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  • Longue histoire [PV Natsu] - Page 3
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Début août
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    Longue histoire
    avec Dr House
    En un sens, quand j'y pense... Est-ce que je ne suis pas la première personne à qui il se confie depuis un moment ? Je ne sais pas. C'est du moins l'impression qu'il donne. Surtout s'il ne veut pas que les personnes concernées s'inquiètent. Là-dessus, je ne peux pas dire que je ne comprends pas. Moi non plus, je ne voudrais pas que mes proches s'inquiètent. Mais plus parce que je me dis que je ne vaux pas la peine que l'on se fasse du souci pour moi. Je sais que c'est inévitable, quand on apprécie quelqu'un. Même si je fais confiance à Faust, par exemple, et que je sais que c'est un grand guerrier, cela ne m'a jamais empêché d'être nerveux qu'il lui arrive un truc sur le champ de bataille. Et c'est normal. Parce que nous sommes bien peu de choses, au final, et que je ne compte plus le nombre de morts dont j'ai été témoin. Le nombre de fois où j'ai espéré qu'il n'en fasse pas partie. Lui aussi, a dû se soucier de moi, j'imagine. Au moins un peu. Plus Shimomura me parle à cœur ouvert, plus au contraire, si j'étais ami avec lui, je m'inquiéterais aussi à son encontre. Je le fais pour chaque personne qui m'est cher. Après tout, c'est normal de souhaiter le bonheur d'un être aimé. Si je me mets à rire un peu de sa plaisanterie quant à ma gourmandise, cela ne me fait pas oublier ce que je peux penser de lui. J'ai rêvé toute ma vie d'être un modèle, et j'espère encore le devenir dans le futur si je ne le suis pas maintenant, mais je prends peu à peu conscience des défauts que je peux avoir et je sais que c'est loin d'être glorieux, alors à sa place, je ne considérerais pas ça comme si ce n'était rien.

    « Je n'ai pas l'air d'être un exemple à suivre. Si nous nous ressemblons, c'est à vous de voir si c'est important ou non. »

    J'esquisse un sourire dubitatif. Il a l'air de ne pas assez prendre au sérieux son propre bien-être. Je peux pourtant maintenant voir plus clairement qu'il est loin d'être à l'aise à l'idée de parler de lui. La peur d'être trop 'égocentrique', peut-être... Cela semble bien le préoccuper, ça aussi. Distraitement, je fais mine de piquer un fruit avec le bout de ma fourchette.

    « Mais... à trop prendre sur vous, vous allez finir par exploser. »

    Et ça, pas la peine d'être un génie pour le deviner. Je peux... progressivement sentir ce genre de choses en lui, même si j'ignore comment. Il a une tête de quelqu'un qui en entend bien trop pour en échange trop peu en dire.

    « Vous savez ce qui se passe, quand on remplit un saladier à ras bord ?.. »

    Je prends un bol avant de le remplir de fruits, accompagnant mes paroles par des gestes. Bientôt, il se garnit entièrement jusqu'à ce que je ne puisse plus en rajouter sans que ça ne tombe sur les côtés.

    « Ça finit par déborder. »

    Je m'arrête au moment où des morceaux tombent sur la table pour illustrer mon propos. Mon regard s'arrête ensuite le récipient plein à craquer, se faisant plus pensif. Ma voix devient plus calme et moins enjouée.

    « Comme la colère des Eossiens que nous avons nourri. Elle a finit par déborder, elle aussi. »

    Des pommes, des poires, des bananes, des raisins... Comme pour le bol, cette rage des natifs ne s'est pas limité à un seul groupe parmi eux. Elle s'est répandue dans tous les corps de métier possible, car ils ont été victimes de la même chose et que Erys comme ses successeurs sont des figures importantes de leur mouvement qu'on a touché. Qu'on s'est approprié. Qu'on a sali. Qu'on a bafoué. Pour faire taire cette petite flamme qu'ils portaient. Pour l'éteindre. Mais au lieu de l'étouffer, elle s'est transmise et elle a grandi. Et d'elle est née, entre autre, les Eclaireurs d'aujourd'hui. Avec tout ça, il y a en effet de quoi s'inquiéter pour les personnes touchées indirectement ou non.

    « S'il y a des gens pour qui vous comptez, c'est bien naïf de croire qu'ils ne s'inquiètent pas. Peut-être le font-ils déjà. »

    Je finis par hausser les épaules. Moi, j'en suis persuadé, que s'il a des connaissances amicales, alors ils se font déjà du souci pour lui. Cela coule de source. Par ailleurs, s'il me dit ça, c'est que ces personnes n'ont jamais été témoins des états dans lesquels je l'ai connu. Le regard plus sérieux, je remets lentement les morceaux de fruits de là où je les avais pris, en piquant quelques uns au passage. Mes yeux sont rivés vers les motifs de la table en bois. Je n'y fais pas attention, en vérité. Mes pensées sont plongées dans des souvenirs qui commencent à remonter. Du moins, qui me paraissent à présent lointains, très lointains, alors qu'ils ne sont pas arrivés il y a si longtemps que ça, pourtant. Mais j'entends de nouveau des cris, des larmes, et je sens une colère et une peine que je n'ai pas oublié même après des mois. Les images d'un dragon à piques qui laisse éclater sa colère. Il s'agissait bien de lui.

    « Parce qu'après tout, vous avez déjà explosé, à quelques reprises. Je l'ai vu. Nul doute qu'un jour, à force, ils finiront par le voir aussi. Comme vous dites, vous ne savez pas mentir. »

    En silence, je repose calmement mes couverts avant de me lever pour commencer à débarrasser une fois que j'ai fini mon bol de fruits. Je ne suis pas là pour lui faire une quelconque morale. Je ne les connais pas, ces gens dont ils parlent. Mais pour moi, c'est une évidence. Je n'ai pas eu à m'inquiéter dans ces moments-là parce que je ne l'appréciais par forcément, mais à la place de ses proches, j'aurais été, en effet, mort d'inquiétude.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:54, édité 1 fois

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    Longue Histoire


    quand tu ne veux vraiment pas t'en mêler
    J'aimerais changer de sujet. Peut-être est-ce pour ça, qu'inconsciemment, je cherche à parler d'autre chose. Je ne suis plus à l'aise depuis tout à l'heure, mais son commentaire n'arrange rien. L'incertitude laisse un nœud dans mon ventre qui se fait d'autant plus douloureux quand il affirme que je vais forcément finir par... Par causer des dégâts. Du moins, c'est ainsi que je l'interprète. C'est comme ça que je le comprends. Si « j'explose », je vais faire du mal. Car c'est ce que je fais. Petit à petit, ma gorge se noue. Mes épaules se crispent. Un reflux de nausée me passe dans le ventre et des lueurs d'incertitude s'installent dans mon regard. Le sérieux qu'il prend, je l'interprète comme un reproche. Et l'évocation des éclaireurs ne fait que m'enfoncer davantage dans la boue d'angoisse et de peur qui commence à me prendre aux tripes. Je vais faire du mal aux autres. Je vais faire du mal aux gens que j'aime. C'est une certitude. Son exemple fonctionne dans mon esprit comme une accusation véridique. Elle résonne dans ma tête comme des mots que j'ai déjà entendu, des souvenirs qui font se dresser mon dos et mon échine. Pendant un instant, je me sens plus petit, plus jeune. Je les ai entendu. Différemment. Mais j'ai entendu quelque chose de similaire, et mon esprit a déjà fait le rapprochement. Lorsqu'il me rappelle le jour de l'exécution d'Erys, c'est tout le duvet de mes bras qui se dresse d'un coup net. J'avais perdu le contrôle, ce jour-là. Ou du moins, je ne cherchai plus à le maintenir. Je n'en avais plus l'envie. La peine était devenue trop forte, et tout ce que j'avais en tête, c'était...
    … Alors c'est déjà trop tard.
    C'est la seule constatation que je tire de ses propos. Si je parle, je mettrais mal mes proches. Si je ne parle pas, j'exploserai, et je ferai du mal à tout le monde. D'une manière ou d'une autre, toutefois, c'est ce que je vais faire. Je ne fais que ça. Alors mon regard se ternit, mes muscles se tendent. Le nœud dans ma gorge se fait pénible. Ma poitrine me serre. Me serre, me serre et me serre encore, jusqu'à ce que je ne sente plus qu'un pic froid et déchirant qui fait piquer mes yeux.
    Et il vaudrait mieux que je sois...
    Je ne termine pas ma pensée. Mais elle est là. Cela fait un moment qu'elle est là, déjà, et j'ai l'impression qu'elle est tout à coup devant moi, directement. Qu'elle se montre comme un résultat inévitable, une solution plus agréable à imaginer que le futur que l'autre me décrit et qui me terrifie, glaçant mes jambes et l'intérieur de ma poitrine. Elle me fait mal. Très mal.

