Déboucher l'évier {Quete unique; Conan-Basmath}

Y’a quelque chose qui sent bizarre. Basmath s’était portée volontaire pour investiguer des rumeurs qu’il y aurait peut-être une créature dans les thermes. Ou en tout cas, dans les environs. C’était dans le coin ou elle était supposée faire sa tournée de garde, de toute façon, alors pourquoi pas. La Lieutenante s’était procurée une arme pour se défendre, au cas ou. Pas qu’elle en avait besoin d’une mais disons qu’avec une arme grosse comme celle qu’elle avait dans les mains, (une hache qu’un être humain normal devrait porter à deux mains) peut-être que la soldate n’aurait même pas besoin de se battre. Fallait se faire gros pour faire peur aux créatures, Basmath pouvait faire ça.

Et si ça en venait à ça, il y avait toujours l’autre choix…. Même si l’idée elle-même lui donnait mal au cœur.

La Caldissienne se tenait dans les thermes, debout, les pieds légèrement dans l’eau, à renifler. Il y avait vraiment une odeur étrange. Quelque chose… Dans le coin. Son odorat de louve-garou ne lui mentait pas. Mais elle n’arrivait pas à dire vraiment… d'où ça venait. C’était difficile, il y avait tellement d’odeurs qui venaient de partout. Sourcils froncés, Basmath essaye de se concentrer.

Tiens, une odeur plus familière. Mais d’où est-ce qu’elle la connaissait ? Argh, elle l’avait sur le bout de la langue, c’était… Quelqu’un ? Qui é–

La matte entend (et sent) un TOC sur sa hache. Elle se retourne et lève les sourcils, surprise. C’est Conan! Qu’est-ce qu’il fout ici?!


« Conan ? »


Comme si elle ne l’avait pas reconnu tout de suite. Elle était juste vraiment étonnée de le voir ici. Un coup d'œil sur son nez et–oh non. C’était ça le TOC. Mais à quelle vitesse lui avait-il foncé dedans pour qu’il se casse le nez ?


« Ah ton nez… Attends un peu. »


La blanche et rouge dépose sa hache par terre, sortant un morceau de bandage qu’elle avait sur le bras pour lui essuyer le nez. Elle se sentait mal, en vrai, peut-être que cette hache était un peu trop grosse ? C’était la seule qui ne brisait pas en un coup, en plus.


« Désolée, je t'ai vraiment pas entendue arriver, je.... Mais en fait, qu'est-ce que tu fais ici ? »

Il semblait toujours être là quand elle s'y attendait le moins. L’est pas mécontente de le voir, par contre. La matte continue de nettoyer le visage de Conan, doucement, fronçant les sourcils. L’est concentrée, la Basmath.


« Ouais, bah ça pourrait être plus qu’une simple histoire d’odeur… »


Son commentaire d’après la déboussole un peu. Elle le regarde dans les yeux, vraiment pas certaine s’il lui fait une blague ou non. Il semblait de ce genre là. Bon, disons qu’elle va prendre une chance et assumer que, comme d’habitude, il lui fait une blague. Bon voilà, c’était nettoyé. Elle range le bandage dans sa poche de pantalons et s’éloigne légèrement de lui. Histoire de ne pas être collée sur son visage… Et c’est là que la Lieutenante se rend compte que Conan, bah il est quand même pas mal plus grand qu’elle. Basmath pose ses mains sur ses hanches, regardant autour.


« J’étais en patrouille pas trop loin et l’odeur bizarre a attiré mon attention. Des thermes vident à cette heure-ci, c’est extrêmement rare… »


Et Basmath avait un mauvais préssentiment sur cette situation. Quelque chose qui faisait hérisser les poils sur ses bras et sur son crâne. Son attention revient vers Conan. Peut-être qu’il avait plus d'informations qu’elle. Des fois, les mercenaires avaient beaucoup plus de confiance de la population que les soldats… La plupart du temps, en fait. Hm…


« Est-ce que ceux qui t’ont engagé t’auraient dit quelque chose de pertinent ? N’importe quoi. »


Le propriétaire était indisponible pour le moment, elle n’avait pas pu poser toutes les questions qu’elle aurait voulu. Basmath se penche pour ramasser son énorme hache, à une main, qu'elle repose contre son épaule.

C’est en ayant fini d’essuyer le nez de Conan que Basmath se rend compte qu’en vrai, c’est euh…. Gênant. D’habitude, quand elle soignait ses soldats, la Capitaine du Grand Mur était beaucoup moins… douce ?

…Bref.

Une sale odeur qui traîne depuis quelques jours. Ça pourrait n’être qu’un rat ou u– Il ne faisait pas une blague, hein. Il ne semblait pas savoir que les thermes étaient supposées être remplies d’eau comme ça. Basmath ouvre la bouche, un instant, mais la referme. Elle cligne des yeux, détournant le regard, avant de se reprendre.


