite, elle aussi, veut des réponses à ses questions. Et elle touche, sans le vouloir, un souvenir tout aussi douloureux que le reste. Taty Zahgha. Oh oui, qu'elle aurait aimé la voir aussi ici, avec elles, à Yggdrasil. Cette sacrée Zahgha. Évidemment les enfants l'appelaient « Taty », c'était comme une sœur pour Allikah. Et Sephora l'acceptait comme telle, de toute façon, elle était toujours fourrée dans la caravane des animorphes araignées cette gamine scorpion.

    - Taty Zahgha n'est plus là, elle non plus.

    Elle l'avait dit vite. Vite fait bien fait, comme on peut dire. Évitant le maximum de trémolos dans la voix. Et il fallait vite enchaîner, afin de ne pas se laisser entraîner par le flot des souvenirs, de l'envie de sombrer pour de bon dans la nostalgie et le passé. Evidemment, la petite est curieuse de savoir ce qui est advenu des caravanes, de la vie de nomade du désert. C'était légitime, la famille Yeshua jurait de ne jamais devenir sédentaire, et les voici, dans une petite boutique de ville... Mais, est-ce qu'elles avaient le choix ? Pas vraiment. C'était ainsi, pour le mieux, dans ce que pensait Allikah.

    - Après ta disparition et celle de ton frère, Mamy et moi avons pris la décision d'aller vivre à Caldis. Puis, le commerce a ouvert ici, à Yggdrasil et nous sommes arrivées pour essayer de profiter de la situation comme on le pouvait. De toute façon, il ne restait plus personne pour les voyages, que moi et ta grand-mère...

    C'était la vérité. Après l'attaque, les nombreux morts, les disparus, la plupart des survivants voulaient partir dans des lieux sécurisés et se cloîtrer dans la peur pour toujours. Elles n'avaient plus grand chose durant cette douloureuse période. Elle avait pris soin d'utiliser le mot « disparition » pour parler de cet événement et non de sa « mort » comme elle en avait l'habitude. Elle ne voulait pas que sa fille se sente encore plus triste ou encore plus coupable qu'elle ne l'était déjà. Ou tout simplement, traumatisée. Mais maintenant, c'était à Allikah de poser des questions. Elle aussi, elle voulait savoir.

    - Mais comment as-tu fait pour survivre à l'attaque ? Ou étais-tu ? Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour te retrouver. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Je veux le savoir Judith !

    Elle se doutait que sa fille risquait de vouloir éclipser le sujet. Pour ne pas inquiéter sa mère. Elle fonctionnait comme ça, cette petite, depuis qu'elle était enfant. Lorsqu'il ce passait quelque chose, elle le gardait pour elle, pas parce qu'elle avait peur de se faire gronder, non, c'était juste pour ne pas inquiéter les adultes plus que de raison.

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    "Pas là non plus". Judith baisse les yeux, attristée. Maman n'a pas choisi les mots les plus cru mais sa fille a bien compris. Zahgha non plus ne s'en est pas sortit. Si elle n'avait pas vidé tout son sac il y a quelques minutes, elle l'aurait pleuré elle aussi. Il faut croire que Judith est trop épuisée pour ça. Et sa mère reprends la parole, raconte leur histoire. Ca fait un pincement au coeur, une sensation de vide. Tous les gens qu'elle a connu, morts ou ont abandonnés la vide nomade. Tout ça à cause d'une guerre à la con... La cadette rebaisse la tête. Il n'y a pas grand chose à faire. Tout est partit en fumée, et ne reste plus qu'elle, sa mère et sa grand-mère. Vous savez, c'est comme...sentir au plus profond de vous, que c'est la fin d'une époque, et que ça laisse un vide.

    Mais elle n'a pas le temps de se laisser aller aux idées noires. Au tour de maman de poser les questions. Des questions qui arrivent à la faire sursauter, à lui faire relever la tête en direction de sa mère. Aussitôt, les yeux de la petite s'écarquillent, sa main agrippant et serrant comme elle peut sa main en bandages, bouche bée.

    H-j-e j-...je...

    Elle se tourne vers sa grand-mère puis sa mère et de nouveau sa grand-mère. Son visage prends un air triste, encore. Elle ne peut pas dire la vérité, pas aussitôt et surtout pas devant mamie. Maman a le coeur bien accroché mais elle, elle en a déjà bavé pour toute une vie, même avant l'attaque. Les yeux de Judith se perdent dans le vide.

    J-je...

    Elle recule de deux pas, pour pouvoir voir sa mère et sa grand-mère, sa main serrant toujours l'autre. Elle ressent encore la douleur fantôme, celle de l'explosion. Sans regarder les deux, Judith prends une profonde inspiration quoique saccadé.