    « … Merci pour le repas. »

    J'arrive à parler en me relevant mécaniquement, le ton morne et aussi neutre que possible. Mais mes yeux s'humidifient. Mon bras tremble presque. La nausée me secoue l'estomac. Elle est violente, et si subite que j'en suis pris de court. Mais il faut que je tienne jusqu'à la sortie. Mon expression se ferme autant que possible, mais je peux sentir ses vacillements. La peine me déchire la poitrine.

    « Je vais rentrer. »

    Où, je n'en sais rien. Pas chez Daichi. Pas au sanctuaire. Pas comme ça. Est-ce que j'ai même envie d'aller quelque part... ? Peu importe. Mes pas sont lents, car si je vais plus vite, je sais que je vais trébucher. Et je ne dois pas trébucher jusqu'à ce que je sois sorti. J'attrape mes affaires mécaniquement, sans geste brusque, sans mouvement soudain.
    Je n'attends pas qu'Enodril me réponde ; au lieu de cela, je lui tourne le dos, car je n'ai pas vraiment envie d'entendre quelque chose. Je ne veux surtout pas qu'il voit mon visage et la déconfiture qui commence à s'y afficher, et que je cache en fermant la porte derrière moi. Que je cache en prenant la rue de droite, alors que celle de gauche serait plus simple pour retourner au sanctuaire. En marchant jusqu'à une rue quelconque, jusqu'à un lieu plus sombre, plus isolé, plus calme. Là où il n'y a personne. Là où il n'y a plus que des ombres, là où mon dos peut s'appuyer contre un mur, alors que mes jambes tremblent. Ma poitrine est vide. Mon regard se perd. Je vais... Je vais rester là. Un moment, je crois. Jusqu'à ce que mes yeux arrêtent de me brûler. Que le vide s'en aille. Puis je retournerai au sanctuaire. J'y retournerai, et... Et je réfléchirai. Je réfléchirai à quelque chose.

     
    ft. Samaël Enodril
    Début août 1001


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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Longue histoire
    avec Dr House
    J'ai été plus dur que ce que je pensais. Je ne l'ai pas fait exprès. Innocemment, je m'occupe de la vaisselle comme si je ne venais pas de lâcher une bombe derrière moi. Je ne me rends pas compte que ce que j'ai dit a eu probablement plus d'impact sur mon interlocuteur que ce que j'imaginais. J'aurais déjà dû le deviner, en voyant qu'il ne répondait pas. Je trouvais ça juste idiot qu'il pense ainsi alors qu'il y a probablement des gens qui se soucient de lui. Si un de mes ami disait un truc pareil, en tout cas, je le prendrais mal. Mais il ne s'agit pas de moi. Je suis interrompu dans ma tâche ménagère par le son de sa voix qui résonne tout à coup très lourdement, puis du bruit de sa chaise qui se déplace lorsqu'il se lève. Il n'a pas vraiment touché à son repas, alors je ne vois pas pourquoi il me remercie. J'ignorais qu'il était aussi pressé de partir.

    « Ah ? Déjà ?.. »

    Je sèche brièvement mes couverts avant de les poser sur le côté, puis je me retourne pour le voir ranger ses affaires. Je sens soudainement une sorte de tension dans l'air. Un sentiment me parvient en vague, que je commence à connaître.
    De la tristesse ?..
    Je devine, sans savoir comment, que cette peine vient de lui.
    Qu'est-ce que...
    Sans doute mes instincts animorphes qui se réveillent doucement. Je sais que... les chiens peuvent sentir les émotions des autres. Est-ce que ça serait ça ? Je peux désormais savoir quelles émotions habitent quelqu'un ? Peu importe si je réponds à ces questions, en fait. Surpris par cet élan amer, je ne réagis pas assez rapidement au moment où Shimomura ferme la porte derrière lui pour partir. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'enfin je me réveille un peu.

    « Hé... Attendez ! »

    Mais il est trop tard. Je m'avance dans l'entrée comme s'il allait subitement réapparaître. Mais il est parti.
    J'ai dit quelque chose de mal ?
    Je ne voulais pas blesser. Ce n'était pas mon but. Je voulais simplement qu'il arrête de faire comme si son cas n'importait pas. Je n'aurais peut-être pas dû m'en mêler. C'est juste... sorti d'un coup.
    Raaaah ! Mais c'est pas vrai, j'suis vraiment trop con !
    Je n'attends pas davantage avant de sortir à mon tour. Il faut que je le rattrape. Pour die quoi ? M'excuser, probablement, déjà. Et ensuite... Ensuite on verra. Je n'arrive pas encore bien à saisir ce qui a mal été pris dans ce que j'ai dit, mais ça l'a sûrement blessé. Alors je dois réparer mon erreur. En arrivant dans la rue, je le cherche du regard. Évidemment, il doit déjà être loin. Avec tout ce monde, en plus, je n'arriverai pas à le retrouver facilement.
    Mon odorat. Je dois me servir de mon odorat.
    C'est encore tout nouveau pour moi, mais si j'ai réussi une fois tout à l'heure, cela vaut le coût que je recommence. Je ferme donc les yeux et me concentre comme l'heure d'avant. Il y a beaucoup d'odeurs autour de moi. Les odeurs des gens autour. Je dois capter celle qui m'intéresse. Hmm... Peut-être en l'imaginant ? Je dessine dans ma tête les traits de son visage et tente de me rappeler son odeur. Puis, quand je crois tenir celle qui correspond le plus, je me focalise dessus. Elle se fait alors tout à coup plus forte. Il n'est pas allé très loin.