« …Non, Conan, nous sommes dans des thermes. Des bains publics, en gros. Les gens viennent ici pour relaxer, se laver. »


Elle trouvait ça étrange de devoir lui expliquer un truc du genre, mais en vrai, mais peut-être que le hasard avait fait que, dans sa vie, ça ne lui était jamais arrivé. Basmath aimait bien les thermes. Ça faisait sortir le méchant.


« Mais effectivement, je sens l’odeur. »


Ou en tout cas, quelque chose qui n’avait pas sa place dans un endroit comme celui-ci. Une odeur qui lui est étrangement familière, sans qu’elle soit capable de la reconnaître. Elle tente de suivre son odorat de loup-garou, marchant dans une direction en reniflant l’air humide. Elle sort du bain peu profond, faisant quelques pas autour avant de définir exactement d’où l’odeur venait.


« Urgh… Ça vient de là. »


Basmath se penche sur ses genoux, sa hache reposant sur son épaule, fixant la bouche d’égout qui s’occupait de filtrer le trop-plein d’eau. Bien sûr qu’il fallait qu’elle descende dans les égouts. Une autre raison de maudire cette lycanthropie.


« Ça ne doit pas être très important. Probablement un animal mort, ou quelque chose du genre. » Basmath lève la tête pour regarder Conan. Elle prend quelques secondes, avant de reposer son regard sur la bouche d’égouts en enlevant celle-ci assez facilement d’une main (c’était lourd hein mais Bas c’est Bas) « Tu dois avoir des trucs biens plus importants à faire, j’assume. »


Sa hache n’allait jamais passer dans ce trou.

Basmath fronce les sourcils en regardant dans la bouche d’égout, accroupie à son entrée. Lorsqu’il se met à parler, la blanche et rouge lève les yeux vers lui et doit admettre qu’il a raison. C’était probablement quelque chose d’autre, dans les égouts. Elle l’écoute énumérer toutes les raisons pour lesquelles il allait rester et hoche la tête doucement.


« D’accord. »


Elle a tout juste le temps de dire ça avant que Conan ne saute dans le trou avec un splash sonore. Des torches… ah ouais. Y’en a quelques unes, pas trop loin. Avant, par contre, elle glisse la hache doucement en diagonale, comme il l’avait proposé, et lorsque la lame était passée dans le trou, elle la tient quelques secondes pour être certaine que Conan allait bien l’attraper avant de la laisser tomber. La militaire se relève ensuite pour aller prendre deux torches sur les murs des thermes et heureusement, toujours allumées. Elle revient au trou avant de sauter dans celui-ci, atterrissant à son tour avec de grosses éclaboussures. Basmath offre une torche à Conan, l’air sérieux, prête à se défendre s’il le fallait contre ce qui était plus loin dans les égouts.


« Tiens. »


Elle prend sa hache à une main qu’elle repose contre son épaule, elle lance un dernier regard à Conan avant de se mettre à avancer. En vrai, la Caldissienne n’avait même pas vraiment besoin de torche pour voir dans le noir, sa malédiction de lycanthropie lui donnait ça, au moins. Mais peut-être que brûler ce qui se trouvait dans les égouts allait être une solution facile.

Et là, il y a un espèce de silence bizarre entre les deux. La rouge et blanche ne sait pas trop si elle devrait faire la conversation ou juste… Se concentrer sur ce qu’ils faisaient. Conan ne lui avait même pas reparlé des fois où elle s’était sauvée pour une raison qui est… Très honnêtement, encore alien pour la louve-garou. Peut-être qu’il savait qu’il était mieux de ne pas en parler. Ou qu’il n’avait pas encore trouvé le moyen. Fallait dire que tous les endroits où ils se croisaient, d’habitude, c’était toujours en combat ou un truc du genre.


« Urgh…. Ça vient de par là. Ça empeste. »


Ils continuent leur chemin pendant un moment avant qu’elle n’entende des sons visqueux, un peu plus loin. Basmath s’arrête et se tourne vers Conan pour vérifier qu’il était prêt. Clairement ce qui se trouvait dans les égouts était vivant.

Basmath sent un truc métallique lui toucher le bras et voit Conan passer devant elle. Logique, il a un bouclier et une armure. Elle, elle a… Pas grand chose. Mais on le mentionne pas. La louve-garou reconnais cette odeur. C’est quelque chose qui est arrivé y’a un moment de ça, les Pourritures. Elle ignorait qu’il y en avait encore en vie. Ou ‘’en vie’’, si on peut dire ça comme ça. La militaire prend sa hache dans une main, levant la torche qu’elle avait plus haut pour essayer d’éclairer Conan.

Elle sent quelque chose lui tomber sur l’épaule, avant de reculer d’un coup par réflexe et soudainement, ça brule comme de l'acide. Basmath serre les dents, tentant d'enlever la matière visqueuse sur sa peau avec un morceau de bandage qu'elle avait autour des bras. Y’a une Pourriture qui tombe du plafond. Tout juste à l’endroit où elle se trouvait quelques secondes auparavant. Basmath se prépare à attaquer, mais Conan est plus rapide qu’elle et tranche la tête du monstre qui tombe dans l’eau. Une autre Pourriture émerge de celle-ci, alors Basmath donne un grand coup en diagonale qui tranche le deuxième monstre en deux, complètement………. Mais qui casse, avec la force de Basmath, la hache qu’elle tenait dans ses mains. La lame virevolte rapidement en allant se planter dans le mur de l’autre côté des égouts.