    J-je...C-co-me-me s-j- Une autres inspiration et expiration, comme maman lui disait quand elle faisait des crises et que Basmath n'était pas là. J'-j-j'éta-j'étais da-dan-dans le c-coc-coma...4 ans.

    En espérant que ce ne soit pas un trop gros pour être grillé aussitôt.

    J-je...J-je m-me su-me suis rév--v-v-eillé il y a un m-m-mois et d-ded-demi; ici.

    Elle baisse la tête, à regarder sa main blessée.

    ...O-on m'a t-t-trouvé et, f-fi-fili-fil en aig-gu-gguille, on m'a am-meme-né ici. P-p-pour mieux tra-traiter l-le-les...

    Est-ce qu'elle doit vraiment le dire? ...Elles le sauront un jour ou l'autre alors bon. Judith regarde sa famille, hésitante, un peu effrayée à l'idée de voir leur réaction. Elle pose sa main sur son manteau qu'elle relève. Se révèle alors la totalité de son bras, et sa jambe gauche recouvertes de bandages. La main valide de la cadette se met alors à dessiner une ligne de son cou jusqu'à tout en bas.

    L'exp-explo- Elle déglutit, pouvant difficilement continuer sa phrase. T-to-toute la m-moit-moitié ga-gauche de g-gra-aga-gravement bu-brûlé...T-troisi-troisième deg-g-degré...f-frôlé la c-car-...Je m'en s-sor-sortirais.

    Elle baisse les yeux, jouant nerveusement avec ses doigts avant de regarder à nouveau ce qui reste de sa famille.

    T-tant q-tant qu-que c'est p-pas à l'air l-li-b-bre ça f-fait p-pas mal.

    Elle rabaisse le manteau, se cachant à nouveau en-dessous. Elles n'ont rien vu mais c'est déjà trop.

    J-j-je t-trav-trav-vaille avec un d-dip-dipl-diplomate q-qui m'héb-bebe-berge. C'est c-...comp-compi-compliqué...

    Clairement pas envie de parler de Klaus, ni de se rappeler des très mauvais souvenirs de sa résurrection. Tellement de choses qu'elle a omis, menti et détourné, juste pour ne pas les inquiéter. C'est lourd à porter, de devoir cacher à sa mère, et à sa grand-mère. C'est elle qui est morte mais ce sont elles qui ont souffert le plus longtemps.

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    L’animorphe araignée commence à avoir du mal à cacher son impatience de connaître la vie de sa fille depuis sa disparation. C’est vrai, maintenant qu’Allikah avait passé en revue la plupart des faits importants de son côté de l’histoire, il était grand temps pour Judith de s’expliquer. Surtout que la jeune fille commence à se calmer. La disparition de Taty Zahgha n’entraîne pas trop de larmes, ni un trop gros choc.

    Il faut dire qu’elles commencent à être blindées, les femmes de la tribu Yeshua. Pas insensibles, non, mais blindées par la vie. Mais la vie ne laisse pas le choix justement. Il faut être fort pour survivre, et aller de l’avant, toujours essayer d’aller de l’avant. Et cette carapace couvrant les émotions, forme un courage et une détermination au quotidien. Sans cela, on n'avance pas et on recule. C’est tout cela, qu’elle avait envie de dire à sa petite Judith. La dureté de la vie à Caldis, l’absence de tous, et la vie dans l’adversité permanente. Mais elle ne pouvait pas se permettre de dépeindre un tableau aussi sombre à sa propre fille.

    Alors, elle attendait. Elle attendait simplement que sa fille réussisse à mettre des mots sur sa propre réalité durant ces quatre longues années. Elle semble ne pas savoir par où commencer, ni quoi dire. Elle regarde alternativement la grand-mère, puis la mère, puis à nouveau la grand-mère. Elle est en train d’essayer de trouver quelque chose pour faire diversion. Elle ne va pas la faire aussi facilement à sa propre mère. Alors elle écoute bien cette histoire de coma, aussi long, et ce réveil si tardif. Avec les brulures, toujours présentes… Mmmm, c’est cela oui…

    En tout cas Allikah ne peut cacher la suspicion dans son regard. Vous savez, celui de la mère qui sonde son enfant, lui faisant comprendre qu’elle sait que tout ce qui a été dit n’est pas la simple vérité. Mais elle n’a pas le temps d’interrompre Judith pour lui demander de qui elle se moque, Sephora semble satisfaite de cette explication et lui vole la parole.

    - Ma pauvre petite fille, vient dans mes bras ! Tout va bien aller maintenant ! Est-ce que tu dois prendre encore des traitements pour tout ça ? Nous allons t’aider avec ta mère, dit moi ce que l’on peut faire !