    Lorsque je recouvre la vue, je me rends compte que j'ai de nouveau changé d'apparence. Je suis redevenu un chien malamute. Bon, tant pis, ce n'est pas très grave. Sous cette forme, j'arrive à mieux percevoir sa trace. Alors, sans réfléchir plus, je la suis comme un vrai pisteur et la remonte jusqu'à la source, courant dans la rue qui descend un peu et me faufilant entre les passants. Je m'arrête de justesse à l'endroit où les effluves sont les plus puissantes, dérapant au sol pour entrer dans la petite rue déserte dans laquelle il s'est caché. Cela me fait encore bizarre de me trouver à quatre pattes, m'enfin ce n'est pas le sujet. Je ne change pas de forme, d'ailleurs, lorsque je m'approche de sa silhouette assise contre le mur. Mes pas viennent jusqu'à lui, un peu hésitants cependant. Je suis surpris de l'accablement qui émane de Shimomura, et que je peux sentir jusqu'en moi. Je ne me rendais pas compte de l'impact de mes mots. Ils n'ont pas eu l'effet escompté. S'il a envie de parler, je me disais que ce serait plus facile devant un animal. Mais je ne veux pas le faire fuir à nouveau. En silence, je m'assois en face de lui. Ma truffe vient doucement toucher son bras pour lui signaler que je suis là. Nul doute qu'il me reconnaître, même avec des poils longs sur tout le corps.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:55, édité 1 fois

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    Longue Histoire


    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    /!\ Bon, on essaie de ne pas être explicite, mais on rentre quand même dans des sujets (implicites) très durs au niveau psychologique (tendances auto-destructrices, idées suicidaires)

    J'essaie de maîtriser ma respiration, mais cette dernière s'est faite plus irrégulière. Je ne sais pas combien de temps exactement j'ai passé ici. Je voulais juste... Je voulais juste me calmer et faire quelque chose d'autre. Je pensais pouvoir le faire. Il n'y avait pas de raison que je ne puisse pas : d'ordinaire, il ne me faut que quelques minutes pour reprendre à zéro. Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Mon corps refuse de m'obéir. Ma poitrine, glacée, ne me laisse plus sentir que le déchirement qui s'étire progressivement à l'intérieur et me brûle comme une plaie sanguinolente. Au fur et à mesure, pourtant, mes jambes flagellantes ont lâché. Mes bras ont cessé de me retenir contre les murs. Mes mains, à la place, se sont plantés derrière mes oreilles pendant que ma tête s'est repliée contre mes genoux, comme si je pouvais finir par disparaître à force de me faire aussi petit que possible. Comme si des siphons pénibles s'agitaient dans ma poitrine, se serrant et se contractant, laissant mes poumons affaiblis et emplis d'air chaud et brûlant. Mon regard s'est fait flou, incertain. Je ne me rends plus compte de ce qui se passe autour de moi. Il n'y a plus rien. Plus rien, hormis l'unique pensée qui m'obsède maintenant.
    Je devrais être... Je devrais être...
    Je n'arrive pourtant pas à le formuler clairement, même si la pensée m'obsède et tourne en boucle dans mon esprit, refusant de le laisser tranquille. La culpabilité remonte en de fortes houles que je retiens comme je le peux, plantant mes ongles et mordant mes lèvres pour retenir les flots piquants dans mes yeux. Mais je ne mérite que ça. Je mérite la douleur dans ma cage thoracique. Je mérite d'être seul. Je mérite d'être...

    Je sens toutefois quelque chose sur mon bras. Une truffe. Quelque chose, du moins, qui y ressemble, alors que je relève légèrement mon regard humide et brûlant. Ma respiration est rapide. J'ai honte. J'ai honte et j'ai mal, alors que je n'arrive plus à ignorer la douleur sèche et vive qui me saisit à la gorge et me donne envie de vomir.

    « P-pardon... »

    Ma voix se brise. Les larmes remontent à mes yeux, sans que je ne puisse les contenir. Je n'y arrive plus. J'ai trop mal pour m'en empêcher. La tête serrée entre mes épaules, si je tentais jusque là de tenir les sanglots dans ma gorge, ils finissent par se briser hors de mes lèvres, désarticulés et incertains. Ma poitrine se hausse et s'abaisse alors que ma respiration se fait sifflante et aïgue. Je ne contrôle plus rien. Ni mes pleurs, ni mes émotions, ni ce qui sort de ma gorge alors mes griffes se serrent contre ma tête.

    « J-je mérite pas de... Je ne devrais pas... »

    Je n'arrive pas à finir. Je ne peux pas le dire. Les sanglots se font plus forts encore. Je me replie davantage contre moi-même, à la fois inconscient de ce qui m'entoure et inconscient de ce que je fais. Mes pensées se sont tant embrouillées que je n'arrive plus à réfléchir. Ma vision s'est floutée, ma gorge s'est enrouée. Je ne peux plus finir mes phrases. Je ne parle même pas d'une manière consciente. Tout ce que je peux sentir, c'est la douleur dans ma poitrine qui ne semble plus en finir, et qui revient continuellement dans des vagues de peine pour me laisser tremblant. J'ignore depuis combien de temps cette marée montait. Depuis combien de temps tout cela menaçait de déborder. Mais je les sens, maintenant. Je les sens. Elles m'étouffent, me noient, me brûlent. Je cherche le premier moyen que je trouve pour sentir autre chose, comme lorsqu'elles mes griffes se plantent dans ma nuque et que mes crocs s'enfoncent dans mes lèvres. Il n'y a plus rien. Plus rien d'autre.

     
    ft. Samaël Enodril
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    avec Dr House
    Je ressens sa peine. Je ne la comprends pas mais je la saisis. Je voulais qu'il réagisse. N'importe comment. Qu'il sache que je suis là. Lorsqu'il relève la tête et que j'aperçois son regard rougi, cela me fait comme un coup à la poitrine. Nous ne sommes peut-être pas proches, mais il y a une telle sincérité dans ses émotions que je ne peux qu'éprouver de la compassion quand il se permet d'exprimer celles qui sont les plus personnelles. C'est la deuxième fois que je le vois pleurer, mais là, je sens que c'est plus insidieux. Que la douleur qui remonte est profonde et grave. Il s'excuse aussitôt. Il n'aurait pas à le faire, pourtant. Son départ était soudain et brusque, mais il va où il veut, après tout. Il n'a pas à s'excuser de ressentir des choses. Et d'en être triste. J'ai moi-même fini par apprendre que cacher tout ce qu'on ressentait n'était peut-être pas la bonne chose à faire ; et c'est en le voyant être aussi honnête avec ses pensées que cela m'a donné envie de le faire aussi.
    Mais c'est désagréable de le voir dans un tel état. Cela me rappelle qu'il peut autant être imperturbable que très vulnérable. C'est sans doute là, que s'est produit son 'explosion'. Là que ce qu'il contenait pour lui s'est tellement accumulé que ça a fini par déborder. Qu'il n'a pas pu continuer à les garder en lui. Je ne voulais pas provoquer ça. J'essayais juste de le mettre en garde, de lui donner un conseil. Je me sens mal de le voir dans cette situation à cause de moi. Même si je n'arrive pas à capter ce qu'il veut dire, cela ne m'empêche pas de remarquer à quel point il semble souffrir, peu importe la raison. Et je n'aime pas voir les autres dans une telle détresse. A-t-il besoin qu'on lui tende la main à son tour ?..
    Je sais ce qu'il lui faut.
    En silence, je retrouve ma forme humaine. Je pose sur lui un regard inquiet et désolé. Je m'en veux d'avoir provoqué tout ça. J'ai sûrement été trop dur tout à l'heure, mais je ne savais pas qu'il serait sensible à ce que je dis.