« Urgh, une autre… »


Elle marmonne, les dents serrées, la douleur se faisant toujours sentir sur son épaule. Au moins, ils avaient trouvé la source de l’odeur. Basmath soupire, regardant autour avec sa torche enflammée. Tout semblait revenir au calme. La jeune femme pose son regard rouge sur Conan.


« Une bonne chose de fait, hm ? »


Basmath saute dans l’eau, passant la flamme de sa torche proche de la surface pour essayer de distinguer quelconque ennemi caché, mais rien. Elle attrape le manche cassé de sa hache planté dans le mur et… Tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire.

Oh merde elle est plantée loin.

La Caldissienne donne un coup sec pour enlever la lame et avec un bruit sec, cette dernière se déloge du mur. La militaire regarde les deux morceaux cassés et soupire, marchant vers Conan. Elle l’examine visuellement, ne pouvant pas vraiment voir son visage derrière le casque, dans cette noirceur. Même si elle était capable de voir.


« T’es pas blessé ? »


Dit la fille presque sans haut et en pantalons ample, à l’homme en armure complète.

La louve-garou ignore si ce que Conan venait de dire était bel et bien une des blagues ou non, alors elle le prend comme un truc sérieux. La suite de sa phrase correspond bien à ce qu’elle avait appris de ces créatures au fil du temps, elles étaient toujours en groupe, mais pas celles-là. Basmath fronce des sourcils, se préparant au pire. La voix de Conan sort la blanche et rouge de ses pensées.

Il mentionne son épaule, dont l’une brûlait encore à cause du ‘’sang’’ de ces créatures. Il avait raison, elle le savait bien, mais…


« Ouais… T’as raison. »


Est-ce qu’elle allait mettre une armure la prochaine fois ? Connaissant Basmath, probablement pas. Le Solo s’approche d’elle pour essuyer son épaule, qui fait serrer les dents de la louve-garou. Ah merde c’que ça fait mal.


« C’est, eum… Merci. »


C’était un peu bizarre, tout ce qui se passait dans la tête de la matte. Un mélange d’émotions de toutes sortes dont quelques unes qui lui rappelaient des souvenirs atroces d’Ayla, pour une raison quelconque.

La Capitaine acquiesce au commentaire de Conan avant de se mettre à marcher vers la bouche d’égout qu’ils avaient pris pour y descendre. Elle marche devant, pouvant bien voir dans la noirceur (la torche qu’elle avait, noyée dans l’eau). Elle monte l’échelle jusqu’en haut, regardant derrière pour attendre Conan qui allait surement sortir de là bientôt.

Une main sur la hanche, Basmath renifle son autre bras avant de faire un visage dégouté. Une bonne douche, ça lui ferait du bien.


« Oof… C’était pas l’endroit le plus plaisant d’Yggdrasil. »


Surtout avec un odorat raffiné comme le sien.

Par Omnis, ce qu’elle donnerait pour ouvrir les robinets, en ce moment, pour pouvoir se laver. La marche vers le quartier des armes allait être très plaisant… Basmath soupire longuement, essayant de ne pas se sentir, alors qu’elle serre des dents.

Conan suit la louve-garou de près, sortant des égouts juste après elle. Elle avait de la difficulté à se concentrer, par contre, avec cette odeur qui empestait. Il lui pose une question et, sourcil froncés, la Caldissienne le regarde, encore une fois, ne sachant pas trop s’il fait des blagues ou non. Plus elle commençait à le connaître, plus elle se disait que Conan ne connaissait pas beaucoup de choses de la société.

Elle ne savait pas quelle vie il avait eu, après tout, elle ne le connaissait pas énormément.


« Oui. Les gens viennent ici pour se nettoyer. C’est un bain public. »


Basmath l’avait fait, quelques fois, mais surtout dans la caserne militaire. À l’armée, il n’y avait pas vraiment de pudeur. Et la blanche et rouge n’avait jamais vraiment eu de problèmes avec ça.

Mais l’odeur des égouts était trop horrible, Basmath ne pouvait pas rester longtemps à papoter comme si de rien n’était. Un haut le coeur la prend, alors qu’une belle grosse vague d’égout lui parvient au narines. Son odorat surdéveloppé lui causait vraiment des ennuis, aujourd’hui.


« Désolée, Conan, je vais y aller, sinon je vais régurgiter mon dîner. »


Elle commence à marcher vers la sortie, mais s’arrête, juste avant de franchir la porte et se retourne vers lui, avec un sourire doux.


« On se reparle, d’accord ? »


Et sans attendre sa réponse, elle part en courant vers les casernes militaires de Caldissia.