    Et la vieille n’attend pas que la petite s’exécute et l’attrape pour la serrer dans ses bras. Oh, non, elle n’en veut pas à sa mère d’être naïve et de gober ce que Judith vient de trouver comme excuse pour expliquer son absence. Enfin, la scène est peut-être surréaliste. La grand-mère qui pleure, avec la petite dans ses bras, elle-même ayant les larmes aux yeux, essayant de fuir le regard de la mère, debout, plus loin derrière elles.

    - Oui, c’est évident que nous allons t’aider ma petite Judith. Nous n’avons pas énormément d’économies, mais tout ce que nous aurons nous l’utiliserons pour te soigner si il le faut.

    La grand-mère se détachait de sa petite fille pendant qu’Allikah prononçait ces paroles. Et cette histoire de diplomate qui héberge sa fille. Qu’est-ce que c’est que ça comme façon de vivre ? Allikah doit avoir un air dur sur son visage, mais ça ne lui importe pas. Sa fille, absente et considérée comme morte depuis quatre années lui revient, et elle croit la blouser ainsi ? Elle en arrive presque à douter que ça soit bien elle. Songeant à cela, elle pose la main sur le visage de sa petite, le regard plutôt intense. Le gong sauve encore Judith, enfin, le gong, Sephora quoi.

    - Judith, vient manger, je vais te préparer des tartines comme tu aimes ma petite !

    ... C’est cela oui, va manger avec mamy.

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    Elle aurait dû le voir venir ça. Evidemment que maman n'allait pas gober cette histoire. Elle connait trop sa fille pour qu'on lui fasse des cachotteries. Et puis bon, Judith n'a jamais été une bonne menteuse. Depuis l'incident qui l'a rendue bègue, Judith a toujours été un plus lente pour choisir ses mots, et ses phrases, alors si en plus elle doit réfléchir à un mensonge... Judith commence détourner le regard, à l'écart de sa mère, sur le point de transpirer. Et puis, un sursaut soudain. Mamie qui vient de la prendre dans ses bras sur le coup de l'émotion. Ca pour le coup, c'était presque plus effrayant que le regard incrédule de sa mère. Surprise au début, la cadette fini par sourire maladroitement mais sincèrement, attendrie, en prenant elle aussi sa grand-mère dans les bras. Voir mamie dans cet état, ça n'a jamais été une habitude. Ca fait un énorme baume au coeur autant que cela conforte la cadette à l'idée de ne pas dire la vérité, pas devant mamie. Elle en a déjà assez bavé, et tant qu'elle est bien comme ça, autant qu'elle continue de mentir. Pas très sain comme raisonnement... Et puis l'humidité revient encore un petit peu dans ses yeux en voyant ceux de mamie Sephora. Elle ne se le répétera jamais assez mais, ça fait vraiment un choc de voir sa grand-mère indémontable dans tous ses états.

    Et puis elle se voit libérée de l'étreinte, la laissant "seule à seule" avec le regard de sa mère. Bonté divine sa mère, Judith n'aime tellement pas quand elle a ce regard là. Ça suit toujours quelque-chose, le genre de choses qu'elle n'aime pas du tout. La cadette commence à transpirer à chaque demi-seconde que sa mère se rapproche. Elle serre les jambes, se frotte le bras en bandages, manquant de baisser la tête. Elle ne le fait pas pourtant. On ne baisse pas la tête chez les Yeshua. Même elle ne devait pas y déroger, ne devait plus y déroger. ...Enfin ça c'était jusqu'à ce que sa mère ne pose sa main sur son visage. Cette fois Judith commence à trembler et effectivement baisser la tête. Mentir ne lui plait pas non plus, ça pèse lourd, trop lourd. La petite reste bouche entre-ouverte un instant, encore plus mal à l'aise. Elle va craquer, dire ne serait-ce qu'un bout de vérité...

    ...'Ma-m- -'man j- Et puis, sauvée par mamie Sephora, encore. Un sursaut de plus alors qu'elle se tourne.

    Judith se sent étrangement coupable de se faire extirper de la situation, même involontairement. Elle jette un regard angoissée vers sa mère avant de se tourner de nouveau vers sa grand-mère, en faisant un signe de main hésitant.

    J-je...J'a-j-j-'arrive !

    En faisant déjà deux pas dans sa direction...Tout ça pour s'arrêter en pleine marche. La petite se tourne vers sa mère, presque en panique, ses yeux fuyant dans toutes les directions. On dirait qu'elle profite d'avoir le dos tourné, à l'abri du regarde sa grand-mère pour s'adresser à sa mère et uniquement sa mère. Elle entre-ouvre la bouche, encore. Le stress empêche les sons de sortir de sa bouche mais elle a l'air de s'efforcer, comme elle peut. S'échappe finalement un chuchotement cassé.

    V-v-veux p-pa-pas t-tout d-d-dire d-dev-vant m-mam-mamie...