    « Non. C'est moi. »

    Je pousse un léger soupir. Heureusement, les passants ne font pas trop attention à nous ; on ne risque pas d'être trop dérangé. Mais j'ignore un peu comment le réconforter. Je pourrais lui dire que ce n'est pas de sa faute. Que je ne voulais pas le blesser. Que je veux comprendre ce qui l'a mis dans un état pareil. Que je suis désolé. Pour le moment, je ne dis plus rien. Des mots seraient sans doute confus, et peut-être qu'il ne m'entendrait pas. À la place, je me rapproche doucement, l'entourant de mes bras pour l'enlacer en faisant attention à ne pas le brusquer comme s'il s'agissait d'un animal fragile et blessé. Il a sans doute besoin de silence. Sans doute besoin de savoir que... Que je suis là, à cet instant. Parce qu'il l'a été pour moi. Si je lui suis redevable, bien sûr, je ne peux pas rester non plus impassible dans sa douleur. Je n'y arrive pas.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:57, édité 1 fois

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    Longue Histoire


    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    Ma gorge et ma poitrine me brûlent alors que les sanglots sont devenus les seuls sons qui arrivent à m'échapper. Je veux que la douleur s'arrête. Qu'elle s'efface, qu'elle s'en aille, peu importe la façon. Même la douleur que me provoquent mes propres griffes ne suffit toutefois pas à la chasser. D'ordinaire, cela fonctionne. Mais pas aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas pourquoi c'est si puissant aujourd'hui ; pourquoi maintenant, pourquoi devant lui. Je ne sais pas pourquoi j'ai aussi mal, soudainement, comme si une petite coupure avait provoqué l'ouverture d'une plaie béhante. Je m'étouffe dans ma propre salive. Je n'arrive même pas à saisir les propos de la personne en face de moi, comme si ils étaient trop lointains, comme si nous ne parlions plus la même langue. Même le son de sa voix me paraît distante. Les sons de la rue m'agressent les oreilles. Les bruits de pas, les cris, les claquements sur le sol, les mots qui s'entremêlent. Les odeurs fleuries, les odeurs d'eau putride, les odeurs de nourriture. Tout remonte à mes sens comme un assaut insupportable, alors que le peu de lumière qui parvient à mes yeux semble les brûler. Trop. Trop de choses, trop d'un coup, trop de sensations, trop de peine.

    Quelque chose, d'un coup, autour de mon corps. Tous mes muscles se tendent, se crispent, comme si il s'attendait à une douleur qui ne vient pas. Comme si ils s'attendaient à un coup, instinctivement, et qu'ils s'immobilisent pour supporter l'impact. Mais ça n'est rien de ça. Je ne comprends pas tout de suite. Ma vision est trop flou, mon esprit est trop perdu. Mais la lumière s'est faite moins forte. Les bruits se sont atténués. Comme dans un étau. Les odeurs se retrouvent éloignées par une autre, bien plus forte, qui envahit mes narines. Elle n'est pas désagréable, mais elle est familière, rassurante, quelque part. La sensation de chaleur ne me brûle pas. Je ne comprends pas totalement ce qui se passe. Je ne saisis pas, mais la sensation de sécurité fait se détendre, lentement, mes muscles.
    Et le barrage tombe. Les sanglots redoublent. Ils sont plus forts, plus brusques, plus soudains, comme des vagues s'écrasant pour engloutir tout ce qu'elles trouvent. Mais elles ne m'étouffent plus. Je ne me nois plus dedans. Je ressens juste leur virulence, leur expression violente. Comme si elles relâchaient toute la force qu'elles avaient retenu jusque là.
    Je ne sais pas combien de temps passe, exactement. Je n'en suis même plus conscient. Tout ce que je sais, c'est qu'au bout d'un moment, les sanglots laissent place à des reniflements. À des larmes plus silencieuses, plus calmes, qui s'écoulent comme le contenu d'une amphore finissant de se déverser. Mon corps se tranquilise. Petit à petit, même, il s'immobilise. La tête encore enfoncée dans mes épaules, je recommence toutefois à sentir mes muscles, même si l'apathie demeure. Les acouphènes hurlent dans mes oreilles. Mais je sens davantage le corps qui m'entoure, et je réalise, progressivement, où je suis exactement. Ce qui s'est passé. Ce que j'ai fait.

    « … Pardon. »

    Ma voix est faible, comme mes membres. Mon regard est vague, presque vide. Mon teint pâle contraste sèchement avec mes yeux rouges encore humides. Mais je répète mes excuses en les marmonnant d'une manière répétitive, sans vraiment me rendre compte de mon écholalie J'ai horreur de cette sensation. De ce vide qui emplit ma poitrine, qui fait bourdonner mes pensées en un nœud indéchiffrable, de cette faiblesse qui prend tout mon corps, comme si on avait retiré toute énergie à ce dernier. J'avais pourtant tenu bien longtemps sans finir dans cet état ; j'avais tout fait pour l'en empêcher. Il faut croire que je n'arrive même pas à faire ça.
    Le regard vague, je ne dis rien. Je ne saurais même pas quoi dire, vu que ma réflexion est lente, ralentie par l'épuisement. Mais je ne me sens pas, comme je pourrais l'être d'ordinaire dans ces cas, de me terrer dans un coin comme un rat cherchant l'obscurité. Celle dans laquelle je suis, pour le moment, suffit à mon esprit qui semble, progressivement, se calmer.

     
    ft. Samaël Enodril
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    avec Dr House
    Immobile, je ne fais que resserrer doucement la prise que j'ai autour de lui dès lors qu'il la ressent et l'accepte. Ses pleurs se font plus virulents, plus forts. Je sens son corps agiter de secousses, comme s'il allait s'écrouler d'un instant à l'autre. Mais j'attends, patiemment, qu'il laisse exprimer cette peine et cette douleur qu'il contenait depuis... depuis sûrement un moment. Au moins, il n'a pas l'air réfractaire à ma présence ni au... disons geste que j'ai entamé. Cela n'avait pas l'air, pour une fois, d'espace dont il avait besoin. Dès qu'il a su que je n'allais pas lui faire de mal, je l'ai senti se détendre contre moi et finir par se laisser aller. Il en avait besoin. Alors je le laisse faire sans rien dire, me contentant de regarder lors de moments brefs que personne ne vient nous déranger. Mais nous sommes assez discrets. Nous n'attirons pas les regards. Si des curieux s'étaient mis à approcher, cela n'aurait fait qu'empirer les choses. Alors je ne sais pas combien de minutes passent, mais j'attends que le moine se calme progressivement. Cela me fait toujours bizarre de le voir comme ça. Derrière ses airs imperturbables, il y a une âme qui souffre. Qui a besoin qu'on la rattrape à force de sombrer, à force qu'on lui tire le bras quand il tend la main.

    Je ne sais pas trop ce que je fais, ni pourquoi je le fais. Je me laisse pousser par mon instinct qui m'a d'abord dicté d'aller le voir. Qui m'a ensuite ordonné à l'approcher. Et cela semble faire effet puisque ses sanglots finissent par se calmer, lentement mais sûrement. Lorsque l'on pleure pendant un temps, au bout d'un moment, ça s'arrêter. Mais ça fait du bien, de le faire. Je n'ai pas cherché à le consoler dès que je l'ai vu. Je savais qu'il devait libérer ce mal qui le rongeait, qui le ronge d'ailleurs peut-être encore. Et ça a l'air de l'avoir apaisé. Pour autant, je ne le lâche pas tout de suite. Je n'en ai pas envie. Pas maintenant. Je vais attendre que ça soit lui qui veuille se détacher. Je ne sais pas encore pour combien de temps ce sera nécessaire, alors je lui laisse le choix. Je ne réponds pas non plus sur le moment lorsqu'il s'excuse. Mais je lui laisse le loisir de le faire également. Je ne pense pas qu'il m'en doive, cependant. Alors je fais mine de secouer la tête pour signifier que ça n'est pas la peine.

