avril
1002
Home
sick
C'est idiot, en soi. Vous m'imaginez, moi, être capable de soigner ? Ce serait le monde à l'envers. J'ai toujours dit, en plus, que je ne serais pas capable de le faire. Je n'ai pas ce qu'il faut pour être un guérisseur. Je sais que cela demande patience, concentration, calme, rigueur... J'ai été taillé pour être soldat avant tout ; et ça me convient très bien. Ça m'a toujours convenu. Allez savoir pourquoi je me mets alors, là, à me dire que ça aurait pu être utile que j'apprenne la magie blanche. Pourquoi tout à coup c'est une faute grave de ma part de ne pas avoir su me dédier à cette spécialité, alors que cela importe peu d'ordinaire. Je me dis juste, à l'heure actuelle, que je dois avoir l'air inutile pour lui. Je ne peux que lui fournir de pauvres bandelettes pour apaiser son mal alors que d'un coup de magie il peut apaiser des plaies en un rien de temps.
Si je n'osais pas le regarder, je lève timidement le regard lorsqu'il m'assure que j'ai d'autres talents qui m'appartiennent. D'un côté, je me dis stupidement que ses paroles sont juste là pour me réconforter. De l'autre, je sens quelque chose de tendre et d'agréable qui s'éveille en moi à l'entente de ces mots. J'ignore quels talents que j'ai, mais je ne proteste pas.
Pas plus d'ailleurs face à la suite, qui ravive des couleurs rosées sur mes joues déjà bien accablées par la chaleur qui est passée au travers. Dans ses iris, je perçois un sentiment si doux que j'en suis désarçonné quand je fais l'erreur de les croiser. Car ça, et son remerciement me font m'immobiliser un court instant pour l'observer, ou plutôt plonger mon regard dans le sien d'une façon beaucoup trop intense. Je sens des bonds dans ma poitrine qui ont gagné en intensité. Mais ce n'est pas douloureux. Il y a aussi une drôle de sensation dans mon ventre, comme si des papillons y étaient enfermés. C'est étrange.
Je baisse toutefois à nouveau les yeux, un petit sourire un peu amusé et en même temps gêné de me rappeler que, s'il dit ça, il ne doit pas avoir oublié comment nous nous sommes rencontrés.

« Et pourtant, je n'ai pas toujours été très juste avec vous. »

Ni avec les autres Eossiens, d'ailleurs. Mais particulièrement Shimomura que j'ai... littéralement traîné dans la boue. Erf. Je n'ose pas y penser tant j'ai honte. Mais je ne peux pas faire comme si ça n'avait jamais eu lieu. Pourtant, aujourd'hui, voilà où nous en sommes. A vivre sous le même toit. A partager des repas. A faire la cuisine ensemble. A s'occuper l'un de l'autre. Et... je crois... que j'aime ça. Non, j'en suis sûr, maintenant. Je lui ai bien dit, que c'était quand même plus sympa de ne pas rentrer le soir pour trouver une maison vide. Je pense tout ce que j'ai affirmé. Je suis content qu'il soit là. Je suis content s'il a trouvé un refuge chez moi. Je suis content pas seulement d'avoir quelqu'un ici, mais que ce quelqu'un ce soit lui.

« Alors... Si c'est vous qui le dites... Je veux bien y croire. »

D'ordinaire, je peux toutefois être assez entêté vis-à-vis de ce genre de choses, mais c'est différent. Il a connu un Sam assez... différent. Du moins, quand j'y repense, je sens qu'il était différent. Un an s'est écoulé seulement, mais tant de choses sont arrivés qui m'ont transformé que je peine souvent à me dire que nous nous sommes battus comme des gamins, ce jour de marché. Si j'ai changé, c'est aussi un peu grâce à lui. Je me sens moins bête. Un peu plus sage, aussi, si j'osais.
Je termine d'appliquer les bandes, sans trop serrer non plus autour de la main pour faire en sorte que ça soit le moins handicapant possible tout en arrêtant les saignements. Mon sourire renvoie la douceur du sien, alors que je scrute à présent la dite main que j'entoure des miennes. Mon pouce vient même distraitement caresser ses doigts, comme si c'était naturel.

« Mais faites quand même attention à vous. Ces mains sont précieuses, il faut en prendre soin. »

Cette blessure, je la déteste. Je n'aime pas le voir comme ça, même si l'entaille est petite et que la paume guérira vite. Mais j'ai quand même été inquiet pour lui. Il s'est mis aussi en danger face au dragon, pour protéger les autres. Là non plus, je n'étais pas très rassuré. Je suis venu le voir malgré tout. Je l'ai cherché. J'ai appelé à l'aide pour qu'il sauve Gabryel. Et il y a répondu. Parce qu'il est comme ça, et que j'aime ça chez lui. Mais je veux, moi, pouvoir le défendre et l'écarter de tout mal qui pourrait lui être fait. Je veux... veiller à ce qu'il ne lui arrive rien. J'ai déjà fait ce serment à Daichi il y a plusieurs mois, mais je le réitère, plus vrai que jamais.
Cela m'agace de ne pas réussir à faire quelque chose d'aussi simple que soutenir son regard, mais je suis sûr d'une pensée qui me traverse alors que je repense à l'attaque d'il y a quelques jours.
Je n'ai pas envie de le perdre.

______________________


Spoiler :

Natsu et Sam by Coba <3