    Elle n'a pas non plus envie de le dire à sa mère mais... Il faut que ça sorte. Elle ne pourra jamais rien cacher éternellement, surtout si elle a l'éternité devant elle. Et puis, elle se retourne en direction de sa mamie, faisant mine que rien ne s'est passé. Elle aimerait bien se dire qu'elle va pouvoir profiter de l'instant mais... Entre la vérité cachée, sa mère, sa grand-mère et qu'elles vont forcément la voir sans appétit... Ces montagnes russes sont épuisantes.

    C-ça fa-fait b-biz-bizarre... ...D'd'av-avoir une m-maison...

    Dit-elle à la fois en se forçant mais en le pensant. Décidément la journée est pesante...

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    Non, vraiment, Allikah n'en voulait pas une seule seconde à sa mère, d'être aussi naïve envers Judith. C'était compréhensible, après tout ce qu'elles avaient pu vivre. L'histoire de Judith résonnait comme une sorte de fin acceptable par tous et, surtout, pas aussi horrible que ça. C'était une énième façon de se rassurer et de se dire que finalement la vie n'était pas aussi atroce que ça.

    Mamy Sephora, elle en avait assez vu dans sa longue vie pour avoir le droit de tomber dans le panneau de sa petite fille aussi rapidement. Il est même possible – et j'écris bien ici qu'il ne puisse s'agir que d'une possibilité – que Sephora n'y croit pas, elle non plus, une seule seconde de cette histoire de coma, mais qu'elle préfère cette version à n'importe quelle autre version possible. Alors pourquoi irait-elle chercher plus loin ? Autant se contenter de ce que la gamine veut bien dire, le reste viendra ensuite, ou pas, elle sera peut-être morte d'ici là, notre vieille mémé Sephora. Alors oui, tout est imaginable pour notre scène, est-ce que mamy est réellement naïve, ou est-ce qu'elle entrain de sauver sa petite-fille du courroux de sa mère ? Disons que, pour le moment, tout un chacun pourra explorer la solution qu'il préfère...

    Allikah maintient son regard, celui de la mère qui sonde son enfant, et apparemment, cela opère l'effet escompté. Judith se retourne brièvement afin de lui dire quelque chose. Qu'elle ne peut pas tout dire devant la grand-mère. Finalement, elle préfère ça, notre couturière animorphe. Elle ne s'était pas trompée. Il y avait bien un problème, et cette histoire de coma n'était qu'un vaste mensonge destiné à les rassurer, elle et Sephora. Bon, elle aura sans doute tout le temps nécessaire d'ici quelques temps afin d'interroger sa fille plus longuement et surtout plus sérieusement sur le sujet. On ne ment pas à sa mère, même si c'est pour faire plaisir à mamy.

    - Judith, Mamy t'appelle dans la cuisine, elle t'attends...

    Bon, elle lui pose la main sur l'épaule, juste quelques secondes, histoire de lui faire comprendre que le message était bien reçu. Elles pourront en parler plus tard... La petite s'avance vers Sephora qui s'active déjà à couper du pain pour faire des tartines. Remarque, ça fait chaud au cœur d'Allikah de voir sa mère ainsi. La vieille a un sourire jusqu'aux oreilles et retrouve un dynamisme qu'elle n'avait pas pu montrer depuis longtemps. Elle se déplacer facilement, sans avoir besoin de se tenir contre les murs ou sur les meubles, et elle découpe le pain et les tranches de fromage et de charcuterie avec une rapidité et une dextérité digne d'une jeune personne. Elle fait vraiment de son mieux pour faire plaisir à la petite. Par contre, Judith n'a toujours pas l'air dans son assiette, elle prends place sur une chaise devant la petite table ne pouvant accueillir que deux personnes vu sa petite taille et regarde la nourriture d'un air.... médusé ?

    - Tu adorais les tartines de ta mamy, tu te souviens Judith ? Tu te battais avec Basmath pour avoir la dernière, à chaque fois...

    Allikah se souvenait de ces moments de joie, les deux gamines se battant « pour de faux » pour savoir qui allait pour déguster la dernière tartine de mamy. Oh, c'est juste car c'était la grand-mère qui préparait, elles n'avaient rien de particulier dans le fond, mais l'imaginaire des enfants peut aller loin... Et voilà que Judith s'arrête un moment de bouger, comme si elle devait prendre un moment de recul, pour prendre conscience d'où elle se trouve. Oui, ça fait bizarre d'avoir une maison. Dit ça à une grand mère qui a toujours vécu comme une nomade, pauvre petite. Mais bon, elles ne peuvent pas lui en vouloir, c'est tout son environnement de vie qui a du se reconstruire à partir de rien. Et rentrer dans le moule de la société, en disant adieu à leurs particularités nomades.

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