    « Je n'aurais pas dû être aussi rude. »

    Je ne sais même pas ce qui m'a pris, quand je revois rapidement la scène. Il est évident que ça n'allait pas bien passer, même si mes intentions n'étaient pas mauvaises et que je n'avais pas pour but de le déstabiliser à ce point. J'imagine que j'aurais dû y aller plus doucement, sur ce coup-là. Je voulais sûrement lui faire comprendre quelque chose, mais je m'y suis mal pris. En plus, ça lui a coupé l'envie de prendre le petit-déjeuner.

    « Vous auriez au moins dû manger quelque chose avant de partir comme ça. »

    Je tente une petite boutade pour détendre l'atmosphère. Une blague, évidemment, mais j'en pense réellement quelque chose. Cela n'a pas dû aider, d'avoir l'estomac vide. Il se sentira mieux aujourd'hui après avoir avalé de la nourriture consistante, parce que malgré les grognements de son ventre, il n'a pas trop touché à son assiette. J'espère qu'il n'était pas gêné...

    « Tout va bien, maintenant. »

    Je reprends mon sérieux un instant. Ma respiration est elle-même plus calme. Cela pourra peut-être aider le mage à calquer la sienne dessus. Si je ne dis pas de bêtise, la grosse crise est passée. La quiétude devrait reprendre sa place petit à petit, même si je sens qu'il y a définitivement des choses dont il devrait parler. Pas forcément avec moi, mais avec quelqu'un qui saura l'écouter et l'épauler.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:57, édité 1 fois

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    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    J'ai froid. Des frissons dévalent mon échine alors que la fatigue, d'un coup, me tombe dessus comme une massue. J'ai du mal à comprendre ce qui se passe autour de moi. Mes pensées me semblent lentes, hachées, incertaines. Mon corps me paraît tellement faible que j'ai l'impression qu'il pourrait éclater d'une seconde à l'autre. Le regard vide et incapable de se poser quelque part, je n'enregistre que très lentement ce qu'il me dit. Je ne l'ai pleinement reconnu que maintenant, d'ailleurs, mais je ne saisis pas ses excuses, relevant vaguement la tête pour le fixer d'un air confus. Pourquoi s'excuse-t-il... ? C'est moi, qui suis susceptible. C'est moi, qui pleurniche pour un rien. C'est moi, le problème. Toujours. Alors je ne saisis pas.
    Comme son humour, d'ailleurs, que je ne comprends pas. Je n'ai pas l'énergie d'analyser ses mots ou son ton, alors je les prends littéralement, clignant des yeux avant de reprendre la parole d'une voix monocorde.

    « Ah. Désolé. »

    Je ne me sens pas trop coupable sur le coup, mais c'est un réflexe, ne comprenant pas vraiment pourquoi il me parle de tout ça. J'ai du mal à réfléchir. Je n'y arrive pas, à vrai dire : c'est comme si tout le reste de mon corps et comme si tout ce qui n'était pas le minimum vital s'était arrêté. Ce n'est pas la première fois que je suis dans cet état, mais cela me prend toujours de court. Mon regard fixe un point vague dans l'air. Ma poitrine me fait encore mal, mais les pics de douleur ont cessé. C'est plus sourd, moins lourd, moins étouffant.
    … Tout va bien ?
    Une nouvelle fois, je cligne lentement des yeux devant son affirmation. Elle monte lentement à ma conscience. Je ne dis rien, sur l'instant. Je la décortique. Je l'appréhende. Il ne se passe rien. Le rythme de la respiration de mon interlocuteur, lent et régulier, tranquilise le mien. Il n'y a pas... Il n'y a pas de catastrophe. La pensée me fait me détendre. Puis, lentement et doucement, je hoche de la tête pour signifier que j'ai bien compris. Faiblement, j'essaie de me relever, mais mes jambes flagellent et me refont trébucher immédiatement. Je ne comprends pas vraiment ce qui s'est passé. Pas encore. Mais je me rends compte, petit à petit, que la situation est anormale. Qu'il y a... Quelque chose.

     
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    La crise est passée. Lentement, je me détache de lui et le libère enfin pour qu'il soit libre de ses mouvements. Cela me soulage de voir que le calme est peu à peu revenu, même s'il lui faudra sûrement un peu de temps pour se remettre de ce moment. Je peine à croire que nous ayons été dans une situation pareille, quand j'y songe un peu. Cela ne m'aurait même pas effleuré l'esprit il y a quelques mois. Le hasard fait de drôle de choses, parfois. Je passe sur le fait qu'il n'a pas compris mon petit trait d'humour pour le rattraper de justesse quand ses jambes manquent de le faire tomber à nouveau. Bon, pour la nourriture, on en reparlera plus tard. Manger lui fera du bien, mais s'il n'est pas prêt, je ne vais pas le forcer. En tout cas, une chose est sûre, je ne peux pas le laisser tout seul comme ça, et il faut un endroit où il pourra se reposer. La rue n'est clairement pas idéale, surtout avec du monde et du bruit autour.

    « Vous n'êtes pas encore en état de remarcher. Laissez-moi vous aider, je vais vous ramener. »

    Doucement, je pose une main derrière son dos et l'autre sous ses genoux pour le soulever du sol. Remercions ma force animorphe (que c'est bizarre à dire) pour ça, parce que ça me permet de le transporter sans trop de difficulté. Je ne suis pas maigrichon, mais quand même, c'est bien pratique, je dois l'avouer. Bon, en revanche...

    « Mais euh... Peut-être voulez-vous retourner au sanctuaire ? Ou aller dans un endroit spécifique où vous serez tranquille ? »

    J'ignore totalement où l'amener. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de le ramener à la maison, surtout après ce qui s'est passé. J'imagine qu'au sanctuaire, quand j'y pense, on lui demandera de reprendre son rôle de moine, or il n'a pas besoin de ça pour le moment. Mais s'il connaît un coin où il pourra se détendre et ne pas se soucier de ses responsabilités, ça serait pas mal.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:58, édité 1 fois

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    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    J'aimerais grogner de frustration face à mon corps qui n'obéït plus, proprement vidé son énergie et de ses réflexes. Mais m'agacer en tentant de me relever et marcher de moi-même ne fonctionne visiblement pas : tout ce qui se passe est que mes genoux finissent par érafler le sol. Frustré, je fronce brièvement les sourcils lorsque l'autre affirme que je ne peux pas marcher dans mon état. Mon entêtement, sur le coup, me donnerait presque assez d'énergie pour le faire durant au moins quelques mètres, par simple esprit de contradiction. Mais de toute façon, mes membres ne me répondent pas et je considère comme ma situation comme bien assez humiliante comme ça. Alors je le laisse m'attraper pour me transporter, le regard encore vague et fatigué. Mais qu'est-ce que c'est que cette situation...
    Sa question, toutefois, me prend par surprise. Clignant des yeux, je mets quelques secondes à la comprendre. Aller quelque part... Ou est-ce que je voulais aller, déjà ? Je n'en savais rien. Je n'avais pas de destination en tête. Je voulais juste... M'éloigner. Être seul. Être seul pour... Enfin. Je ne voulais pas être entouré. Je voulais m'isoler autant que possible, comme un rongeur se terrant dans un trou sous terre. Je ne voulais pas donner d'explications, même. Alors quand il me demande si il y a quelque part où je souhaiterais aller, mes pensées divaguent. Une idée me vient soudainement, comme une évidence.
    Rosie. Je pourrais... Aller voir Rosie. Mais si j'y vais...
    Mon esprit imagine la scène. Imagine sa panique, son inquiétude, la manière dont ses yeux se voileraient de peine. Elle pleurerait, sans nulle doute. Elle aurait peur. Elle s'en voudrait. Elle serait... Elle serait mal. Et je ne veux pas qu'elle soit mal. Je ne veux pas faire de mal. Pas encore. Alors la pensée, même si elle serait réconfortante, je la rejette. Mais alors que je cherche d'autres alternatives, j'ai comme la sensation d'un bain d'eau glacée soudain.
    ... Il n'y a nulle part où je veux être.

    L'admission me met mal à l'aise. Elle n'est pas simple à faire. Je n'ai pas envie de la faire, car même si j'ai atteint un niveau de pathétisme plus qu'humiliant, j'ai encore un petit morceau de fierté, au fond. Au lieu de cela, je réfléchis à haute voix. Mais cette dernière est lente, hésitante, pâteuse.

    « … Veux pas inquiéter Rosie. Et si... Si je vais au sanctuaire, ils vont vous lyncher. »

    Inutile d'expliquer pourquoi, dans le contexte actuel, les membres de notre clergé pourraient très, très mal prendre le fait de voir arriver un militaire tenant un moine supérieur en mauvais état. Ce serait un coup à provoquer un conflit, et ce n'est honnêtement pas que je souhaite, tant pour mes compagnons que pour Enodril. Mais je suppose que je ne peux pas non plus lui dire de me laisser là : j'ai comme l'impression qu'il ne m'écoutera pas. Alors j'essaie de mettre de l'eau dans mon vin en expliquant mon raisonnement.

    « Peux pas arriver comme ça. Je vais juste... Attendre. »

    Ma voix est encore molle, mais je commence à parvenir à réfléchir légèrement. Une grimace passe sur mes traits. Je vais juste... Je ne sais pas. Je ne sais plus vraiment. Je vais rester dans un coin. Dans un coin pendant longtemps. Jusqu'à ce que ça s'arrête.

     
    ft. Samaël Enodril
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    Je le laisse réfléchir à un endroit qui pourrait le mettre à l'aise. En plus que ça soit pas très confortable de rester par terre, les odeurs sont pas franchement les meilleures et il y a pas mal de bruit autour ; je crains que ça ne le détende pas vraiment. Mais il semble indécis quant à la destination où il veut aller. Il me parle d'une certaine Rosie.
    Rosie ?.. C'est sa petite-amie ?..
    Il n'avait jamais évoqué ce nom avant, mais je présume, si ça a fini par sortir, qu'elle doit être proche de lui d'une façon ou d'une autre. C'est pas faux que je ne risque pas d'être bien accueilli, au sanctuaire. Ce sera en plus difficile de leur faire croire que je n'y suis pas pour rien dans l'état du moine (enfin pas pour 'rien' mais vous avez compris). Je ne veux pas qu'ils prennent cela comme de la provocation, surtout venant d'un capitaine altissien. Il n'a pas l'air de savoir ce qu'il veut vraiment au final. Je ne pense pas que juste attendre ici va beaucoup l'aider. Je me mets à réfléchir moi-même à un endroit où on pourrait aller. Un lieu apaisant, et qui ne soit pas trop bondé...

    « J'ai peut-être une idée... Vous me laissez faire ? »

    Il y a bien un site qui me vient en tête, que l'on dit apaisant pour l'esprit. Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas, en général, il n'y a pas grand monde et comme le magimorphe est sensible à la magie, je pense que ça ne pourrait pas lui faire de mal. Je le cale donc contre moi pour être sûr de bien le tenir et jette un regard vers la rue marchande. Il y a trop de monde pour que nous passions dans les allées avec beaucoup de passants. Heureusement, j'ai fini par apprendre quelques recoins discrets. Je décide d'aller dans la direction opposée et de nous faire prendre des petites ruelles plus ou moins désertes. Je remonte ainsi le quartier jusqu'à arriver à la place des vignes dont je fais le tour avant de m'arrêter devant la petite partie où on peut voir des racines de l'arbre légendaire sortir pour se montrer à l'extérieur. Je fais fi des quelques regards peu flatteurs que l'on m'adresse et finit par déposer le moine à côté des fameuses racines où je peux, effectivement, sentir quelque chose de mystique s'en dégager, comme si elles allaient bouger d'une seconde à l'autre. Je n'ai jamais pris le temps de bien les admirer mais elles ont une taille impressionnantes et des motifs assez particuliers, pour un arbre. Je me surprends à les observer un bref instant, avant de m'asseoir à côté du mage. D'un geste de la main, je fais signe discrètement à des soldats près de nous de s'éloigner pour nous laisser tranquille. Puis, je m'autorise un léger soupir, étirant mes membres.

    « Cette personne, Rosie... C'est... votre fiancée ? »

    La curiosité est un vilain défaut, que l'on m'a toujours dit. Mais ça m'intrigue un peu, cette histoire. C'est drôle car je ne l'aurais pas vu avec quelqu'un, mais après tout, il est plein de surprises. En tout cas, au moins, ce n'est pas faux, ce qu'on dit. Les gens y viennent essentiellement pour se recueillir dans un silence presque religieux et la végétation nous entoure comme un sanctuaire naturel. C'est... assez joli ma foi.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 1:58, édité 1 fois

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    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    Je ne proteste pas lorsqu'il dit avoir une idée, puisque... De toute façon, je n'aurai pas bougé d'ici. Je n'avais pas spécifiquement de plan, et je ne suis pas à ça prêt en terme d'être déplacé comme un sac de pommes de terre. D'un vague mouvement de la tête, j'indique que je ne suis pas très regardant quant à ces points.
    Si mon regard est encore fatigué, j'arrive tout de même à distinguer les rues. Petit à petit, j'arrive à les reconnaître, à les remarquer. Même si mon sens de l'orientation est désastreux, je parviens à les distinguer et à me répérer dans l'espace, plissant temporairement des yeux comme pour deviner à l'avance où il compte se rendre. Une ou deux rues avant, je crois le deviner, et mon hypothèse s'évère correcte. Je ne fais pas vraiment attention aux regards étranges qui nous suivent : j'aurais toujours le moyen de trouver une excuse pour une situation exceptionnelle, je suppose. Mais... Cela fait un moment que je ne suis pas venu aux racines. J'ai tendance à m'en éloigner, d'ailleurs. Je me pose souvent des questions, quand je suis devant elles. Et les questions me sont bien désagréables, ces jours-ci. Mais maintenant qu'Enodril me pose dessus, je dois admettre que je les trouve plus tranquilles qu'autre chose.

    Mes yeux se posent sur les branches, lointaines mais proches en même temps. Mon rythme cardiaque s'est tranquilisé. Ma respiration est redevenue normale. Je commence, lentement, à sentir de nouveau mes muscles. Mon corps me paraît encore froid et un peu frêle, mais je peux sentir mes membres. Je peux sentir leur lourdeur. Tant mieux. Je n'aime pas, quand je ne sens plus rien d'un coup. Quand tout dans mon esprit semble s'éteindre. C'est effrayant, même encore à mon âge. C'est... Un peu mieux.
    Je ne m'attendais toutefois pas à sa question, qui me prend de court en même temps qu'elle me fait vivement réagir. Enfin, « vivement »... Pour mon état, disons. Mes yeux s'écarquillent et je pose un regard étonné sur son visage, un semblant d'émotivité retrouvée dans mes traits. La grimace sur mon visage parle bien assez pour moi de mon dégoût.

    « N-non, du tout. C'est... Ma meilleure amie. Je ne la vois pas comme ça, et... Elle est trop jeune, en plus. Je n'ai pas de fiancée. »

    L'idée me met mal à l'aise et me fait hocher négativement de la tête, préférant tout de suite écarter le moindre doute dans son esprit. Pas que ce qu'il puisse penser me gêne, mais c'est davantage par rapport au fait que je veux écarter toute trace de rumeur douteuse. Le regard porté sur les feuilles, je laisse ma main venir se porter sur la souche, sentant distraitement la magie qui s'en échappe. Mon expression se fait pensive, mais douce alors que je m'amuse à faire éclore quelques bourgeons. Le regard posé sur ces derniers, je sens que ces actions me détendent et réchauffent doucement ma poitrine.

    « Elle est très gentille, mais... Elle s'inquiète pour tout le monde. Si elle me voit comme ça, elle va pleurer et se sentir coupable. Je ne veux pas qu'elle soit triste. »

    Un sourire triste au visage, je me dis que je dois lui causer bien du souci, en ce moment. J'aimerais que ce ne soit pas le cas. J'aimerais qu'elle puisse se concentrer sur elle-même.

     
    ft. Samaël Enodril
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    Je crois que je ne me suis pas trompé, en l'amenant ici. En même temps, c'est vrai que les racines dégagent réellement quelque chose d'apaisant. Je ne suis pas un spécialiste mais je pourrais presque sentir la magie qui se dégage des souches. Même lui semble plus réveillé à présent, et ma question a au moins le mérite de le faire réagir. Doucement, un léger sourire prend place sur mon visage. Je le préfère plus vif, quand même, il a moins l'air d'un mort-vivant. Sa surprise me ferait presque glousser mais je me retiens, ne voulant pas faire croire que c'est de la moquerie. C'est rassurant de savoir qu'il a des ami.es. Enfin, je veux dire... Au moins il n'est pas tout seul. Cela a l'air d'être quelqu'un à qui il tient énormément, en tout cas, et vice-versa, de ce qu'il me décrit. Mes yeux se posent avec curiosité sur les bourgeons qu'il fait apparaître. J'oublie, des fois, qu'il pratique vraiment la magie. Il a l'air de se faire également du souci pour elle.

    « Vous aussi, vous vous inquiétez pour beaucoup de monde, on dirait. Vous ne pouvez pas reprocher aux autres la même chose. »

    Je me penche vers les bourgeons pour les regarder de plus près. C'est parfois étrange et fascinant ce que la magie peut faire. Mais c'est joli à regarder.
    Mon regard se porte ensuite vers les nuages qui se laissent bouger par le vent. Je repense tout à coup à l'état dans lequel je l'ai trouvé. La mélancolie me revient.

    « C'est normal, d'être triste. Lorsqu'on s'attache aux autres, on prend le risque de les blesser, même sans le vouloir. C'est pareil pour tout le monde. »

    C'est ce que je voulais dire tout à l'heure, mais j'ai été trop maladroit pour me faire comprendre correctement. Je veux lui dire que son cas n'est pas isolé et qu'il n'a pas à avoir honte de ça. Moi aussi, j'ai été triste pour des êtres qui comptent pour moi. Et je ne doute pas que ça recommencera. Cela fait parti de la vie. Mais je me demande pourquoi l'Eossien en a aussi peur.

    « Malgré tout, je ne pense pas que ça soit une raison pour ne pas s'attacher. »

    Comme une mise en garde. Heureusement, en dépit de ce qu'il peut penser de lui, il ne semble pas vouloir s'éloigner de ses proches. Mais qui sait ce qu'une âme comme la sienne pourrait tenter, après tout, pour ne pas 'inquiéter' les autres ? Egocentrique, il ne l'est pas. Hypocrite, en revanche, certainement.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 2:01, édité 1 fois

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    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    Je reprends peu à peu mon calme. L'énergie ne reviendra pas avant un moment, mais la sensation d'insécurité et de malaise commence à se défaire. Je ne sais pas trop ce qui se passe. Je ne comprends plus grand chose à moi-même depuis plusieurs mois, à vrai dire, et je trouve ça quelque peu effrayant, quand j'y pense. Mais à l'heure actuelle, car c'est ce qui compte, j'arrive à reprendre la maîtrise de mes pensées. Pas vraiment de mes émotions, mais c'est toujours mieux que rien. Elles sont plus chaleureuses lorsque je pense à Rosie, par exemple. Quand je pense à des gens que j'apprécie ou que j'aime beaucoup.
    Mais si j'ouvre la bouche pour dire quelque chose, je me tais devant sa première remarque, comme mouché. Mon regard s'éloigne. Mon premier réflexe serait de dire que « ce n'est pas pareil », mais j'ai assez conscience pour réaliser que ce serait aussi ridicule qu'hypocrite. Au lieu de cela, je me cache un peu dans le silence, me retournant contre les bourgeons avec lesquels je m'amuse, une légère moue sur le visage alors que je me rends compte qu'Enodril les observe. D'un petit geste, j'incite les fleurs à se relever pour venir s'entremêler ; leurs tiges prennent la silhouette d'une tête de chat, entourée de pétales. Ce n'est pas grand chose, mais cela m'amuse, alors inconsciemment, je le partage. Je fais de même avec d'autres bourgeons, de telle sorte à créer un petit paysage que je peuple progressivement. Cela m'aide à entendre ce qu'il dit par la suite.

    Je me tends un peu, malgré tout, face à ses propos. Je sens toutefois dans sa voix qu'il n'y a ni reproche, ni moquerie, ni condescendance. C'est assez étrange. Ces derniers temps, je me demanderais presque où est passée la personne que j'ai rencontré la première fois et à qui je mourrais d'envie de faire goûter le sol ; mais il faut croire que ses excuses et que ses paroles étaient sincères, et qu'il cherche vraiment à s'améliorer. Cela me rend un peu plus dubitatif à chaque fois, comme si j'avais du mal à y croire alors que j'en avais la preuve. Mais bon. Il ne m'a pas l'air... D'une mauvaise personne. Peut-être que j'arrive à m'en convaincre, enfin.
    Je comprends ce qu'il dit. Et je suis d'accord, en partie. Mais j'ai toujours quelques réticences, alors que mes jeux magiques ralentissent un peu. Je réfléchis à ce que je vais dire. Puis, quelque chose me revient en tête.

    « Pourquoi est-ce que vous ne vouliez pas être un animorphe... ? »

    Ma question est rhétorique. J'ai une idée de la réponse. Je ne cherche pas à ce qu'il la donne, d'ailleurs. Je veux juste que la question lui passe par l'esprit, alors que les petits personnages sous mon contrôlent s'animent pour marcher, l'air de rien.

    « Avec un coup de griffe ou de queue, je peux faire beaucoup de mal sans même le vouloir. »

    Mon regard se reporte vers l'une de mes mains, où mes griffes se changent comme pour illustrer mon propos. Ce ne sont pas les parties les plus puissantes de mon corps, loin de là, mais je sais qu'elles peuvent faire des dégâts. Je l'ai déjà vu. Sur un arbre, elles en arrachent l'écorce. Un coup de queue bien porté peut mettre à terre un adulte. Mais cela, encore, n'est pas le pire point. Les animaux de plante que j'animais jusque là éclatent en de petites flammes inoffensives. Un expression désabusée sur le visage, j'en observe les restes sans rien dire.

    « Quand je perds le contrôle de moi-même, ma magie est dangereuse. Elle m'échappe. »

    Il doit bien le savoir, après tout. J'étais à deux doigts de l'attaquer, ce jour-là, sur la place. J'étais tellement furieux que cela ne me m'aurait pas gêné de me blesser si cela voulait dire que je pouvais également le toucher. Probablement que je voulais me blesser, dans le fond, et la pensée me met mal à l'aise quand je la réalise aussi clairement. Mais, inconsciemment, je ne supporte pas la vision des cendres, et je fais bientôt renaître d'autres petites bêtes, le regard calme mais tranquille. Ma voix sonne comme si j'énonçais des évidences.

    « Je ne peux pas demander aux autres de prendre des risques face à un monstre. S'attacher, c'est autre chose. Ça... Je le fais déjà. »

    Un sourire désabusé s'étire sur mes lèvres. Je le fais mal, oui. Pourquoi, je n'en sais trop rien. Une impression. Une évidence que je ne questionne pas.

     
    ft. Samaël Enodril
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    J'observe distraitement les formes qu'il dessine avec sa magie florale. Je crois que ça signifie qu'il va un peu mieux. Sa question, toutefois, me prend de court. Je ne m'attendais pas qu'il la pose. Mais la raison n'est pas très glorieuse. J'ai rencontré des animorphes et des magimorphes toute ma vie, aux côtés de d'autres espèces, d'ailleurs. Mais... On m'a tant rabâché que les humains possédaient une pureté que les autres n'avaient pas que ça m'a rendu désireux d'obtenir ce prestige qu'on leur accordait, car mon statut d'orphelin bâtard était, à l'inverse, peu noble et que je devais trouver des moyens pour compenser cela. J'avais également peur du côté sauvage des animorphes, car je pensais qu'ils étaient plus ou moins liés à la magie et que je peinais à comprendre cette dernière. Je me prétendais donc humain. Et puisque mes... gênes ne s'étaient pas réveillés à ce moment-là, la supercherie marchait plutôt bien. Cela me donnait une sorte d'avantage ; ou du moins, je le pensais. Je l'espérais.

    Il enchaîne en me montrant ses doigts qui deviennent des griffes acérées. Oui, je les connais. Je les ai déjà vues à quelques reprises lors de ses transformations en dragon. Pendant un bref instant, je les aurais presque oublié, et pourtant j'ai été témoin de sa férocité auparavant. Mais ce n'est pas le genre de choses qui me font peur. Tout au plus, je confirme que s'il le voulait, il pourrait faire très mal. Voire trancher des gorges assez facilement, avec ça. Il a effrayé plus d'un soldat, le jour de l'exécution d'Erys, et certains s'en souviennent même encore, lorsqu'ils en parlent dans la caserne. Et je ne veux même pas penser à ce qu'il peut faire en plus avec sa magie, car personnellement, je n'en connais que les effets de soin, mais je ne doute pas qu'il peut s'en servir pour faire des offensives redoutables également. En revanche, la façon dont il parle de lui me fait tiquer. Elle ne me plaît pas. Je ne peux m'empêcher de lui répondre avec une expression irrité et nullement impressionné. Enfin, pas qu'il cherchait à impressionner.

    « Un 'monstre'... Comme vous y allez... Ce n'est pas comme si vous l'aviez décidé. Et puis, moi aussi, je peux jouer à ça, j'ai une dague, une épée, une hache et une arbalète chez moi. Alors vos griffes, hein... »

    Pfrt. Petit joueur. Mais je pensais comme lui, autrefois. Je pensais que les animorphes et les magimorphes étaient à moitié des monstres. J'ai commencé à changer d'opinion lorsque j'ai compris que je ne considérais pas Shimomura ou les autres comme tels, alors il n'y avait aucune raison que ça le soit pour tous, comme je le pensais. Je ne peux plus vraiment le penser, aussi, maintenant. Je peine à comprendre comme fonctionne ma part animale mais elle est bien là. Je commence à la sentir.
    Étirant mes muscles, j'observe les nouvelles bestiales en fleur qu'il a fait apparaître. J'en laisse un venir de la paume de ma main, avant qu'un autre ne commence à le rejoindre. S'il était orgueilleux, je lui dirais que le monde ne tourne pas autour de lui. Mais ce n'est pas vraiment ça. Il ne le pense pas dans ce sens. Plutôt... comme un problème. Et tout à coup, l'évidence surgit.

    « Un jour, il faudra que vous arrêtiez de croire que tout est de votre faute. »

    C'est l'impression qu'il me donne de plus en plus, en fait. Qu'il croit que tout vient de lui, et que donc c'est forcément le problème. Cela se voit qu'il pense à ses proches, mais il réfléchit toujours d'abord à l'impact que lui peut avoir sur eux. Un impact qui devrait forcément être négatif. Mais je crois qu'il exagère pas mal et qu'il voit forcément le mauvais côté de lui. Je n'ai pas tant vu un monstre qu'un être blessé qui tentait de se défendre. Et comme tout être qui cherche à se défendre, il sort les griffes.


    Dernière édition par Samaël Enodril le Lun 5 Avr 2021 - 2:01, édité 1 fois

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    Longue Histoire


    ... mais qu'au final, c'est de tes soucis dont on se mêle
    Sa remarque me fait cligner des yeux, ne comprenant pas vraiment pourquoi il commence à me faire la liste de son armurerie, le fixant avec perplexité. Je ne cache pas que j'ai tendance à penser que l'armée est remplie de monstres, mais sur l'instant, je vois ce qu'il veut dire. Je n'y réfléchissais pas comme ça. Pensif, je ne dis rien sur l'instant. Je réfléchis. Mes neurones commencent à le comprendre. À saisir sa façon d'exprimer les choses et de parler. Je l'examine sans un mot, avant de me crisper tout à coup quand ses dernières paroles résonnent à mes oreilles. J'ignore pourquoi, mais elles me font me tendre instantanément, et mon regard s'abaisse sur les racines, sans un mot. Je ne réponds pas sur l'instant. J'ai du mal. Du mal, aussi, à admettre qu'il puisse avoir raison, alors que ma gorge se noue et que mon regard, voilé de fatigue, trahit ma lassitude et ma peine. Je ne dis rien. Je ne proteste pas. Au lieu de cela, je relève la tête doucement, un sourire mi-désabusé, mi-fatigué sur les lèvres.

    « … Pourquoi auriez-vous besoin de cinq types d'armes différentes ? »

    Il y a un peu d'humour dans ma voix. Le changement de sujet n'est pas bien discret, mais j'admets au moins qu'il a raison sur ce point, en ne protestant pas. Je suis toutefois à moitié sérieux sur ma question, d'ailleurs ; pourquoi diable avoir besoin de tant d'armes que ça ?! Est-ce que cela fait vraiment une différence, de couper avec une dague, une hache ou je ne sais quelle dangerosité métallique, tiens ? Je vous jure... C'est un peu excessif.
    En silence, je finis par soupirer. Je me sens un peu mieux. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne vais pas m'en plaindre. Relevant vaguement mes yeux pour l'examiner, si je reste silencieux au départ, une pensée me vient. Je me souviens assez clairement des événéments de ce matin, et d'autres encore, qui me tirent un petit sourire amusé.

    « Quand vous arrêterez de cacher vos propres sentiments, peut-être. Ou que vous acceptiez qu'on vous aide.»

    D'un petite geste de doigt, je fais en sorte qu'une des bestioles végétales vienne se percher sur sa tête. Je ne juge pas le besoin d'expliquer davantage des propos quand tout cela me semble assez clair. Au lieu de cela, je repense à ses propos de ce matin, l'air plus calme. Un sourire à mi-chemin entre la sincérité et l'amusement passe sur mes lèvres alors que je fixe les petits flocons de magie blanche que je fais tomber sur les racines.

    « Mais peut-être que vous aviez raison, sur nos différences. »

    Je parle sans vraiment réfléchir. Je n'ai pas l'énergie de le faire. Mais même si l'admission me fait de la peine, je peux... Commencer à voir.

     
    ft. Samaël Enodril
    Début août 1001


    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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